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Parution de La Fonction présidentielle en Algérie

vendredi 2 avril 2004, par Hassiba

Le champ politico-médiatique vient de s’enrichir d’un nouvel ouvrage qu’on doit à l’universitaire Abdelmadjid Merdaci, intitulé La Fonction présidentielle en Algérie.

Un travail académique élaboré en forme de guide destiné aux professionnels ainsi qu’au simple citoyen désireux de comprendre les enjeux politiques actuels, notamment ceux qui touchent à la Constitution.

En choisissant de tenter un éclairage du pouvoir politique par l’entremise de la plus haute magistrature, l’auteur nous suggère à quel point la fonction présidentielle a réussi en 42 ans d’Indépendance d’arracher puis de préserver un caractère omnipotent au détriment des autres institutions auxquelles elle refuse le partage du pouvoir. Le putsch opéré par Ahmed Ben Bella contre le GPRA pendant l’été 1962, n’a-t-il pas inauguré « le rite de renouvellement des allégeances » contre « l’adhésion réfléchie et organisée à un programme ? »

En huit chapitres, celui qui vient de participer dans l’ouvrage collectif produit récemment par Mohamed Harbi et Benjamin Stora sur la Guerre d’Algérie, nous offre un véritable outil de travail fait de points de repère historiques et institutionnels sur la présidence, sa place dans l’économie des pouvoirs de l’Etat en soulignant ses évolutions, notamment à travers les textes de la Constitution. Donc, outre la chronologie, la lecture critique des trajectoires des Présidents, leurs appartenances territoriales, générationnelles et politiques ou militaires tout aussi décisives, Merdaci a essayé également d’analyser les scrutins présidentiels dont l’essentiel a été fait à l’époque du Parti unique avec un candidat et un programme uniques. La crise institutionnelle qui bloque le pays apparaît, en effet, plus clairement à la lumière des éléments sur lesquels l’ouvrage est construit.

A titre d’exemple, la Constitution dans son esprit comme dans sa lettre ne considère pas le Chef du gouvernement comme un exécutant du programme du Président, elle lui confère au contraire une autonomie qui lui permet de confectionner un programme différent et même opposé à celui du Président avec la seul obligation de le soumettre au Conseil du gouvernement et aux assemblées législatives. Cependant, le nombre de constitutions qu’on a eu (trois plus deux amendements) et l’usage qu’on en a fait ont mené à cette situation de confusion des pouvoirs qui restent malheureusement entre les mains de centres de décisions occultes. En parcourant les autres chapitres, tels « les critères d’éligibilité » ou « le serment présidentiel », le lecteur peut découvrir, à travers ce qui peut paraître à priori superficiel, des clés de réponses et des éléments d’analyse capables de lui fournir une lecture plus claire et décodée de la vie politique en Algérie. A ce moment, l’ouvrage de Abdelmadjid Merdaci réalise son ambition pédagogique et rehausse le débat public à tous ses niveaux dans une conjoncture qui justifie amplement sa parution.
Nouri Nesrouche

La Fonction présidentielle en Algérie d’Abdelmadjid Merdaci édition Simoun - 2004

Nouri Nesrouche, Le Matin