Accueil > CULTURE > L’artisanat en Algérie lutte pour sa survie

L’artisanat en Algérie lutte pour sa survie

samedi 30 juin 2007, par Rédaction

Le secteur de l’artisanat en Algérie fait face à des difficultés liées à la déréglementation du marché et à l’arrivée en masse de produits asiatiques bon marché.

L’artisanat recule en Algérie

Un certain nombre de facteurs obligent aujourd’hui des milliers d’Algériens à abandonner le secteur de l’artisanat en Algérie pour se tourner vers des activités plus lucratives. Yousef Farah, un ancien céramiste qui tient maintenant un café dans la kasbah, impute cette désertion au coût élevé des matières premières. "Pour faire des céramiques, il faut de l’argile pur. Vous devez le trouver et le payer cher. Ce qui se répercute sur le prix des produits finis. Depuis le début des attentats terroristes, les touristes ne viennent plus à la kasbah. A qui pouvons-nous vendre ? Les Algériens peuvent acheter des céramiques importées qui coûtent dix fois moins cher que les nôtres", explique-t-il à Magharebia. Les artisans locaux éprouvent les plus grandes difficultés à soutenir la concurrence des produits de masse, résultat de la déréglementation. Ainsi, à Alger, un vase chinois se vend moins de 2 000 dinars, tandis qu’un vase artisanal fait sur place coûte au moins 10 000 dinars.

Les visiteurs étrangers recherchent encore des produits artisanaux locaux, mais les Algériens se tournent plutôt vers des produits étrangers à bon marché. Omar Arabadji, un ancien artisan de la kasbah d’Alger, nous indique : "Avant, c’était la rue des joailliers. De l’autre côté, il y avait les tisserans. Un peu plus loin, les chaudronniers et là-bas, les artisans du cuir. Ils sont tous partis, aujourd’hui. Toute la kasbah est inondée de babioles bon marché." Mais certains artisans s’accrochent encore et font vivre le secteur de l’artisanat en Algérie. Boualem Mazioud a toujours son commerce de fils d’or. Même si la demande de robes traditionnelles n’a jamais baissé, en particulier pour les mariages, le prix du fil d’or a connu une très forte augmentation, ce qui a inévitablement eu un impact sur le prix des kaftans, des karakous et autres vêtements de cérémonie. "Les jeunes mariées mettent deux ans ou plus à payer leur robe, et je dois m’y faire... Les femmes commandent leurs robes, et les paient par mensualités, sur deux ou trois ans", explique Mazioud. Une robe de mariée sur mesure, avec des broderies de fil d’or, coûte à Alger au minimum 60 000 dinars, alors que les robes en prêt-à-porter ne dépassent pas 20 000 dinars.

Synthèse de Mourad
D’après Magharebia