Driss El Basri se met a table.
DRISS BASRI DENONCE LES COUPS TORDUS DU PALAIS ROYAL.
Opérations secrètes en Algérie
L’ancien homme fort du Maroc, Driss Basri, vient de révéler que les Services marocains avaient bel et bien «mené quelques opérations contre l’Algérie». Des révélations qui embarrassent le Palais royal qui ne sait quoi faire pour faire taire l’ancien protégé de Hassan II.
Détenteur de 25 ans de secrets du Royaume, l’ancien ministre marocain de l’Intérieur (1974-1999), Driss Basri, livre, au fur et à mesure, les dessous des complots marocains contre l’Algérie. Au quotidien espagnol «El Mundo», Basri, 67 ans, réfugié à Paris par crainte de représailles du Makhzen, a indiqué que le Maroc avait lancé, durant plusieurs années, des opérations secrètes contre l’Algérie. Ceci, après avoir divulgué à un autre quotidien espagnol, «ABC», que le Maroc a bien été un sanctuaire pour les terroristes algériens du GIA durant de longues années.
Basri ne livre pas la nature de ces opérations, ni les cibles choisies en Algérie, mais le fait de confesser que les Marocains ont bien tenté de déstabiliser les Algériens, probablement lors de la décennie de terrorisme, rend plus explicite la fameuse affirmation de Hassan II qui disait que «l’Algérie est le laboratoire du Maroc» en 1993. Une déclaration qui avait provoqué une glaciation des relations diplomatiques entre Alger et Rabat et qui avait précédé, d’une année, la cabale montée par les Services marocains contre l’Algérie en accusant la sécurité militaire algérienne d’être derrière les attentats de l’hôtel Hasni à Marrakech, en 1994, qui ont abouti à l’expulsion massive des résidants algériens au Maroc et à une fermeture unilatérale des frontières communes en guise de réponse algérienne.
Mais Basri, ancien homme de confiance du père de Mohamed VI, va plus loin. Pour lui, le Maroc «partage la responsabilité avec l’ONU» du blocage dans le dossier du Sahara Occidental et que Rabat a multiplié les «erreurs» sur ce dossier, notamment celle qui consiste à ne pas avoir privilégié le référendum onusien et d’avoir négligé le Polisario comme interlocuteur. Ces révélations pèsent lourd dans la bouche de celui qui contrôlait l’ensemble de l’appareil de sécurité du Royaume. L’homme sait de quoi il parle en indiquant que le Maroc a lancé des opérations contre l’Algérie et ce n’est pas par hasard si le Palais royal tente de le faire taire par tous les moyens.
Exilé à Paris, Basri n’est pas au bout de ses peines. Son passeport a expiré et sa carte de résidence en France va l’être également. Les Français lui assurent une protection physique à travers la DST française mais ne peuvent guère faire plus comme lui octroyer la nationalité française qu’il avait demandée. Car Rabat veille au grain et accable Basri et ses réseaux, accusés de tous les maux du Royaume. Son fils, Hicham Basri, a été mouillé dans une vaste affaire de détournement de fonds et d’escroquerie bancaire. Mohamed VI ayant accepté de donner le feu vert afin que la police marocaine actionne Interpol afin de lancer un mandat d’arrêt international contre le fils Basri qui s’est réfugié en Suisse. Vingt membres du clan Basri sont en prison pour les mêmes raisons et Rabat multiplie les pressions afin que Basri n’édite pas ses mémoires que les spécialistes du Maghreb promettent explosives.
Pour briser ce joug imposé par le Palais royal, Driss Basri multiplie, de son côté, les interviews. Il distille ces révélations qui éclaboussent tout l’appareil de sécurité et l’armée marocaine dont les généraux les plus puissants, notamment Lanigri et Benslimane, ont juré d’avoir sa peau. Car Basri met le doigt sur les plaies du Maroc. Pour lui, les attentats de mai 2003 de Casablanca étaient «prévisibles» du fait de la montée en puissance d’un extrémisme islamiste au Royaume que le souverain a refusé de voir venir. Pour Basri, les réformes «démocratiques» sont de la poudre aux yeux et le Royaume est exsangue et risque l’implosion. Un discours en contradiction avec l’image sereine et réformatrice que veut promouvoir Mohamed VI qui ne sait plus quoi faire de l’homme qu’il a éjecté en 1999, aussitôt arrivé au pouvoir.
