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Garry Kasparov abandonne définitivement la compétition

samedi 12 mars 2005, par Stanislas

Le Russe, qui a été durant vingt ans numéro un mondial des échecs, a indiqué, jeudi, qu’il se consacrerait désormais à l’écriture et à la politique en Russie.

Le Russe, qui a été durant vingt ans numéro un mondial des échecs, a indiqué, jeudi, qu’il se consacrerait désormais à l’écriture et à la politique en Russie.
L’ancien champion du monde d’échecs et numéro un mondial, le Russe Garry Kasparov, a annoncé, jeudi 10 mars à Linares (sud de l’Espagne), qu’il abandonnait définitivement la compétition. Le champion a expliqué avoir pris cette décision en raison de l’énorme pression qu’il a dû supporter au cours des dernières années et s’est plaint du manque de soutien de la Fédération internationale des échecs (FIDE).

"Je jouerai aux échecs, parce que ça me plaît beaucoup, mais plus sur un plan professionnel. Je ferai encore des parties simultanées ou des blitz [parties rapides] mais rien de plus", a dit le Russe, 41 ans, au cours d’un point de presse. "Je ne veux pas être prétentieux ni donner de leçons à personne. Je veux vivre ma vie", a poursuivi l’"ogre de Bakou", confiant sa "déception concernant le processus de réunification du titre" mondial.

Celui qui a été durant vingt ans numéro un mondial des échecs avait annoncé, en janvier, qu’il se retirait du championnat 2005 de la FIDE après l’annulation de plusieurs parties. "En 2002, j’ai rejoint la FIDE à Prague afin d’unifier le championnat du monde", mais depuis, "des matches ont été programmés quatre fois et chaque fois, les délais ont été dépassés, tandis que les garanties financières étaient ignorées", avait alors déclaré le joueur.

Kasparov avait créé dans les années 1990 l’Association professionnelle des échecs (PCA) avec d’autres grands maîtres internationaux entrés en dissidence avec la FIDE, l’organisation officielle.

"Il est difficile de prendre une telle décision parce que je suis arrivé au sommet grâce à ma passion et mon amour des échecs", a souligné le champion, qui a jugé que les échecs traversent une grave crise et que son départ permettra peut-être à d’autres joueurs de se pencher sur le problème.

"Je crois que la seule manière dont je puis aider est de me retirer", a-t-il affirmé, reconnaissant n’être pas parvenu à recomposer le monde des échecs.

ÉCRITURE ET POLITIQUE

Kasparov, très ému, a indiqué qu’il se consacrerait désormais à l’écriture et à la politique en Russie. "Toutes les personnes convenables devraient s’unir contre le dictateur", a-t-il déclaré en référence au président russe, Vladimir Poutine, assurant souhaiter mettre en œuvre certaines idées.

Le joueur de légende continuera d’écrire pour achever sa série Mes grands prédécesseurs (sur les grands joueurs d’échecs du passé) et un nouveau livre dans lequel il entend montrer comment prendre certaines décisions et qui aura pour titre Comment la vie imite les échecs.

Garry Kasparov a fait cette annonce alors qu’il venait de remporter le tournoi de Linares (Andalousie) pour lequel il avoué son attachement. "C’est le meilleur tournoi du monde, c’est un tournoi merveilleux." "Je voulais m’en aller ici", a-t-il conclu, avant de quitter la salle accompagné de sa mère Clara, qui pleurait à chaudes larmes.

L’ancien champion du monde est sorti victorieux du 22e tournoi d’échecs de Linares après avoir cependant perdu sa dernière partie face au Bulgare Veselin Topalov, numéro 3 mondial. Cette partie s’acheminait vers un nul lorsque Kasparov a commis une erreur alors qu’il ne restait que les rois et des pions sur l’échiquier.

AFP, lemonde.fr