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PaperPC, le numérique dans les cahiers

mardi 5 avril 2005, par Stanislas

Il y a quelque chose de contradictoire à parler de "cahier informatique" ou de "cahier numérique". Support traditionnel des écoliers, le cahier évoque la pointe à bille, le feutre de couleur, les taches d’encre, les marges tirées à la règle et les notes griffonnées à la hâte. Un univers "à l’ancienne" donc, loin de l’ordinateur et de ses pixels, de la transmission des données sans fil ou de l’infrarouge.

Et pourtant. C’est Clairefontaine, l’un des spécialistes du cahier, qui fait aujourd’hui grand bruit du mariage de l’électronique et du papier. Depuis quelques semaines, les lecteurs de la presse écrite peuvent en effet découvrir dans leurs journaux une intrigante campagne publicitaire de la marque autour du PaperPC, curieuse combinaison d’un cahier et d’un stylo numérique. Avec ce produit, Clairefontaine rejoint le groupe Hamelin (cahiers Oxford), autre géant de la papeterie, qui a été le premier, en 2001, à sacrer l’union de l’écriture manuelle et de l’ordinateur, avec l’Easybook.

Pour comprendre vraiment ce qu’est le PaperPC, il faut remonter à la fin des années 1990. A cette époque, l’explosion tous azimuts des nouvelles technologies popularise une idée a priori saugrenue : puisque l’informatique s’immisce partout, que la communication explose, pourquoi ne pas moderniser cette activité "ringarde" qu’est l’écriture manuelle ? Et, surtout, pourquoi ne pas allier la facilité d’utilisation d’un stylo avec les capacités de stockage et de mobilité de l’informatique ?

Qu’à cela ne tienne ! La société suédoise Anoto s’engouffre dans la voie et met au point un papier révolutionnaire, tramé de milliers de minuscules points noirs (0,1 mm de diamètre) qui disposent chacun d’un code unique. Comme un écran tactile, la feuille de papier devient alors interactive avec des zones dédiées à de multiples fonctions.

SIMPLE, SAUF QUE...

Pour utiliser ce papier, il faut nécessairement un stylo équipé d’un système de reconnaissance optique (caméra miniature), d’un processeur, d’une connexion filaire ou sans-fil et, bien sûr, d’une mine à bille classique. La caméra enregistre les mots à mesure qu’ils sont couchés sur le papier tramé, et il ne reste plus qu’à les transmettre à un ordinateur ou un objet communicant en glissant le stylo sur son socle comme on le fait avec un agenda électronique.

Simple comme bonjour donc ! Sauf que... Si l’idée peut paraître séduisante, la mise en pratique demande en réalité pas mal de patience, comme en témoigne l’installation du PaperPC de Clairefontaine, commercialisé en pack complet (avec cahier et stylo) ou en éléments séparés.

La première étape consiste à installer le stylo (Nokia Digital Pen, 200 €) sur l’ordinateur avec une prise USB. Facile. C’est après que les choses se compliquent. Il faut en effet se rendre sur le site www.clairefontaine-paperpc.com (rubrique "Mon compte") pour s’enregistrer et créer son environnement personnel. Autant le dire, il ne faut pas s’y perdre dans le jargon maison ("infrastructure", "unités de communication").

Cette étape est obligatoire pour pouvoir par la suite archiver les données sur l’ordinateur. Clairefontaine propose de multiples forfaits, gratuits ou payants, en fonction de la capacité de stockage désirée. Dernière formalité, le téléchargement du logiciel MyNotes (Metalinks), qui sert à la récupération et à la gestion des données transmises par le stylo.

Voilà, c’est prêt ! Il ne reste plus qu’à se familiariser avec le stylo (pas vraiment discret), l’interface MyNotes (pas des plus claires) et le fameux papier tramé, disponible en cahiers format A4 ou A5 et petits blocs notes (de 8 € à 16 €). La première chose que l’on remarque sur ce papier légèrement grisé, ce sont les espaces dédiés aux fonctions de communication (malheureusement écrites en anglais) : "Send to PC" (envoi vers l’ordinateur), "Send to phone" (envoi vers un téléphone mobile), "mail", "fax"... Ce sont ces zones qu’il faut activer de la pointe du stylo pour envoyer ses notes.

Et le plus surprenant, c’est que ça marche ! Un croquis peut être transféré à un ami par MMS ou par fax (avec un téléphone équipé Bluetooth) et le compte rendu d’une réunion archivé dans l’ordinateur. Si l’écriture est lisible, la reconnaissance de caractères transforme même l’ensemble du texte en format Word. Pratique pour les adeptes de la mobilité ou les gros consommateurs de notes manuscrites.

Par Guillaume Fraissard, lemonde.fr