A Alger, on suit avec une certaine ironie les coups de boutoir de Basri à la famille alaouite. Pour une fois, un haut responsable marocain brise l’omerta pour accréditer les craintes algériennes quant au rôle trouble joué par Rabat durant les années de terrorisme. Beaucoup d’affaires demeurent dans les tiroirs des affaires étrangères algériennes. La manipulation du premier émir du GIA, Abdelhak Layada, que les Services marocains ont tenté de recruter afin que les terroristes algériens procèdent aux liquidations des opposants marocains et des cadres du Polisario à Alger. Les déplacements incessants des groupes du GIA à l’ouest au delà des frontières communes. La fuite de plusieurs islamistes recherchés entre 1992 et 1993 via le Maroc dont les fondateurs du mouvement les «Afghans algériens», Kamerdinne Kherbane, Abous Anas, Rabah Kébir, Anwar Heddam, les fils de Abassi Madani qui ont tous rallié l’Europe en transitant par un Maroc sécurisé. Les deals passés par les Services marocains avec des islamistes détenus au Royaume. Les réseaux de trafic de drogue pour inonder l’Algérie de cannabis depuis Oujda. L’énigmatique attaque contre l’usine de l’ENIE de Telagh et le vol de plusieurs milliers de composants électroniques revendus à Casablanca par le GIA. Beaucoup trop d’affaires sur lesquelles Alger garde le silence afin de ne pas compromettre les relations avec le voisin de l’ouest et ne pas saper les efforts diplomatiques du président Bouteflika à «récupérer» un roi du Maroc pris en otage par les «faucons» de l’armée.
Mounir B.
DRISS BASRI DENONCE LES COUPS TORDUS DU PALAIS ROYAL.
Opérations secrètes en Algérie
L’ancien homme fort du Maroc, Driss Basri, vient de révéler que les Services marocains avaient bel et bien «mené quelques opérations contre l’Algérie». Des révélations qui embarrassent le Palais royal qui ne sait quoi faire pour faire taire l’ancien protégé de Hassan II.
Détenteur de 25 ans de secrets du Royaume, l’ancien ministre marocain de l’Intérieur (1974-1999), Driss Basri, livre, au fur et à mesure, les dessous des complots marocains contre l’Algérie. Au quotidien espagnol «El Mundo», Basri, 67 ans, réfugié à Paris par crainte de représailles du Makhzen, a indiqué que le Maroc avait lancé, durant plusieurs années, des opérations secrètes contre l’Algérie. Ceci, après avoir divulgué à un autre quotidien espagnol, «ABC», que le Maroc a bien été un sanctuaire pour les terroristes algériens du GIA durant de longues années.
Basri ne livre pas la nature de ces opérations, ni les cibles choisies en Algérie, mais le fait de confesser que les Marocains ont bien tenté de déstabiliser les Algériens, probablement lors de la décennie de terrorisme, rend plus explicite la fameuse affirmation de Hassan II qui disait que «l’Algérie est le laboratoire du Maroc» en 1993. Une déclaration qui avait provoqué une glaciation des relations diplomatiques entre Alger et Rabat et qui avait précédé, d’une année, la cabale montée par les Services marocains contre l’Algérie en accusant la sécurité militaire algérienne d’être derrière les attentats de l’hôtel Hasni à Marrakech, en 1994, qui ont abouti à l’expulsion massive des résidants algériens au Maroc et à une fermeture unilatérale des frontières communes en guise de réponse algérienne.
