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Crise autour du foulard en Turquie

dimanche 8 juin 2008, par Kahina

L’interdiction controversée du port du foulard islamique dans les universités de Turquie a été confirmée par la cour constitutionnelle.

Le foulard en Turquie.

Même les médias occidentaux, d’habitude assez orientés sur ces question relatives à la pratique de l’islam dans un contexte de société laïque, reconnaissent que des sondages récents, effectués en Turquie, révèlent que plus des deux tiers des femmes de ce pays laïque portent le foulard et sont favorables à la révision de la loi qui l’interdit à l’université. Un témoignage d’agences de presse qui met à mal une cour constitutionnelle qui a invalidé, avant-hier, un texte levant cette très impopulaire restriction de la liberté individuelle. La montée au créneau de l’AKP ne peut pas surprendre les cercles de décision de l’Etat turc. Hier, ce sont des milliers de femmes portant le foulard qui ont arpenté les rues d’Istanbul et de Diyarbakir, dans le sud-est du pays, pour protester et exprimer leur désapprobation contre les responsables de l’invalidation de l’amendement en faveur du port du voile pour les étudiantes. « Maudits soient ceux qui sont derrière les juges (...) Allah est le plus grand. »

Fort de ce soutien massif objectif de la société sur cette question, l’AKP s’est autorisé un violent réquisitoire contre la cour constitutionnelle, jouant la carte du quitte ou double en risquant une offensive face à ceux qui menacent de le dissoudre pour atteinte à la sacro-sainte laïcité. « La décision de la cour constitutionnelle représente une ingérence directe dans le travail du pouvoir législatif et une violation flagrante du principe de séparation des pouvoirs (...) Elle n’est habilitée qu’à examiner les questions de procédure d’adoption des lois par le Parlement et ne peut pas se prononcer sur leur contenu », a clairement signifié, dans une déclaration à la presse, Dengir Mir Mehmet Firat, vice-président du parti. Une virulente attaque, certainement décidée au cours d’une réunion marathon de l’AKP contre cette toute-puissante institution pour fragiliser la thèse de la légalité prônée par des technocrates actionnés par l’armée turque, réel rempart laïque qui s’efforce de contenir depuis des années une dynamique islamiste pourtant pacifique en Turquie. Mais le front laïque bénéficie du soutien de l’armée et du pouvoir judiciaire ainsi que de nombre de hauts cadres dans les institutions qui s’appliquent à surveiller toute velléité des islamistes de prendre trop d’ascendant dans la vie politique du pays, quelle que soit leur légitimité obtenue par les urnes. C’est en fait d’une crise de confiance qu’il s’agit vis-à-vis d’une majorité soupçonnée de vouloir régenter la nation héritière d’Atatürk selon les lois rigoristes islamistes. Un projet qui ne sied naturellement pas aux défenseurs du caractère laïque de la Turquie contre vents et marées.

Synthèse de Kahina, www.algerie-dz.com
D’après le Jeune Indépendant