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Marie-Antoinette déçoit

mercredi 24 mai 2006, par Kahina

Projeté à Cannes, « Marie-Antoinette » de l’américaine Sofia Coppola, n’a pas séduit les journalistes et semble n’avoir aucune chance devant « Volver » et « Babel » dans la course à la Palme d’or.

Sofia Coppola et Kirsten Dunst au Festival de Cannes.

C’était le plus attendu parmi les 20 films en compétition pour la Palme d’or et, syndrome "Da Vinci Code", il a été accueilli par quelques sifflets lors de la première séance du matin, avant une montée des marches plus royale dans la soirée en projection officielle. Les festivaliers de Cannes veulent des chefs-d’oeuvre ? Qu’on leur donne de la brioche...En attendant les derniers concurrents, l’impression est que deux films ont pris une bonne tête d’avance sur "Marie-Antoinette" dans le coeur des festivaliers et dans la course au palmarès de dimanche soir : "Volver" de l’Espagnol Pedro Almodovar et "Babel" du Mexicain Alejandro Gonzales Inarritu.

"Je n’ai pas fait un film historique ou politique sur la Révolution française, mais un portrait intime de Marie-Antoinette", a expliqué Sofia Coppola, fille du grand Francis. C’est la Cour de Versailles vue par les yeux de cette adolescente de 15 ans qui débarqua un jour de son Autriche natale pour épouser le dauphin du trône de France et futur Louis XVI : comme dans ses deux premiers films "Virgin Suicides" et "Lost In Translation", la réalisatrice filme les tourments existentiels de jeunes femmes au moment d’entrer dans le monde adulte.

Kirsten Dunst, qui fut la petite amie de Spider Man à l’écran, est moins vernie en débarquant à Versailles dans la peau de Marie-Antoinette : son mari le dauphin, à peine plus âgé, est un gentil garçon mais pas très entreprenant avec elle (leur mariage ne sera pas consommé avant sept ans), la Cour la déconcerte et l’ennuie par ses traditions et ses règles protocolaires, ses rumeurs et petites rivalités, ses devoirs et ses corvées.

Applaudir à la fin d’un opéra alors que ça ne se fait pas, passer des heures à choisir des chaussures ou des perruques en buvant du champagne, manger des pâtisseries avec des pékinois sur les genoux, jouer aux dés ou aux cartes, aller aux bals masqués, s’ennuyer à la messe du matin, rigoler avec les copines, prendre un amant : c’est le portrait d’une jeune femme moderne, un peu rebelle mais pas trop, fashion victim et oisive, que dresse Sofia Coppola sans trop s’attarder sur le contexte de l’époque et les vérités historiques.

Jusqu’à la fin c’est en compagnie de Marie-Antoinette que reste le spectateur, c’est à dire loin de la Révolution qui bruit, dans un film léger et agréable (trop léger, trop agréable pour une Palme ?), à l’image branchée que complète une bande originale alternant menuets et chansons pop-rock (Bow Wow Wow, Siouxsie and the Banshees, The Cure).

Synthèse de Kahina
D’après AP