Des téléphones mobiles mutants

Depuis l’avènement des premiers photophones (mobiles équipés d’un appareil photo numérique), le téléphone portable est devenu une véritable prothèse de l’individu, une extension qui lui permet de garder le contact avec son réseau. Mais il est également devenu bien plus. Ainsi, quand il ne se porte pas autour du cou comme objet de mode identifiant de son niveau social (forcément hype), les dernières innovations embarquées - de la 3G en passant pas le GPS - démontrent que le mobile est amené à occuper une place d’autant plus importante qu’il phagocyte pratiquement tous les autres appareils, faisant sien leurs fonctions.

Des mutants protéiformes qui, reconnaissons-le, savent se rendre très utiles. Quand on apprend à les dompter. Et à les prendre pour ce qu’ils sont : des appareils hi-tech pratiques que l’on a le droit d’éteindre. Parfois pour son bien être et celui des autres.

Les mobiles 3G
Avec ses promesses de visiophonie, de télévision mobile et de vidéo on demand dans la poche, les nouveaux mobiles 3G sont en tête des linéaires. Nous avons essayé l’un de ses mobiles nouvelle génération... Et force est de constater que, en l’état, les promesses ne sont pas tenues. Ou du moins que les résultats obtenus n’ont strictement rien à voir avec la publicité de SFR dans laquelle une personne dans le bus attrape un bon mal de mer en visionnant un ami sur un bateau. En vrai - et même sans bouger le terminal - l’image d’une scéance de visiophonie est saccadée, pixelisée et, pire encore, le son - moins bon que sur un réseau traditionnel - est de temps à autre coupé. En plus les forfaits et les coûts des communications sont actuellement rédhibitoires.

Et même si le concept reste in fine résolument charmant et bluffant, surtout que l’image est amenée à gagner en fluidité dès que le réseau 3G sera étendu, on doute de son adhésion. L’intérêt d’être équipé ne tient que si son entourage est également équipé. Et puis, il n’est pas non plus certain que les hommes, premiers prescripteurs en matière de nouvelle technologie, tiennent à ce que leur concubine les voie quand ils sont « au bureau, promis chérie, je suis désolé, je ne peux pas rentrer ce soir. Tu sais ce que c’est j’ai beaucoup de travail ; mais oui je suis au bureau... »
En revanche, pour les chefs de chantiers qui doivent rendre compte à un ingénieur de l’état d’avancement des travaux, le concept peut déjà être utile.
Les mobiles 3G sont disponibles chez SFR et Orange. L’abonnement 3G minimum est environ de 50 €, auquel il faut ajouter le coût d’acquisition du mobile.

Blackberry Série 7100
Compagnon de tout exécutif

américain qui se respecte, les mobiles Blackberry débarquent en France. Un peu plus encombrant qu’un téléphone classique, le dernier modèle - le 7100 - se distingue par un impressionnant clavier et un très grand écran. Pour chaque touche, outre les traditionnels chiffres, on trouve deux lettres. Et, si leur agencement n’est pas alphabétique mais reprend celle des claviers Azerty, c’est que la fonction première d’un Blackberry est de recevoir et d’émettre des courriers électroniques en push (c’est-à-dire en temps réel, vous les recevez donc dès qu’ils arrivent sur le serveur de votre messagerie). Convenablement configuré - le service technique joint par téléphone est exemplaire et d’une grande efficacité - le 7100 affiche les mails des comptes principaux, sans les effacer du serveur, puisque ces derniers transitent via un compte mail propriétaire qui les copie. De retour au bureau, on pourra donc reconsulter ses mails et les archiver. En ce qui concerne la saisie des mots, le système inventé par RIM (la société à l’origine du concept) appelé SureType, bien plus intuitif que le système T9 des mobiles « classiques », consiste à opter pour l’agencement des mots au fur et à mesure, le dictionnaire intégré intervenant pour prendre la main très rapidement.
Il est donc réellement possible d’écrire de petits mails.
Plus fort encore : certaines des pièces-jointes intégrés aux mails reçus peuvent être consultées : documents Word et Txt, PDF, certains tableaux Excel...

