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Land of the Dead

mardi 9 août 2005, par nassim

« Land of the Dead », le dernier film du maître américain George A. Romero, vous plongera dans un sinistre monde dominé par les zombies et où les derniers humains survivants du carnage, vivent dans une cité entourée de murs de protection.

Scène de « Land of the Dead » où ASIA ARGENTO se bat contre deux zombies pour survivre.

Dans « Land of the Dead », les morts-vivants sont partout, ils ont envahi les villes et les campagnes. Ils continuent d’exister, de faire comme s’ils étaient vivants : avec des gestes lents, des regards hallucinés, des visages cadavériques ou sanguinolents, ils sont pompistes, agents de police ou musiciens. Au ralenti, dans une atmosphère silencieuse (ils ne parlent pas), fantomatique (ils ne communiquent pas entre eux) et, pour tout dire, pas très gaie (le film se déroule la nuit).

Au coeur d’une ville-bunker, une poignée de survivants vit encore dans le souvenir de l’ancien monde, et s’est barricadée pour empêcher l’accès des morts-vivants. Dans cette ville il y a les pauvres, toujours plus pauvres, qui vivent dans des taudis sans électricité. Et les riches, toujours plus riches, qui habitent dans « le Green », une luxueuse tour résidentielle/centre commercial, pour laquelle la liste d’attente est longue. Pour protéger l’enclave, des commandos font régulièrement des virées à l’extérieur et vont se ravitailler en nourriture, boissons et médicaments dans les magasins de « l’ancien monde », celui habité désormais par les morts-vivants.

Ceux-ci, malgré leur nombre, ne sont pas trop difficiles à contenir : s’ils résistent aux balles (après tout, ils sont morts), ils deviennent cependant inoffensifs quand on leur tire dans la tête. Ils ne brillent pas par leur rapidité. Et si on leur balance quelques feux d’artifice, ils regardent en l’air et s’arrêtent, fascinés. Seul écueil à éviter : il ne faut pas qu’ils vous mordent. Car vous devenez en quelques heures un mort-vivant. Assoiffé de chair humaine à dévorer.

Les commandos de la ville, armés jusqu’aux dents et équipés de véhicules blindés, n’ont donc généralement pas trop de mal à effectuer des ravitaillements. Et l’armée aux portes de la ville (dont une grande partie est protégée par le fleuve, inaccessible aux morts-vivants) n’a pas trop de mal à en empêcher l’entrée.

Dans la ville, Kaufman (Dennis Hopper) est le maître absolu. C’est lui qui décide de la liste d’attente du Green, qui gouverne les forces de sécurité, et qui a la haute main sur les activités louches des quartiers pauvres et de leurs bars interlopes (boisson, drogue, prostitution).

Mais un jour, un des membres des commandos, Cholo (John Leguizamo), un petit Latino nerveux et ambitieux, trompé par Kaufman qui a voulu le supprimer, se révolte et quitte la ville à bord d’un véhicule blindé. Il menace Kaufman de détruire la tour du Green à coups de missiles, s’il ne lui livre pas avant minuit cinq millions de dollars. Kaufman charge alors un des chefs de la sécurité, Riley (Simon Baker), de retrouver Cholo et de le ramener à la raison. Riley, accompagné d’une prostituée sauvée de la mort dans un bar (Asia Argento) et de quelques hommes de confiance, quitte la ville lui aussi. Avec deux dangers potentiels qui l’attendent à l’extérieur : Cholo et les morts-vivants. Car ceux-ci, qui peu à peu s’aperçoivent qu’ils peuvent communiquer entre eux et se servir d’armes à feu, ont décidé d’attaquer la ville...

Certes, « Land of the Dead » est un film d’horreur, à réserver aux mordus du genre, dans lequel les scènes gore (les morts-vivants dévorant des cadavres, mordant à pleines dents dans des entrailles sanguinolentes, suçant des fémurs encore chauds) ne manquent pas : on n’est pas dans un film d’Eric Rohmer. Mais au-delà de l’action, les allégories de la société actuelle (entre les riches et les pauvres, entre les vivants et les morts-vivants) sont nombreuses, et le message politico-social de ce « Territoire des morts » est assez fort.

« Chaque film de la saga reflète à sa manière le climat politique et social de son époque », dit George A. Romero, 65 ans. Marqué par le 11 septembre 2001, « Land of the Dead » prend ainsi le relais de la guerre du Vietnam de « La nuit des morts-vivants » (1968), du consumérisme de « Zombie » (1978) et des germes du totalitarisme du « Jour des morts-vivants » (1985).

« Land of the Dead » se déroule dans un monde dévasté où les privilégiés (les vivants, et parmi eux les riches) vivent dans une enclave en se sentant en sécurité. Mais « en fermant les yeux sur ce qui se déroule à l’extérieur, ils commettent une grave erreur », explique le réalisateur.

« Ils pensent que ’tout va bien tant qu’on n’y pense pas !’ Une situation qui nous ramène à l’idée même du terrorisme à l’heure actuelle. Cette métaphore constitue le coeur même du film, son thème principal. Ses protagonistes doivent sortir de leur refuge, de leur cocon pour, dans le but d’approvisionner l’enclave en vivres et accessoires, prendre pleinement conscience de l’état du monde, voir à quel point il s’est dégradé ».

Cette vision de la société actuelle fait aussi froid dans le dos que l’armée des zombies au regard vide et à l’appétit féroce de chair humaine...

D’après AP