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Leçon d’humilité pour le Real et Arsenal

jeudi 8 avril 2004, par Hassiba

Le Real Madrid et Arsenal, deux des clubs les plus médiatiques de la planète football, ont quitté par la petite porte, mardi, la Ligue des champions au stade des quarts de finale, un sérieux revers sportif et financier pour deux géants trop sûrs d’eux.

Monaco, en sérieuses difficultés financières en début de saison, et Chelsea, qui peut faire tourner un effectif pléthorique grâce aux largesses du milliardaire russe Roman Abramovitch, ont mordu à pleines dents dans ces rencontres, exploitant parfaitement le système des matches aller-retour qui nivelle les valeurs.

Monaco et Chelsea se rencontreront ainsi, le 20 avril au stade Louis-II et le 5 mai à Stamford Bridge, dans une demi-finale inédite, le club londonien arrivant pour la première fois à ce stade de la compétition. Dans le même temps, le Real et Arsenal, leaders de leurs championnats respectifs, devront se reconcentrer sur ces joutes domestiques où ils sont sous la menace respective de Valence (à 1 point) et... Chelsea (à 4 points). Grand seigneur, Carlos Queiroz, l’entraîneur du Real Madrid, s’empressait d’assumer “la responsabilité de la défaite”, reconnaissant que cette élimination est en partie due “à un manque de concentration”.

Comme si les huit buts encaissés par La Corogne au stade Louis-II (8-3) n’avaient pas été pris en considération.
Une certaine condescendance, affichée par plusieurs joueurs merengues au retour du vestiaire, a sans doute motivé encore plus des Monégasques “qui sont allés au bout d’eux-mêmes (...) réalisant un match complet aussi bien physiquement que techniquement”, commentait Didier Deschamps, le technicien qui monte. En vieux roublard des coupes européennes, Deschamps, qui avait pronostiqué le résultat, avait bien prévenu ses jeunes troupes de ne pas s’affoler, prévoyant presque que l’ouverture de la marque par le Real allait également ouvrir des boulevards dans sa défense.

Ludovic Giuly a éclipsé les Ronaldo, Zidane et autre, Raul, en marquant le but de la victoire d’une spectaculaire talonnade illustrant parfaitement l’insousciance d’une bande de copains jouant totalement libérés.
Ironie du football, le Real Madrid a été victime d’un des siens, Fernando Morientes, prêté pour permettre l’épanouissement de Portillo, et qui a réussi le but de l’espoir au stade Bernabeu et celui de la relance à Louis-II.

“Cela m’a fait mal de les battre, mais je suis professionnel et je ne dois pas trop y penser”, précisait Morientes au coup de sifflet final en contenant sa joie, pensant sans doute au fait que plus de la moitié de son salaire mensuel est payé par le Real Madrid.
Ainsi va le football professionnel et la vie du Real Madrid, un club qui se nourrit d’excès dont il est parfois victime en bafouant les fondamentaux, comme l’équilibre tactique (pas de défenseurs), l’esprit de sacrifice et l’humilité.

Les leçons de l’échec contre la Juventus, l’an dernier en demi-finale, n’ont pas été tirées.
Dans le même temps, à Highbury, Claude Makelele, ancienne pièce maîtresse d’un milieu madrilène qui a pris l’eau, portait Chelsea vers la victoire contre une équipe d’Arsenal “Henry dépendante” et qui termine sa saison sur les rotules. “En fin de match, les joueurs semblaient fatigués, reconnaissait Arsène Wenger. Henry était blessé. Chelsea est sur la voie ascendante alors que nous sommes sur une pente descendante actuellement”, avouait encore Wenger en reconnaissant que la défaite, samedi, en demi-finale de la Cup contre Manchester United (1-0) avait laissé des traces dans les jambes et les esprits.
À l’inverse, Claudio Ranieri, que l’on annonçait sur le départ avant cette première victoire en 18 confrontations avec les Gunners, a finalement réussi à faire l’amalgame d’un groupe hétéroclite pour monter une équipe à base anglaise (cinq joueurs) en laissant sur le banc des vedettes comme Crespo, Mutu et Geremi.

Résultat, les buts de la victoire sont marqués par deux joueurs anglais (Lampard et Bridge), ce qui pourrait inciter le président Abramovitch à repenser son recrutement.

Source : Liberté