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Le Tigre et la Neige

mercredi 14 décembre 2005, par Samir

Roberto Benigni nous revient avec « Le Tigre et la Neige », un film sur la guerre en Irak sur fond d’humour et de poésie.

« Le Tigre et la Neige » de Roberto Benigni.

Le pouvoir universel de la poésie contre le pouvoir de destruction de la guerre : le réalisateur italien, opposant au conflit irakien, se garde cependant d’avoir fait un film militant. C’est d’abord une histoire d’amour, « c’est un film sur les sentiments, sur le désir », se contente-t-il d’affirmer.

Dans « Le Tigre et la Neige », Roberto Benigni y interprète le rôle principal, celui d’Attilio, poète et professeur de littérature, amoureux fou d’une journaliste, Vittoria (Nicoletta Braschi, sa compagne dans la vie), qu’il rêve d’épouser mais qui ne s’intéresse pas à lui.

Attilio, séparé de sa femme, a deux filles adolescentes à qui il raconte avec passion comment et pourquoi, vers huit ans, il a décidé de devenir poète. C’est la même passion pour la poésie et pour les mots qu’il transmet à ses étudiants, sous le charme : « Pour exprimer le bonheur, il faut être heureux. Et pour exprimer le malheur, il faut être heureux », leur dit-il.

Toutes les nuits, il rêve qu’il épouse Vittoria, mais elle continue à le battre froid. Et tous les jours, il continue de tenter sa chance auprès d’elle. En vain : elle l’épousera, dit-elle, quand on verra de la neige tomber sur un tigre...

Et puis, un jour, il apprend que Vittoria est à Bagdad pour y écrire la biographie de son ami Fouad, célèbre poète irakien (Jean Reno). Celui-ci lui annonce que la jeune femme a été victime d’un des premiers bombardements anglo-américains sur la ville (on est en 2003, au début de la guerre) et qu’elle est dans le coma, dans un état désespéré.

Animé par son amour fou et pour sauver celle qu’il aime, Attilio décide alors de partir pour Bagdad...

Comme dans La Vie est belle, c’est sur fond d’événements dramatiques que Benigni raconte une histoire d’amour avec humour, rires, gags et clowneries diverses qui rappellent le Charlot de la meilleure époque.

Rires et larmes se mêlent donc - l’humour étant, dit-on, la politesse du désespoir -, et cette fois-ci, la poésie est de la partie. Le ton est donné dès la première scène du film « Le Tigre et la Neige », surréaliste et onirique : dans un théâtre en plein air, devant une assistance sage, un petit orchestre joue et Tom Waits chante de sa voix cassée, et Attilio en T-shirt et caleçon blancs écoute une déclaration d’amour de Vittoria, en robe de mariée, avant qu’une pluie de pierres ne tombe du ciel.

Pendant tout le film, entre deux gags et scènes d’humour, et entre deux bombardements ou scènes de guerre, Benigni parsème l’histoire de poésie, d’amour des mots, de belles répliques. En utilisant parfois, révèle-t-il, des citations de poètes (Neruda, Hikmet, Montale, Eluard, Dante) pour les dialogues en prose.

La guerre, les bombardements, les souffrances des Irakiens ne constituent que la toile de fond de cette histoire d’amour, d’humour et de poésie. Benigni n’a pas voulu insister là-dessus et s’est gardé de faire de « Le Tigre et la Neige » un film à message.

Synthèse de Samir
D’après AP