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Le Japon prêt à éduquer l’Asie pour l’après-tsunami

samedi 12 mars 2005, par nassim

Le Japon va éditer des manuels techniques sur les catastrophes naturelles pour les pays sinistrés.

Tous azimuts et avec de gros budgets, le Japon déploie depuis deux mois une active « diplomatie humanitaire » auprès des onze pays frappés par le tsunami du 26 décembre. Bien que candidat à un siège de membre permanent au conseil de sécurité de l’ONU, sa démarche n’est pas qu’intéressée. Face au drame survenu à sa porte (près de 280 000 morts) et forte de ses moyens financiers, humains et logistiques, la deuxième économie mondiale ne peut rester les bras croisés.

Son engagement répond à des obligations. Dont une au moins d’ordre moral. Après avoir débloqué plus d’un demi-milliard de dollars et gelé le remboursement de la dette de plusieurs pays (Indonésie et Sri Lanka), le Japon a mis en oeuvre un ambitieux programme d’aide en faveur de l’Indonésie, du Sri Lanka, de l’Inde et de la Thaïlande. Auquel participent de très nombreuses villes et régions du Japon. Lundi, une dizaine de grues pelleteuses offertes par la ville de Yokohama et le ministère de l’Environnement ont ainsi quitté le Japon pour Colombo, au Sri Lanka.

La société civile est elle aussi très impliquée. Des dizaines d’ONG, affiliées au centre des ONG du Japon pour la coopération internationale (Janic), sont sur le terrain : à Aceh, en Indonésie, où a été déployé un millier de soldats nippons mais aussi dans quinze régions du Sri Lanka. Toutes au chevet de la « génération tsunami ». Orphelins, enfants malades, blessés, sous le choc ou traumatisés... les cas extrêmes abondent. Selon Anupama Rao Singh, directrice de l’Unicef en Asie, « un million d’enfants au moins a été touché par la catastrophe ».

Lundi, alors que s’ouvrait à Tokyo un séminaire sur les systèmes d’alerte aux raz de marée, avec les représentants des pays victimes de la catastrophe, le Monbushô (ministère nippon de l’Education, de la Science et de la Culture) a fait savoir qu’il mettait en oeuvre un programme pédagogique destiné aux enfants des pays d’Asie Pacifique. Objectif : leur enseigner les précautions à prendre et les mesures d’urgence à adopter en cas de désastre naturel. Avec l’Unesco et les gouvernements concernés, le ministère prévoit de superviser et de financer, pays par pays, l’édition de manuels scolaires dans les langues natales. Sera expliqué aux enfants, parfois sous forme de mangas (bandes dessinées) ­ comme cela existe déjà au Japon ­, ce qu’il faut savoir « sur les séismes, les tsunamis, les inondations et les typhons », le but étant d’instruire « les enfants sur les mécanismes des désastres et la manière dont ils peuvent en réchapper » a précisé lundi un officiel du Monbushô. Une méthode pédagogique que le Japon a déjà testée en 1998 avec succès en Papouasie-Nouvelle-Guinée après un tsunami qui avait fait 2 000 morts.

Par Michel TEMMAN, liberation.fr