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La NASA vise la Lune

mercredi 4 mai 2005, par Hassiba

Lockheed-Martin et Northrop, les deux géants de l’aéronautique, ont finalement réussi à proposer à la NASA l’engin qui lui permettra de retourner sur la Lune, le Crew Exploration Vehicle.

Le véhicule spatial du futur,

CEV de Lockheed-Martin pour la NASA.

de la Nasa, qui pourra emporter des astronautes sur la Lune, avant d’aller sur Mars, a été dévoilé hier par la revue américaine Popular Mechanics. Cet étonnant engin ailé juché sur deux modules est la proposition du consortium industriel mené par Lockheed-Martin, en réponse à l’appel d’offres qui a été passé par la Nasa pour mettre au point un engin appelé Crew Exploration Vehicle (CEV). Apparemment seuls deux industriels américains, Lockheed-Martin et Northrop, ont remis un projet à l’agence spatiale américaine le mardi 2 mai. Le projet de Northrop, conçu avec Boeing n’est toujours pas connu. Celui de Lockheed-Martin, présenté ici pour la première fois, a été élaboré avec le partenariat de cinq autres industriels, dont la branche « transport spatial » de l’européen EADS. Le concept gagnant sera choisi en 2008, après le premier vol d’un démonstrateur pour chaque industriel. Mais ce programme préliminaire pourrait être avancé, puisque le nouvel administrateur de la Nasa, John Griffin a, la semaine dernière, expliqué qu’il trouvait qu’une mise en service opérationnelle en 2014 était beaucoup trop tardive, alors que les navettes actuelles doivent être abandonnées avant 2010.

La stratégie de la Nasa pour l’avenir, conformément à la volonté du président George W. Bush qui a relancé l’exploration humaine du système solaire, repose sur un plan à étapes successives. Il n’est pas question de construire tout de suite un vaisseau qui se posera directement sur Mars, mais plutôt de concevoir des éléments modulaires qui permettront d’abord d’aller en orbite basse autour de la Terre, puis de retourner de manière ponctuelle sur la Lune (2015-2020), avant d’y installer des habitations pour des séjours de longue durée (2020), le tout pour préparer des futurs voyages vers Mars après 2025.

L’engin spatial de Lockheed-Martin avec EADS répond aux critères de la première étape, qui consiste à tester le véhicule de voyage vers la Lune en orbite terrestre. De la même manière que pour les missions Apollo, le véhicule est séparé en plusieurs éléments spécialisés et reliés entre eux. Le module d’équipage est une navette d’une douzaine de mètres de long, pesant vingt tonnes, et capable d’abriter six astronautes. « La forme ailée a été choisie pour pouvoir rejoindre la terre ferme, et éviter d’avoir à faire un amerrissage, explique Philippe Berthe, chef adjoint du projet CEV chez EADS Space Transportation. D’autre part, cette géométrie permet un retour dans l’atmosphère plus doux qu’une capsule dans le cas d’un retour direct depuis Mars. »

Les deux modules inférieurs, pesant aussi un total de vingt tonnes, servent à fournir un espace de vie supplémentaire, de l’énergie grâce à des panneaux solaires, et des moteurs pour pouvoir revenir sur Terre depuis la Lune. Le module de mission sera conçu et réalisé par les européens d’EADS Space Transportation, qui profite ici de l’expérience acquise pour le laboratoire Columbus et du cargo automatique ATV qui vont rejoindre la station spatiale internationale.

Le petit avion spatial et les deux modules seront lancés chacun de leur côté par une fusée lourde (Atlas 5 de Lockheed-Martin, Delta 4 de Boeing, ou Ariane 5) avant d’être assemblés en orbite. Pour retourner sur la Lune, il faudra également lancer un module d’atterrissage, ainsi qu’un gros étage de propulsion.

La ressemblance de formes du module d’habitation avec les actuelles navettes spatiales américaines n’est qu’apparente, puisque l’avion spatial de Lockheed-Martin rentre dans l’atmosphère comme une navette, mais se pose comme une capsule avec de simples parachutes et des airbags. D’autre part, l’engin n’a pas de moteurs ni de soute comme les navettes. Il est bien plus spécialisé, et d’énormes efforts ont été faits pour le rendre aussi sûr que possible, et pour protéger les astronautes lors de toutes les phases critiques de la mission. En cas de problème lors du décollage, une petite fusée viendra extraire l’avant du vaisseau, une structure renforcée en titane, mettant les astronautes en sécurité. Le bouclier thermique, dont la défaillance a provoqué la mort des sept membres d’équipages de Columbia en février 2003, a également été renforcé, puisque constitué de deux protections redondantes.

Par Cyrille Vanlerberghe, lefigaro.fr