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Le système licence, master-doctorat (LMD) débarque en Algérie

mardi 27 juillet 2004, par nassim

Les bacheliers de l’année 2004/2005 seraient les premières promotions du nouveau système LMD - dit également BMD - (licence ou “bachelle”, master et doctorat).

La refonte du système universitaire ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonte aux années 1970. Il a fallu attendre jusqu’en avril 2002 pour que ce projet soit adopté par le Conseil des ministres et sous les recommandations de la Commission Nationale de la Réforme Educative (CNRE).

Celle-ci a souligné, dans son rapport final, que différents correctifs devaient être introduits dans les programmes et les méthodes d’enseignement afin de permettre à l’université de jouer son rôle dans le processus du développement et d’adaptation du système de la formation à ses exigences. Cependant, le ministre de l’Enseignement supérieur a retenu dans son programme d’action la mise en œuvre d’une “nouvelle architecture” de l’enseignement supérieur, qui se repose sur le remodelage du contenu des enseignements. “L’un des principaux piliers de la refonte se repose sur une réforme globale des enseignements supérieurs. Elle consiste à l’actualisation et la réorganisation du programme et de la gestion pédagogique”, affirme M. Kharafia chargé de communication au ministère de l’Enseignement supérieur et la Recherche scientifique. Alors que les travaux ont débuté depuis l’année dernière, ce n’est que cette année que le département de tutelle a mis en place les structures susceptibles de rendre ce projet effectif. “Ce temps nous a permis d’approfondir nos réflexions et adapter ce système à la réalité algérienne, à laquelle ont pris part nombreux groupes de travail composés d’experts et des universitaires”, explique M. Kharafia. “Il est opportun de rappeler que ce projet a été exposé à des responsables pédagogiques lors de nombreuses rencontres, dont la dernière est celle des chefs d’établissement qui a eu lieu les 7 et 8 janvier dernier à l’université de Badji-Mokhtar de Annaba. Ces journées d’étude ont été considérées comme un tournant décisif pour la conception et la mise en application de ce projet”, a-t-il ajouté.

C’est dans cette optique que le projet de réforme a débouché sur un nouveau schéma de formation qui s’articule autour de trois paliers : la licence/bachelor, bac+3 ans d’études universitaires, le master, bac + 5 ans et le doctorat, bac + 8 ans. Il est à noter que pour la rentrée 2004/2005, seule la première étape de la réforme, licence/bachelor, sera appliquée. Tandis que le master ne sera opérationnel qu’à la fin du cursus des premières promotions en Licence, c’est-à-dire d’ici trois ans. Quant au doctorat “nouvelle version”, il faut préciser qu’il a été lancé au cours de cette année (2004), afin de pallier le manque flagrant d’encadreurs. Selon le ministère de l’Enseignement supérieur, “cette réforme n’est pas une fin en soi, elle doit répondre à une attente et à une aspiration sociale”. Elle doit également consolider, selon le département de M. Harraoubia, le caractère de service public de l’institution universitaire et de préserver la démocratisation de l’enseignement supérieur.

Qu’est-ce que le dispositif du système LMD ?
À titre de rappel, ce système est d’origine anglo-saxonne, fondé sur des normes internationales. Le programme LMD (appelé également 3, 5, 8 ou BMD) a cours depuis longtemps dans les universités nord-américaines (USA, Canada) et britanniques. Celui-ci a été adopté progressivement dans la majorité des pays d’Europe, du Maghreb tels que la Tunisie, le Maroc et autres contrées du monde arabe.

Les trois cycles du nouveau système (licence, master et doctorat) sont composés d’unités d’enseignement regroupées en semestres d’études. Chaque unité possède la qualité d’être utilisable et transférable, ce qui signifie que son acquisition est définitive et pourra être utilisée dans un autre cursus de formation. Cependant, cette capitalisation et la possibilité de transfert ouvrent des passerelles entre plusieurs cursus de formation et induisent une mobilité des étudiants qui auront un grand choix qui leur permettra de suivre un parcours universitaire individualisé.
Pour ce qui est du premier cycle, la licence est scindée en deux paliers. La première formation de base est transdisciplinaire d’une durée de deux ans à quatre semestres, consacrés à l’acquisition des principes fondamentaux du domaine choisi par l’étudiant et une initiation à la méthodologie de la vie universitaire et sa découverte. Ce palier est suivi d’une formation caractéristique, offrant deux options. La première est académique ; elle est consacrée par un diplôme de licence qui permet l’accès direct à des études universitaires à long terme et à une spécialisation plus approfondie.

Cette possibilité est régie par des critères d’accès, des aptitudes et des résultats acquis durant l’année universitaire. La deuxième option est “professionnalisante” et qualifiante consacrée par un diplôme de licence qui permettra une insertion directe dans le domaine du travail et dont le programme est déterminé en étroite relation avec le secteur demandeur. Cette professionnalisation permettrait, d’une part, de valoriser ce diplôme sur le marché du travail en qualité de professionnel spécialiste ayant des bases qui lui accéderont une évolution ultérieurement. D’autre part, cela devrait donner une perspective aux étudiants qui ont du mal à se placer à un niveau de bac+5.

S’agissant du master, deuxième cycle, celui-ci s’étale sur deux années de formation et n’est accessible qu’aux étudiants disposant d’une licence académique qui remplit les critères requis. Il est caractérisé par une vocation professionnelle au sein de l’université qui permettra d’accéder à des niveaux de performance plus élevés que la licence à projection professionnelle. Celui-ci est déterminé par une préparation à la recherche scientifique universitaire ou autre secteur. Signalons, par ailleurs, que les titulaires d’une licence à projection professionnelle peuvent s’inscrire en master après un passage à la vie professionnelle.

En ce qui concerne le troisième cycle, le doctorat est le plus haut diplôme universitaire. Il est d’une durée minimale de trois ans (six semestres). Celui-ci devra assurer à la fois un approfondissement des connaissances dans la spécialité et d’une formation destinée à la recherche scientifique. Ce diplôme est sanctionné par la présentation d’une soutenance d’une thèse de doctorat.

Les coûts de la réforme
Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique avait annoncé qu’un million d’étudiants sont attendus à l’horizon de l’année 2008. Il a enregistré un besoin de 36 573 en ressources humaines dont 23 173 sont des enseignants supplémentaires et 13 400 d’agents ATS. Sur le plan des capacités d’accueil, une nécessité de 209 000 places pédagogique et 221 000 lits d’hébergement ont été consignés pour le programme quinquennal de 120 milliards de DA, s’ajoute à cela le budget de fonctionnement, où les besoins cumulés sur cette même période s’élèvent à 521 milliards de DA. Une incidence financière supplémentaire sera, également, sollicitée pour l’acquisition d’équipements scientifiques pour les laboratoires et pour les travaux pratiques de nouvelles filières que la réforme exigera. En revanche, une évaluation préliminaire de 60 millions de DA par nouvelle filière, dans notamment les disciplines des sciences et de la technologie, sera nécessaire et probablement insérée graduellement dans les prochaines lois de finances.

Par Nabila Afroun, Liberté