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Viva Laldjérie de Nadir Moknèche

samedi 27 mars 2004, par Hassiba

Goucem (Lubna Azabal), 27 ans, travaille dans la boutique d’un photographe. Sa mère, Papicha (Biyouna), traîne ses cinquante ans et ses souvenirs heurtés de danseuse de cabaret. Sous la pression du terrorisme, elles ont dû quitter leur cité de la banlieue d’Alger pour se réfugier dans un hôtel du centre ville.
Goucem y fait la rencontre de Fifi (Nadia Kaci), une jeune prostituée.

Nadir moknèche

Comme beaucoup de jeunes de leur âge, toutes deux essayent de croquer la pomme de la vie en rêvant de l’amour, dans les bras d’un homme marié (Goucem), de tous les hommes (Fifi), tout cela sous la protection du saint patron de la ville.

Dans un décor de grande banlieue du monde, c’est au bout du compte Alger qui émerge en héroïne décrépite. Alger en friche, durablement en chantier, Alger qui habite le cœur d’une jeunesse pleine d’énergie et de colère rentrée. Alger où la vie continue malgré la mort.

Viva Laldjérie emprunte son titre à un célèbre slogan des stades algériens, mais le film souffre de n’avoir pas été tourné dans la langue locale. Et si celle-ci mêle allègrement le français au parler algérien, il paraît néanmoins difficile de dénicher un jeune vendeur de cigarettes à la sauvette qui articule une phrase entière en français dans le texte. (photo D. R.)

A cette question de pourquoi n’avoir pas "tourné en cette jeune langue "aldjérienne", posée lors d’un entretien par l’historien Benjamin Stora, Nadir Moknèche a d’abord tenu à rappeler "je suis le premier à vouloir entendre ma langue maternelle ; d’autant plus que cette langue qu’on appelle par défaut l’arabe, mais qui est aussi loin de l’arabe que l’italien du latin, est censurée à la télévision et à la radio d’Etat". Mais devant les difficultés de casting avec la plupart des jeunes comédiens issus de l’école algérienne et le "ridicule" de vouloir faire parler Lubna Azabal dans sa langue, à savoir l’arabe marocain, le cinéaste n’a pas hésité à trancher.

"L’Algérie est le deuxième pays francophone du monde par le nombre de locuteurs effectifs, poursuit Nadir Moknèche, la majeure partie de sa littérature est écrite en français, il n’est donc pas illégitime qu’un cinéaste algérien décide d’utiliser le français pour s’exprimer".

Sortie en France Le 7 Avril 2004
Viva Laldjerie
Un film de Nadir Moknèche
(113 min., Fr/Alg, 2003)
Avec Lubna Azabal, Biyouna, Nadia Kaci

Source : Algériades