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J.O. d’Athènes 2004 : L’apothéose ou la débâcle

samedi 28 août 2004, par Hassiba

Les Algériens seront suspendus ce soir aux performances du champion du monde du 800 m, Djabir Saïd-Guerni, de Saïdi-Sief Ali, et à un degré moindre de Samir Moussaoui.

Sur les dix disciplines engagées par l’Algérie dans ces jeux olympiques, seul l’athlétisme peut sauver l’honneur. C’est dire la responsabilité qui repose sur les épaules des trois athlètes encore en lice.

Si Samir Moussaoui n’est pas considéré comme un médaillé potentiel par les observateurs, en raison de son inexpérience à ce stade de la compétition, Saïd-Guerni Aïssa Djabir et Saïdi-Sief Ali ont de sérieuses chances de monter sur le podium. C’est du moins l’avis des spécialistes, à l’instar de Mohamed Zerrouki, le coach de Abderrahmane Hammad, qui n’a pas hésité à lancer à la fin de la demi-finale : “Là, on retrouve le vrai Djabir. S’il refait une course similaire en finale, il a beaucoup de chances de remporter une médaille, voire même celle en vermeil.”

Saïd-Guerni Djabir : la hargne retrouvée
Après avoir frôlé l’élimination au premier tour, le champion du monde en titre de sa spécialité a positivement réagi vingt-quatre heures plus tard. En effet, jeudi soir, Saïd-Guerni n’a pas laissé de place au doute. D’entrée, il a affichée une grande détermination à s’imposer. Avant même l’entame du dernier tour de piste, il a pris la course à son compte en se portant en tête du peloton. Sûr de lui, il accélérait la cadence à chaque fois qu’un de ses adversaires augmentait sa vitesse de course dans l’espoir de le dépasser.

À la sortie du dernier virage, précédant la ligne droite Djabir résiste à toutes les tentatives, notamment celle de son plus dangereux concurrent, le Sud-Africain Mulaudzi Mbulaeni, qui finit par se résigner à être second.
Dès la fin de l’épreuve, un pansement a été posé au-dessus du mollet de Saïd-Guerni pour cicatriser les plaies des blessures que lui ont occasionné les pointes de ses adversaires pendant le premier tour de la course. Dans la zone mixte, Djabir a fait part de sa satisfaction d’avoir bien géré la course. C’est surtout le retour de la confiance qui se lisait sur son visage. “Je suis très content, Dieu merci, pour cette victoire”, a-t-il déclaré. Il ajoutera : “Je n’ai pas fait de calcul, en ne laissant pas l’initiative à mes adversaires. Je crois que j’ai tout donné pour m’imposer afin d’éviter tout risque cette fois-ci.” Il faisait certainement allusion au risque d’élimination qu’il avait encouru lors du premier tour. Quant à la finale de ce soir, il dira : “C’est une finale très ouverte, où tout peut arriver. Encore une fois, je puiserai dans mes dernières ressources pour réaliser un bon résultat.”

Connaissant parfaitement tous ses adversaires, à l’exception peut-être du Soudanais Ismaïl, dernier arrivé dans le circuit, Djabir ne part donc pas dans l’inconnu. Il devra faire preuve d’une vigilance à toute épreuve pour les tenir à distance. Les Kipketer, Sepeng, Borzakowski, Mulaudzi, et autre Bungei sont loin d’être des enfants de chœur.

Il faut également surveiller le Soudanais Ismaïl et le Marocain Chehibi, qui chercheront à jouer les trouble-fêtes en profitant des duels tactiques que se livreront les favoris. Djabir Saïd-Guerni semble conscient de la grande responsabilité qu’il portera aujourd’hui sur ses épaules. Toute l’Algérie n’aura d’yeux que pour lui et pour Saïdi-Sief Ali un quart d’heure plus tard.

Saïdi-Sief Ali : la résurrection ?
Deux années au purgatoire ont transformé l’homme. Bien qu’il ne donne guère l’impression d’être amer, Saïdi-Sief n’a pas encore digéré les deux années de suspension qui lui ont été infligées après les championnats du monde d’athlétisme d’Edmonton au Canada en août 2001. Une fois la sanction purgée, il a eu du mal à retrouver ses sensations sur les pistes.

Sans perdre espoir, il est revenu progressivement sans faire de bruit à force de travailler inlassablement. “Dieu seul sait combien je me suis sacrifié au travail pour en arriver à ce niveau”, précisera-t-il après la demi-finale de ce 5000 m. Sa course, Saïdi-Sief Ali l’a gérée d’une main de maître comme il le dira lui-même : “J’ai couru comme je l’ai voulu. J’ai entièrement contrôlé les péripéties de cette course et j’ai attaqué au moment que j’ai choisi, pour m’imposer devant le champion du monde en titre de la distance.”

Effectivement, le Kényan Eliud Kipchoge, qui s’est imposé devant les Éthiopiens lors des derniers championnats du monde d’athlétisme en août 2003 à Paris, s’est contenté de la seconde place de la série en 13’ 19’’01, contre 13’ 18’’ 94 pour l’Algérien. Affirmer que Saïdi-Sief s’imposera en finale, c’est aller trop vite en besogne, mais il faudra compter avec lui ce soir sur la piste du stade olympique d’Athènes.

Ce qui semblait avoir le plus d’importance pour lui, c’est surtout ce retour au premier plan après avoir souffert le martyre. Avant de parler de la finale, Ali a surtout insisté sur sa satisfaction de ce retour au premier plan qui lui permettra de mieux envisager la suite de sa carrière. À vingt-six ans seulement, né le 15 mars 1978, Saïdi-Sief Ali compte donner beaucoup de joie encore aux Algériens. Tous les spécialistes confirmeront ses grandes potentialités et estiment qu’il peut revenir très fort dans les circuits. C’est tout le mal que nous lui souhaitons.
Il semble pressé de rattraper le temps perdu.

Comme s’il voulait s’imposer aux autres dès maintenant. Toutefois, il fait preuve de beaucoup de sagesse et de maturité dans ses déclarations sur la finale. Il affirmera : “Ce sera très difficile et très ouvert.” Quant à la présence des Kibélé, El Guerrouj et autres Kipchope, elle ne semble pas l’inquiéter outre mesure. “Par la force des choses, je suis devenu un coureur de train capable de m’accrocher au rythme imprégné à la course. Dans cette finale, je ne lâcherai pas les favoris d’une semelle et je jouerai ma chance à fond.”
Sans faire preuve de prétention, il estime qu’il peut surprendre.

Interrogé sur la possibilité de faire une course tactique avec l’autre algérien qualifié pour cette finale, Samir Moussaoui, Saïdi-Sief tranchera net. “Non, cela n’est pas possible. Ce sera du chacun pour soi, parce que face au trois Éthiopiens, trois Kényans et trois Marocains, il sera impossible de faire une course d’équipe.”
Ainsi, Samir Moussaoui ne comptera que sur ses capacités pour réaliser le meilleur classement possible.

Par K. Abdelkamel, Liberté