Mais Basri, ancien homme de confiance du père de Mohamed VI, va plus loin. Pour lui, le Maroc «partage la responsabilité avec l’ONU» du blocage dans le dossier du Sahara Occidental et que Rabat a multiplié les «erreurs» sur ce dossier, notamment celle qui consiste à ne pas avoir privilégié le référendum onusien et d’avoir négligé le Polisario comme interlocuteur. Ces révélations pèsent lourd dans la bouche de celui qui contrôlait l’ensemble de l’appareil de sécurité du Royaume. L’homme sait de quoi il parle en indiquant que le Maroc a lancé des opérations contre l’Algérie et ce n’est pas par hasard si le Palais royal tente de le faire taire par tous les moyens.
Exilé à Paris, Basri n’est pas au bout de ses peines. Son passeport a expiré et sa carte de résidence en France va l’être également. Les Français lui assurent une protection physique à travers la DST française mais ne peuvent guère faire plus comme lui octroyer la nationalité française qu’il avait demandée. Car Rabat veille au grain et accable Basri et ses réseaux, accusés de tous les maux du Royaume. Son fils, Hicham Basri, a été mouillé dans une vaste affaire de détournement de fonds et d’escroquerie bancaire. Mohamed VI ayant accepté de donner le feu vert afin que la police marocaine actionne Interpol afin de lancer un mandat d’arrêt international contre le fils Basri qui s’est réfugié en Suisse. Vingt membres du clan Basri sont en prison pour les mêmes raisons et Rabat multiplie les pressions afin que Basri n’édite pas ses mémoires que les spécialistes du Maghreb promettent explosives.
Pour briser ce joug imposé par le Palais royal, Driss Basri multiplie, de son côté, les interviews. Il distille ces révélations qui éclaboussent tout l’appareil de sécurité et l’armée marocaine dont les généraux les plus puissants, notamment Lanigri et Benslimane, ont juré d’avoir sa peau. Car Basri met le doigt sur les plaies du Maroc. Pour lui, les attentats de mai 2003 de Casablanca étaient «prévisibles» du fait de la montée en puissance d’un extrémisme islamiste au Royaume que le souverain a refusé de voir venir. Pour Basri, les réformes «démocratiques» sont de la poudre aux yeux et le Royaume est exsangue et risque l’implosion. Un discours en contradiction avec l’image sereine et réformatrice que veut promouvoir Mohamed VI qui ne sait plus quoi faire de l’homme qu’il a éjecté en 1999, aussitôt arrivé au pouvoir.
A Alger, on suit avec une certaine ironie les coups de boutoir de Basri à la famille alaouite. Pour une fois, un haut responsable marocain brise l’omerta pour accréditer les craintes algériennes quant au rôle trouble joué par Rabat durant les années de terrorisme. Beaucoup d’affaires demeurent dans les tiroirs des affaires étrangères algériennes. La manipulation du premier émir du GIA, Abdelhak Layada, que les Services marocains ont tenté de recruter afin que les terroristes algériens procèdent aux liquidations des opposants marocains et des cadres du Polisario à Alger. Les déplacements incessants des groupes du GIA à l’ouest au delà des frontières communes. La fuite de plusieurs islamistes recherchés entre 1992 et 1993 via le Maroc dont les fondateurs du mouvement les «Afghans algériens», Kamerdinne Kherbane, Abous Anas, Rabah Kébir, Anwar Heddam, les fils de Abassi Madani qui ont tous rallié l’Europe en transitant par un Maroc sécurisé. Les deals passés par les Services marocains avec des islamistes détenus au Royaume. Les réseaux de trafic de drogue pour inonder l’Algérie de cannabis depuis Oujda. L’énigmatique attaque contre l’usine de l’ENIE de Telagh et le vol de plusieurs milliers de composants électroniques revendus à Casablanca par le GIA. Beaucoup trop d’affaires sur lesquelles Alger garde le silence afin de ne pas compromettre les relations avec le voisin de l’ouest et ne pas saper les efforts diplomatiques du président Bouteflika à «récupérer» un roi du Maroc pris en otage par les «faucons» de l’armée.
Mounir B.
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