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Les éditeurs algériens au salon international du livre de Paris

samedi 26 mars 2005, par nassim

Au bout d’un couloir, les 64 m2 réservés aux éditeurs algériens, pas d’animation, des livres sur l’informatique et beaucoup d’Algériens sont repartis déçus. Ils voulaient rencontrer leurs écrivains, poètes, photographes, journalistes... Or, il n’y a rien de tout cela.

C’est un bon terrain d’observation, un carrefour pour les peuples et les cultures, un lieu de rencontre sans confrontation, un terrain de jeu, sans enjeu, mais où tout le monde y gagne... Ce sont là quelques propos et observations des visiteurs, écrivains, romanciers, poètes et philosophes, présents à cette 25e édition du Salon du livre de Paris, où les lettres russes sont à l’honneur.

“Vivez une semaine rythmée par les mots, goûtez au plaisir de la découverte, voyagez dans des terres étrangères, percez l’âme russe”, ce sont les propos de Mme Taya de Reyniès, commissaire générale du Salon. Chaque année est un anniversaire du Salon, de A à Z, et depuis 1981, date de naissance du Salon, sous l’impulsion d’Henri Flammarion, directeur de l’illustre maison éponyme, et de Frédéric Ditis fondateur de J’ai lu, avec l’appui du président du SNE de l’époque, Jean-Luc Pidoux-Payot. L’innovation, la recherche et l’actualisation du Salon, fond et forme, restent un souci majeur pour les organisateurs, qui, dans une quête de rester (in), trouvent formules et astuces, toujours ingénieuses faut-il le signaler, pour capter l’intérêt des visiteurs, des exposants, éditeurs, auteurs et surtout le souci majeur : intéresser les jeunes, les très jeunes lecteurs, qui ne semblent êtres que des visiteurs en groupes. Loin de là, c’est les futurs lecteurs, futurs faiseurs du Salon, nous précise une dame avec grande certitude. La dictée du Salon, lue par Tom Novembre, la lecture de Don Quichotte de Cervantès, publié en 1605, une idée de faire galoper au Salon le chevalier à la triste figure et compagnon Sancho Pança, les parapluies de lire dans le noir, l’escale, BD, conférences professionnelles, évasion, régions, fenêtres sur l’édition internationale.

Le 25e Salon du livre poursuit le développement de son caractère international par l’importance accrue qu’il accorde aux éditeurs étrangers, plus présents que jamais au cœur de cette manifestation. L’espace international accueille des auteurs et des éditeurs étrangers venus à la rencontre du public français (Allemagne, Brésil, Canada, Chine, Grèce, Haïti, Turquie et son entrée à l’Union Européenne).

Pour les uns (Afrique du Nord) comme pour les autres (Maghreb), les pays, comme dans le relief et la géographie, sont voisins, ayant pour voisin, le Canada et la Belgique, pays francophone où le français s’invente encore, surtout au Québec, où Larousse n’est aucunement consulté, car ils ont leur propre dico comme ils disent... Le stand Algérie, le seul qui donne sur l’intérieur au lieu de l’extérieur, c’est-à-dire que vous risquez de passer, sans vous en rendre compte. Nous sommes loin de l’Année de l’Algérie en France, loin des fastes et des flonflons, ni ministres, ni personnalités... l’ambassade décide comment et où il sera, le stand, ce qui fait dire à un collègue journaliste que “sans l’occasionnel et les caméras, nos responsables préfèrent rester chez eux”.

Enfin, a gauche au fond du couloir, cela peut se désigner comme ça, c’est l’espace réservé aux éditeurs algériens. La fille d’un éditeur présente au stand ne comprend pas le comportement des responsables qui, sous d’autres cieux, “en France”, décident de qui va monter (car c’est comme ça que ça se dit aller au Salon) et qui ne monte pas. En tout cas, il y a un point commun, avec la pratique de l’Année de l’Algérie en France : ramener les œuvres et non les auteurs, à quelques exceptions près. Beaucoup d’Algériens, certains par le sang, d’autres par le sol, qui sont repartis complètement abattus par cette pratique.
Ils voulaient voir leurs écrivains, poètes, photographes, journalistes... “Pas grave”, lance Youcef, un jeune beur, on est habitué. “C’est plutôt grave, car ce dysfonctionnement nuit à l’image du pays et ce sont les livres qui véhiculent justement une image saine, forte par sa culture”, intervient un autre visiteur.

Comment organise-t-on la participation algérienne ? Qui vient ou ne vient pas ? Comment programmer des rencontres, des ventes dédicaces, des tables rondes pour faire connaître l’édition et les auteurs algériens vivant en Algérie ? Quel est le rôle du ministère de la Culture ? Alors que chez nos pays voisins, le Maroc et la Tunisie, les stands sont plus grands, plus organisés, et ce sont leurs ministères respectifs qui chapeautent les opérations. Au désespoir des 64 m2 du stand Algérie, pas un auteur, juste quelques pseudos éditeurs qui débarquent, on ne sait d’où, sans rien à offrir. À l’exception bien sûr de certaines maisons d’édition algériennes qui font leurs petits pas, mais tout reste à faire.

Au fait, et l’Anep ? Personne pour répondre à toutes ces questions. L’édition de l’année prochaine sera à l’honneur des 62 pays de la Francophonie, espérant que l’Algérie saura prendre le train en marche. Le Salon a fermé ses portes mercredi, et du bon côté de la Méditerranée le bilan est plutôt satisfaisant, surtout grâce aux nouvelles idées qui ont fait sûrement des émules.

Par R. Hamatou, liberte-algerie.com