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Les nouveaux modes de piratage à la conquête du Net

samedi 2 avril 2005, par Hassiba

Copie privée ou piratage ? L’envoi d’un fichier de musique à un membre de son entourage par courrier électronique est une des nouvelles méthodes des internautes pour obtenir un morceau de musique ou un clip vidéo gratuitement.

Près de la moitié des internautes américains qui consomment des fichiers audiovisuels sur Internet ne passent plus par des réseaux peer-to-peer ou des services de téléchargement payants. Au vu des résultats de la dernière étude réalisée par le Pew Internet and American Life Project, le litige qui oppose actuellement industries culturelles et réseaux de peer-to-peer devant la Cour suprême des États-Unis semble déjà dépassé.

Exposés à des poursuites judiciaires, les internautes ont continué à réduire leur utilisation de réseaux peer-to-peer (P2P) cette année. De 58% en février 2004, la part des téléchargeurs loggés sur un réseau P2P est tombée à 33%. Une partie d’entre eux s’est reportée sur les services payants. Concernant désormais 43% des internautes qui consomment des fichiers numériques, contre 24% début 2004, le téléchargement légal de musique est entré dans les moeurs.

Ces développements positifs se sont accompagnés d’une « privatisation de l’échange de fichiers », comme l’analyse Mary Madden, chargée de recherche du Pew Internet Project. Sur 36 millions d’Américains qui téléchargent du son ou de la vidéo sur Internet, 48% ont recours à un moyen autre que le peer-to-peer et les services légaux comme iTunes pour obtenir des fichiers numériques. Les nouveaux modes d’échange vont du mail au blog en passant par l’iPod d’un proche, les sites spécialisés et la messagerie instantanée.

« Beaucoup d’attention a été portée à l’échange de fichiers sur des réseaux de peer-to-peer. Il est beaucoup plus difficile de tracer le partage au quotidien ou « privé » qui se produit au sein de réseaux informels que sont la famille et les amis », commente Mary Madden. Outre-Atlantique, ils seraient ainsi 10 millions à échanger des fichiers par voie de mail ou par messagerie instantanée type MSN Messenger, ICQ ou AIM. Autre source de prédilection des pirates ordinaires, les lecteurs mp3 et iPod de proches font l’objet de pillages amicaux par 7 millions d’Américains, soit 19% des internautes qui téléchargent.

Alors que le peer-to-peer cède le pas à l’iPod-to-iPod, c’est précisément en se référant au lecteur numérique d’Apple que la Cour suprême a attaqué, mardi dernier, les revendications de l’industrie musicale et cinématographique contre Grokster et Morpheus. Conscient, d’emblée, que l’iPod peut également être utilisé pour écouter des fichiers pirates, « comment donnerons-nous au concepteur la confiance pour se lancer s’il sait qu’il s’expose inévitablement à des poursuites ? » a demandé le juge David Souter à l’avocat des studios.

Pour Me Donald Verrilli, qui défend Hollywood, la très grande majorité des propriétaires d’iPod continue à payer pour sa musique. Ce n’est pas le cas des utilisateurs de Grokster et affiliés, qui tirent profit de l’usage illégal. La Cour suprême se prononcera début juillet sur la responsabilité des réseaux.

Les procédures engagées à titre individuel contre des internautes ne seront pas levées pour autant. Celles-ci ont « découragé un grand nombre d’utilisateurs de peer-to-peer et beaucoup ont migré vers des services payants », convient Mary Madden, sans nier leur « incidence sur les moyens détournés et les solutions alternatives que les gens ont trouvé pour échanger des fichiers ».

Même si Hollywood devait obtenir gain de cause auprès de la Cour suprême cet été, la parade contre cette nouvelle piraterie parallèle reste à trouver.

Par Marie-Catherine Beuth
, lefigaro.fr