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La justice britannique autorise les "bébés-médicaments"

jeudi 28 avril 2005, par nassim

Sélectionner un embryon pour pouvoir faire naître un bébé dont les tissus seraient compatibles avec un autre enfant, afin de le guérir d’une maladie incurable : c’est désormais légal au Royaume-Uni. La décision des Law Lords clôt plusieurs années de bataille juridique dans ce pays, mais la controverse reste ouverte.

La plus haute juridiction britannique

L’autorisation des "bébés-médicaments" permettra à la famille Hashmi de soigner son garçon malade.

a autorisé jeudi le recours aux "bébés-médicaments", conçus pour soigner un frère ou une soeur atteint d’une maladie grave, au terme de plusieurs années de bataille juridique. Les Law Lords ont à l’unanimité confirmé la décision d’une Cour d’appel d’avril 2003 autorisant le recours à cette technique. Leur décision met un terme à la bataille judiciaire en Grande-Bretagne engagéer par un groupe de réflexion sur les questions bioéthiques, "Comment on Reproductive Ethics" (Core), pour interdire le recours aux "bébés-médicaments". En 2001, l’autorité britannique de régulation de la procréation assistée (HFEA) avait autorisé des parents d’enfants gravement malades à recourir à un diagnostic préimplantatoire accompagné d’un typage tissulaire pour avoir un autre enfant.

Le typage tissulaire permet de choisir un embryon dont les tissus sont compatibles avec l’enfant malade, afin de faciliter le succès d’un prélèvement de cellules dans le cordon ombilical à la naissance ou ultérieurement d’une greffe de moelle osseuse. A l’époque, Raj et Shahana Hashmi, déjà parents de quatre enfants, espéraient concevoir un enfant sain, pour soigner leur fils de 6 ans, Zain, né avec une maladie génétique grave, la beta thalassémie majeure (hémoglobinopathie héréditaire). Mais la décision de la HFEA avait été annulée en première instance en décembre 2002.

La crainte de "bébés faits sur mesure"

Sans sélection possible, Mme Hahsmi a démarré deux grossesses. La première fois, le foetus était porteur de la beta thalassémie majeure, et un avortement a été décidé. La deuxième a été menée à terme, mais les tissus de l’enfant se sont révélés incompatibles avec ceux de Zain. La décision de la HFEA avait ensuite été confirmée en avril 2003, et Core avait alors décidé de porter l’affaire devant les Law Lords.

"Nous sommes heureux de la clarté que ce jugement apporte aux patients", a déclaré jeudi un porte-parole de la HFEA, en précisant qu’elle accorderait des autorisations lorsque ce sera nécessaire pour offrir un traitement face à la maladie. "Nous sommes naturellement très déçus par ce jugement", a de son côté affirmé Josephine Quintavalle, la fondatrice de Core. Selon elle, la décision des Lords ouvre la voie "à la création de bébés qui sont du bon sexe, (qui ont) la bonne couleur de cheveux". "C"est exactement le scénario de bébés faits sur mesure que le pays a en horreur", a-t-elle ajouté, en indiquant que son organisation allait à présent se tourner vers les députés britanniques pour légiférer en la matière.

Aucun bébé-médicament n’est jusqu’à présent né au Royaume-Uni. L’an dernier, un couple britannique, Michelle et Jayson Whitaker, s’était rendu aux Etats-Unis pour avoir un bébé compatible avec leur fils gravement malade.

Source : tf1.fr