L’appareil plaira, c’est certain, à tous les commerciaux et autres responsables qui voyagent et se doivent réellement de répondre à leurs mails à la minute où ils arrivent. Mais attention, l’addiction n’est pas loin. On compte déjà quelques divorces aux Etats-Unis, à cause de maris qui ont abandonné leur femme, au profit d’un Blackberry trop insistant.

Tom Tom Mobile
Et si le téléphone se muait en GPS ?

L’idée n’est pas absurde. Et les deux grands spécialistes de la géolocalisation, Tom Tom et Via Michelin, proposent chacun une solution. Après essais, on préfère largement le système Tom Tom Mobile qui est un vrai petit bijou. Que ce soit en terme de design, de souplesse d’utilisation ou d’efficacité. Hélas, aujourd’hui seuls trois mobiles (le Nokia 6600, l’Orange SPV E200 et le QTek 8080) acceptent la MMC (une petite carte mémoire) de 256 Mo où sont stockées toutes les routes mais aussi une multitude de points d’intérêts (lieux touristiques, hôtels, vues panoramiques, ports, distributeurs d’argent, stations essence, et autres). Testé avec le Nokia 6600, ce système GPS se révèle d’une étonnante simplicité et d’une convivialité quasi-absolue. Surtout que le système et l’interface de ce constructeur sont déjà particulièrement stables et intuitifs.

Un petit module à placer sur la plage avant de la voiture s’occupe d’établir une liaison avec un maximum de satellites afin de définir une triangulation - votre position de deux à cinq mètres près de précision. Il communique ensuite via bluetooth avec le logiciel installé dans la fameuse carte MMS. Il suffit alors de définir sa destination (ville, nom de la rue et numéro) pour qu’en moins de 10 secondes un itinéraire soit affiché ! Il est également possible de définir un itinéraire en dehors du point défini par la géolocalisation, de demander le calcul d’un itinéraire bis en cas d’embouteillage, de naviguer sur une carte de France vue de dessus, ou de bénéficier d’une vue en 3D exactement similaire à celle utilisée par les taxis, de dézoomer pour voir toute la France ou de zoomer pour ne voir qu’une impasse. Bluffant.

En contrepartie les batteries du portable et du module de réception du signal sont soumises à rude épreuve. Et une après-midi d’utilisation semble bien le maximum possible. Donc un système aussi indispensable que gourmand en batterie. Prévoyez déjà de mobiliser l’allume-cigare transformé à l’occasion en prise de courant...

Le système propose aussi une large palette de voix qui se chargeront de vous prévenir quand tourner. Il recalcule également immédiatement un nouvel itinéraire si vous n’avez pas voulu tourner où il le préconisait. Et si un appel téléphonique est activé, le logiciel continuera malgré tout à afficher le tracé, seule la voix qui indique les directions se taira pendant votre appel.

Dernier point : il est possible d’ajouter ses propres points d’intérêts, une option qui ravira sûrement tous les grands voyageurs qui trouveront sans problème et gratuitement sur Internet les coordonnés GPS de tous les radars mobiles et fixes qui maillent le territoire français...

HP Pocket PC iPAQ h6340 Pocket PC
Un agenda électronique griffé

Hewlett Packard. En fait un objet nomade ultime puisque, outre toutes les applications propres aux agendas électroniques, cet iPAQ intègre également un téléphone quadribande, qui propose également des liaisons Wifi, Infrarouge et Bluetooth. Pour faire bonne mesure, au niveau logiciel, rajoutez Outlook (pour la réception et l’archivage des mails), Word, Excel et Windows Média Player (pour regarder des films ou écouter de la musique au format MP3). Ce n’est plus vraiment un agenda électronique, ni un téléphone. Mais l’objet préfigure assez bien la tendance actuelle. La convergence. On apprécie donc. Reste que le prix le destine pour le moment à un usage essentiellement professionnel.

Par Sébastien Lubrano, lefigaro.fr