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Lounis Aït Menguellet : « Heureux de retrouver le public »

mardi 15 juin 2004, par Hassiba

Cinq ans d’absence de la scène, cinq ans au cours desquels le poète Lounis Aït Menguellet a essuyé les critiques les plus acerbes. Pour avoir pris part à un meeting de Bouteflika en 1999 et à l’Année de l’Algérie en France, il a été voué aux gémonies. Il nous livre ses sentiments dans l’entretien qu’il a bien voulu nous accorder.

Vous rencontrez votre public après des années d’absence, quels sont vos sentiments ?

C’est un sentiment de bonheur. Cela fait pas mal de temps que j’attends cette occasion qui ne m’a pas été donnée à cause de divers problèmes qu’à connus le pays. Aujourd’hui, je crois que l’occasion est bonne pour revenir sur scène.

Il y a quelques années, vous avez affirmé que vous ne pouviez pas chanter dans ce pays meurtri. En quoi la situation a-t-elle changé aujourd’hui ?

Ma crainte était de donner un concert où pourraient survenir des incidents graves, des dangers. Comment pourrais-je les assumer étant surtout rattachés directement à ce genre d’activités ? Ma crainte était celle-là. C’est vrai que le pays est meurtri, mais le chanteur doit apporter sa part d’encouragement et de consolation pour dire à sa façon qu’on est toujours là, ce n’est pas une solution de se taire. Il faut toujours faire en sorte que la vie continue.

Ces dernières années, vous avez été victime de calomnies. Que répondez-vous à vos détracteurs aujourd’hui ?

Cela ne vaut pas la peine de s’étaler sur ça. Mais à ma façon, j’ai répondu à ces détracteurs par la seule façon que je connaisse bien qui est la chanson. Est-ce que le message est reçu ? Je ne sais pas. Je présume que mes détracteurs n’ont pas pris le soin d’écouter mes chansons, mais j’ai la prétention de croire que le gens qui m’aiment les ont écoutées. Ils en savent un peu plus long sur mes détracteurs.

Quel regard porte le poète avec du recul sur la création de l’Association citoyenne de Tizi Ouzou ACT (pro-Bouteflika, ndlr) et l’Année de l’Algérie en France ?

J’ai dit ce que je savais de cette association. J’ai dit à l’époque que je ne connaissais même pas son adresse et ça ne veut pas dire que j’ai une quelconque animosité envers elle, mais je n’aime pas qu’on me colle des choses que je n’ai pas. On est même allé jusqu’à me prêter la paternité de la création de cette association. Cela dit, je suis prêt à être président d’honneur de toute organisation qui œuvrerait pour la défense du citoyen mais qu’on ne me tienne pas pour responsable de toute déviation qui pourrait survenir.

Et pour l’Année de l’Algérie en France, quel bilan en faites-vous ?

J’ai participé à l’Année de l’Algérie en France pour une raison très simple : il y a eu des individus qui ont prétendu diriger la destinée des artistes, en faire des marionnettes. Ils ont fait des listes de chanteurs prétendument favorables au boycott de l’Année de l’Algérie. J’ai décidé de participer, car la mission d’un chanteur est de représenter sa langue là où il peut le faire. Je l’ai fait et je suis disposé à le faire encore.

Dernièrement, vous avez créé l’Association des artistes. Etait-ce conjoncturel ou a-t-elle des perspectives d’avenir ?

C’est loin d’être conjoncturel même si l’on a tendance à croire qu’elle a été créée lors de la polémique sur l’Année de l’Algérie en France. Mais, c’était une opportunité normale où les artistes se sont rencontrés pour dire, entre autres : personne n’a le droit de décider à notre place. Ce dit, l’idée de création de l’association n’est pas de moi, mais du chanteur Ouazib.

Lui avez-vous tracé des perspectives d’avenir ?

Certainement, on prépare le local et dès que ce sera prêt, on accueillera les adhérents à cette association.

Comment voyez-vous la création artistique sur et dans la société kabyle ?

On ne peut pas comparer, mis à part l’utilisation de la langue, les créations artistiques en France par exemple et ce qui se fait ici. Le chanteur qui vit en France voit les problèmes d’une autre manière ; quand il chante sur des problèmes algériens, il le fait généralement d’un angle de vue autre que celui qui vit au pays même. Elle reste une création toujours influencée par l’environnement de l’artiste dans tous les domaines des arts.

Avez-vous de nouvelles créations en vue, des tournées ... ?

Je travaille sur un nouvel album. Je compte enregistrer à la fin de l’année. Pour ce qui est des galas, il y a une tournée nationale en vue, mais elle n’est pas encore finalisée.

Votre dernier gala à Tizi Ouzou remonte à 1999. Qu’est-ce qui motive ces cinq galas en ce moment précis ?

Je n’ai pas choisi le moment de ces galas. Mon programme était chargé et quand les responsables de la Maison de la culture m’avaient sollicité je n’étais pas disponible. On m’a programmé pour cette période, j’ai répondu présent. Il n’y a donc aucun mystère là-dessus.

Par Saïd Gada, El Watan