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Amnesty souligne les abus commis par Washington

jeudi 28 octobre 2004, par nassim

Par son attitude dans la guerre contre le terrorisme, Washington a "au mieux, semé la confusion parmi les personnes chargées d’interroger les détenus et, au pire, donné son feu vert aux actes de torture et aux traitements cruels, inhumains et dégradants à l’encontre de détenus".

Le gouvernement américain s’est détourné du respect des droits humains au fur et à mesure des développements de la guerre contre le terrorisme, estime Amnesty International dans un rapport rendu public mercredi 27 octobre, à six jours du scrutin présidentiel américain.

La lutte contre les abus requiert "un engagement absolu et une vigilance constante", deux domaines dans lesquels "l’administration américaine a manifestement échoué", accuse, à la veille des élections américaines, l’organisation de défense des droits humains. Selon Amnesty, les Etats-Unis ont, par leur attitude, au minimum "ouvert la porte" aux tortures et mauvais traitements. "La mentalité guerrière adoptée par le gouvernement (Bush), écrit Amnesty, n’a pas été accompagnée par un engagement semblable envers les lois de la guerre, et celui-ci, chemin faisant, a passé outre les principes fondamentaux des droits humains."

"En réduisant les protections juridiques, en diabolisant les détenus et en affichant un certain mépris pour (ses) obligations légales", poursuit le rapport, Washington a "au mieux, semé la confusion parmi les personnes chargées d’interroger les détenus et, au pire, donné son feu vert aux actes de torture et aux traitements cruels, inhumains et dégradants à l’encontre de détenus". Les Etats-Unis ont donné le plus souvent, par ailleurs, l’impression qu’ils cherchaient à "soustraire à la réglementation internationale les coupables d’abus", plutôt qu’à s’assurer que sa lutte était conduite sans recourir aux violations de droits, écrit encore Amnesty. Le gouvernement américain se voit aussi reprocher ses "euphémismes" : le mot "abus" remplace toujours celui de "torture", tout comme les victimes civiles de la guerre deviennent des "dégâts collatéraux".

UNE EXIGENCE D’ACTION CONTRE LES ABUS

Pour Amnesty, cette "réticence" est "symptomatique de la tendance des Etats-Unis (...) à rejeter pour eux-mêmes le niveau d’exigence qu’ils disent si souvent attendre des autres". Les témoignages recueillis directement ou compilés dans le document de 200 pages concernent tant l’Afghanistan et la base américaine de Guantanamo (Cuba) que les cas largement médiatisés de la prison irakienne d’Abou Ghraib.

L’organisation basée à Londres rappelle avec une ironie amère que l’administration Bush, à l’époque où elle faisait campagne pour l’invasion, avait cité un rapport d’Amnesty sur les tortures commises sous le régime de Saddam Hussein. Amnesty reconnaît toutefois "les défis incontestablement complexes et les menaces de la situation actuelle" pour les Etats-Unis. Elle salue aussi les premières enquêtes sur les tortures commises à Abou Ghraib. Mais elle réitère son appel, lancé dès mai 2004, à une commission d’enquête "véritablement" indépendante.

Amnesty saisit enfin l’occasion de son rapport pour demander aux "deux principaux candidats à la présidence des Etats-Unis", le président sortant George W.Bush et son challenger démocrate John Kerry, de "s’engager à tout mettre en œuvre pour en finir" avec la torture, épinglant au passage la situation dans les prisons américaines.

Par lemonde.fr et AFP