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Annan accuse le Maroc

samedi 23 avril 2005, par nassim

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, a déploré officiellement, jeudi, lors de la présentation de son rapport sur la situation au Sahara Occidental, devant le Conseil de Sécurité, la violation par le Maroc de l’accord militaire signé entre ce pays et le front Polisario.

Pour étayer ses propos, il rapportera que l’armée marocaine a procédé à des

Annan accuse le Maroc d’avoir violé l’accord avec le Polisario.

installations d’infrastructures et d’équipements et à des manoeuvres militaires, interdites par cet accord en vertu duquel un cessez-le-feu est décrété, depuis septembre 1991. M. Annan s’appuie en cela sur le rapport d’évaluation de la mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (Minurso), qui a terminé, le mois passé, une évaluation interne de l’application des accords militaires par les parties, lequel a relevé « une grave détérioration » en matière de respect desdits accords. Les actes de violations sont sériés. Le SG de l’ONU a parlé de l’installation continue de nouveaux radars et de moyens de surveillance par l’armée royale marocaine, dans plus de 40 sites, sur toute la longueur du mur de défense. Alors que ceux déjà déployés ont fait l’objet d’un perfectionnement. Au mépris de l’accord conclu qui énonce explicitement que « le renforcement du matériel dans les zones soumises à des restrictions est interdit ».

L’infrastructure de défense est aussi améliorée. Annan signale la construction d’une deuxième section du mur de défense par l’armée royale marocaine, alors que l’accord interdit toute amélioration de cette infrastructure, en particulier la construction de nouvelles lignes de défense par les moyens du sable, pierres ou béton. Le rapport signale aussi que des manoeuvres à tirs réels ont été effectuées par l’armée marocaine allant parfois jusqu’aux zones soumises à des restrictions. Alors que « l’accord n’autorise les manoeuvres à tirs réels que dans les zones soumises à des restrictions limitées, sous réserve de notification préalable à la MINURSO, si des armes d’un calibre supérieur à 9 millimètres seraient utilisées ». Kofi Annan épingle, également, le Front Polisario auquel il reproche le déploiement continu d’une unité armée dans la zone appelée « Fort espagnol » et les incursions répétées dans la « zone-tampon ». La déclaration des dirigeants du Polisario, (auquel, il demande de libérer les prisonniers marocains qu’il détient encore), sur l’imminence de la reprise des armes, font partie de ses préoccupations, a-t-il ajouté.

Le SG de l’ONU qui a recommandé une prorogation du mandat de la MINURSO pour une nouvelle période de six mois, jusqu’au 31 octobre 2005, a regretté que « les parties ne soient toujours pas parvenues à un accord sur la façon de sortir de l’impasse dans laquelle elles se trouvent, pour permettre à la population du Sahara Occidental d’exercer son droit à l’autodétermination » Et ce, en dépit d’une « certaine amélioration du climat politique dans la région ». Par amélioration, il pense à l’atténuation des déclarations négatives et la multiplication des contacts de haut niveau dans la région qui constituent, à ses yeux, « une évolution encourageante ». Fait-il ainsi allusion aux rencontres qui ont regroupé le Président Bouteflika et le Roi du Maroc, dans le sillage du sommet de la ligue arabe ?

Kofi Annan semble se faire à la conclusion que l’amélioration du climat politique dans la région ne s’est pas accompagnée d’une décantation sur la question jugée « fondamentale » relative à la manière dont la population sahraouie peut exercer son droit à l’autodétermination.

A ce propos, il a renouvelé à apporter son aide aux parties concernées pour « parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable ». Non sans relever qu’une telle solution est dans l’impasse « soit pour des raisons de fond, soit parce qu’il n’est pas recouru aux voies existantes pour rechercher un terrain d’entente ». S’agissant du volet des réfugiés sahraouis, il a affirmé que le Programme alimentaire mondial (PAM) développe des actions de secours pour venir en aide aux réfugiés sahraouis, dont le budget se chiffre à environ 40 millions de dollars, échelonné sur une période de 2 ans, allant de septembre 2004 à août 2006. Environ 29% des ressources nécessaires ont été, jusque-là, financés à l’aide de contributions multilatérales et bilatérales.

Par Omar S., quotidien-oran.com