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Ces colons extrémistes qui inquiètent Israël

mardi 5 avril 2005, par Stanislas

Les services de renseignements israéliens, la police et l’armée multiplient les réunions afin d’évaluer le danger représenté par les militants radicaux d’extrême droite, qui menacent de recourir à la violence pour saboter le plan de désengagement de la bande de Gaza.

Plusieurs dirigeants d’extrême droite se sont prononcés pour une opposition violente au démantèlement des colonies et laissent planer le spectre d’une guerre civile. Des responsables de la sécurité craignent que les jusqu’au-boutistes ne se barricadent dans certaines colonies de Gaza, rendant nécessaire une intervention musclée qui pourrait mal tourner. Ils n’excluent pas que des colons posent des mines et des explosifs autour des bâtiments où ils se retrancheront, contraignant l’armée à recourir à la force.

Des activistes, qui n’hésitent pas à comparer l’évacuation de la bande de Gaza à un nouvel holocauste, ont créé une organisation appelée « Gamla ne tombera pas une nouvelle fois », en référence à un village juif dont les habitants s’étaient donné la mort en sautant des falaises pour échapper aux Romains. Ses membres tentent de constituer des stocks de nourriture et d’eau potable et de s’équiper de groupes électrogènes afin de tenir un éventuel siège de l’armée.

Les forces de sécurité ont renforcé la surveillance autour des personnalités politiques impliquées dans le projet de retrait et qui ont reçu des menaces, ainsi qu’autour des lieux saints musulmans comme l’esplanade des Mosquées, à Jérusalem. Le ministre de la Sécurité intérieure Gidéon Ezra a nommément mis en cause Itamar Ben Gvir, un responsable du mouvement hors la loi Kach, qui se dit prêt à « mourir pour empêcher cette évacuation » et qui a agressé verbalement plusieurs responsables politiques. « Le prochain tueur est tapi dans l’ombre, et attend son heure », écrivait récemment le quotidien Maariv.

Les colons juifs déterminés à torpiller le retrait ont reçu, hier, le soutien de rabbins et de responsables de l’extrême droite qui ont appelé les militaires israéliens à déserter pour ne pas participer à l’évacuation. Ce texte, signé notamment par le rabbin Avraham Shapira, ancien grand rabbin d’Israël, enjoint les militaires à ne pas se présenter à leur base après les fêtes de Pessah, la Pâque juive, qui s’achèvera fin avril, et à ne répondre à aucun ordre de l’armée. Le gouvernement israélien s’attend à ce que la plupart des colons partent sans histoire, mais selon un responsable, environ 300 familles pourraient être expulsées.

Face à cette montée de fièvre, plusieurs dirigeants des colons ont suggéré de désarmer volontairement les colons de la bande de Gaza, quelques jours avant l’évacuation, en échange d’un engagement de l’armée et de la police de ne pas porter d’armes durant l’évacuation. Eran Strenberg, porte-parole du bloc de colonies juives du Goush Katif, rejette cette proposition, jugeant les armes indispensables pour « l’autodéfense des résidents du Goush Katif ». « Le sang coulera, estime-t-il. Non pas parce que les colons sont violents, mais parce que le gouvernement placera des provocateurs dans la région, qui déclencheront des violences. »

Par P. S.-P, lefigaro.fr