Accueil > SCIENCES > Steve Fossett boucle le globe en 67 heures

Steve Fossett boucle le globe en 67 heures

vendredi 4 mars 2005, par Hassiba

Après un coup pareil, il ne lui restera plus qu’à tenter d’aller sur la Lune à la voile. Steve Fossett s’est posé hier à 20 h 50 (heure de Paris) sur l’aéroport de Salinas (Kansas), au terme d’un tour du monde aérien en solo, sans escale ni ravitaillement, conduit en 67 heures 2 minutes 13 secondes.

Un périple certes moins palpitant que celui conduit par Phileas Fogg, héros de Jules Verne, mais qui marque un nouvel exploit de l’aventurier-millionnaire, financé par l’incontournable Richard Branson, fondateur de Virgin et éternel compagnon de ses records.

Fossett avait quitté le Kansas mardi à 1 h 47, heure de Paris. Pour voir son exploit homologué par la Fédération aéronautique internationale, il devait voler 36 787,559 km au moins ­ la longueur du tropique du Cancer ­ avant de se poser sur son aéroport de départ. Il a survolé les Etats-Unis avant de s’attaquer à l’Atlantique, puis le Maroc, l’Egypte, où il a atteint son altitude de croisière, le Pakistan, l’Inde, la Chine et enfin le Pacifique...

Planer.
Sans nier son courage, son sang-froid et sa résistance physique, Steve Fossett devra beaucoup aux ingénieurs qui ont conçu et préparé son engin, le GlobalFlyer. Avant cette tentative, celui-ci n’avait jamais volé les réservoirs pleins. Le père de la machine n’est pas un inconnu : Burt Rutan a conçu SpaceShipOne, première fusée pilotée privée à voler dans l’espace (en 2004), et de nombreux engins pour la Nasa. Spécialiste des composites, Rutan a conçu un véritable planeur qui, privé de carburant, peut glisser sur 325 kilomètres avant de se poser. Un engin pesant 1,5 tonne à vide, le poids d’un avion de tourisme, pour une envergure de 34 mètres, mais volant entre 13 000 et 14 000 mètres d’altitude, plus haut que les avions de ligne. L’avion est un véritable trimaran, ses deux « coques » extérieures stockant le carburant. Fossett était, lui, installé dans le cockpit central, pressurisé et climatisé à 18 °C. Le GlobalFlyer emportait 10 400 litres de carburant. Fossett s’est fait quelques frayeurs. En raison, d’abord, d’une avarie de son système de positionnement GPS. Puis, survolant le Pacifique mercredi, il s’est aperçu qu’il lui manquait 1 500 litres de carburant. Après avoir hésité à se poser à Hawaii, il a pu, grâce à des vents plus favorables, réduire sa consommation et poursuivre sa route.

Bijou technologique.
S’il n’apporte pas grand-chose hormis une nouvelle page de l’histoire de l’aéronautique, le GlobalFlyer restera comme un véritable bijou technologique. Il affiche une consommation de 28 litres aux 100 kilomètres. Grosso modo, ce que brûle un avion de tourisme aussi rapide. Mais c’est étonnamment peu pour un engin pesant 10 tonnes au décollage et capable de voler autour du globe. Au final, le GlobalFlyer ne consomme pas ­ et ne pollue pas ­ plus qu’un 4 x 4 Mercedes G500 en ville, clim allumée... Fossett aura tout de même rejeté dix fois plus de gaz à effet de serre qu’un passager d’Airbus volant sur la même distance. Mercredi, l’Organisation de l’aviation civile internationale a demandé aux compagnies de réduire sensiblement leur pollution à partir de 2008.

Par Denis DELBECQ, www.liberation.fr