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Microsoft fâche Bruxelles

jeudi 24 mars 2005, par Hassiba

Malgré les déclarations de Bill Gates qui s’est déclaré « réceptif » aux remarques de Bruxelles, la Commission européenne juge « inadmissible » le comportement de microsoft.

Hier, les services de Nelly Kroes, commissaire européen à la Concurrence, ont adressé une lettre au numéro un mondial des logiciels. Ils lui ont demandé d’accepter la nomination, sans condition, d’un expert. Ce dernier sera chargé de vérifier que les sanctions imposées à la firme, soupçonnée d’avoir abusé de son monopole, sont bien appliquées.

De son côté, la société américaine exige un droit de veto et ne veut pas laisser l’expert européen accéder à tous ses dossiers, selon un porte-parole de Bruxelles. Les responsables de Microsoft assurent qu’ils veulent répondre « vite » aux nouvelles remontrances de l’Europe et accusent la Commission de « lenteur ».

La firme risque gros. L’éditeur pourrait se voir infliger une astreinte quotidienne pouvant représenter jusqu’à 5% de son chiffre d’affaires annuel, soit 1,84 milliard de dollars par jour ! En pratique, l’amende serait sûrement plus faible... Cette sanction sera prise dans « un à deux mois », si Microsoft n’accepte pas la nomination d’un expert, à l’issue d’une deuxième demande formulée par la Commission. Si la société persiste dans son refus, la Cour européenne de justice sera saisie.

En mars 2004, le numéro un mondial des logiciels a été condamné à payer une amende record de 497 millions d’euros et à appliquer « deux mesures correctives ». Il doit proposer, depuis le début de l’année, en Europe une version de son système d’exploitation Windows XP débarrassé de son logiciel MediaPlayer utilisé pour écouter de la musique et regarder des vidéos sur un ordinateur. La société doit aussi fournir à ses concurrents, à des conditions « raison nables », les programmes pour permettre la communication avec ses logiciels pour les serveurs informatiques qui pilotent plusieurs ordinateurs.

Mais selon Bruxelles, la version de Windows XP allégée « ne fonctionne pas bien ». C’est « le résultat logique de la demande de Bruxelles qui nous a demandé de supprimer 186 fichiers », rétorque un porte-parole de Microsoft. Et l’éditeur américain exige que ses concurrents paient des redevances trop élevées pour que leurs logiciels fonctionnent avec les siens. « Nous proposons ce qui est en ligne avec les exigences européennes », répond un porte-parole de l’éditeur.

Un concurrent doit payer pour avoir accès aux informations, sans avoir la possibilité d’étudier les données qu’il achète. Enfin, Microsoft ne propose pas plusieurs niveaux de prix pour accéder à ses informations sensibles, selon le nombre de serveurs qui devront se connecter.

Cette attitude de Microsoft est fréquente face aux procès qui ont émaillé son histoire, aux Etats-Unis et en Europe. La firme de Bill Gates joue la montre. Car dans l’informatique, les versions de logiciels sont renouvelées beaucoup plus rapidement que la durée des procès. En gagnant du temps, Microsoft réussit à étendre son spectre vers de nouveaux marchés.

Par Marc Cherki , lefigaro.fr