Accueil > PORTRAITS > George W. Bush : Un président chef de guerre

George W. Bush : Un président chef de guerre

dimanche 2 janvier 2005, par Hassiba

Si le monde avait voté le 2 novembre, John Kerry serait aujourd’hui le président des États-Unis. Mais les citoyens américains, et eux seuls, ont décidé, en toute souveraineté, d’élire une deuxième fois George W. Bush.

Alors que le monde entier souhaite porter au pouvoir un chef de paix, les américains ont choisi, par sécurité ou autre argument, de faire confiance à leur chef de guerre.

“Les États-Unis ont déjà mis des ennemis à genoux et nous allons le faire de nouveau. Nous n’arrêterons pas de défendre la liberté et aussi tout ce qui est bien et juste dans notre monde”, a déclaré Gorge W. Bush dans un des ses discours. Peu intéressé par la politique internationale, Bush “junior” s’appuie largement sur ses conseillers, notamment son père et initiateur. Cependant, son Administration a légitimé plusieurs actions entreprises à l’étranger sous prétexte de lutte contre le terrorisme, mais aussi au nom d’une certaine vision de l’Amérique, investie d’une mission de démocratisation et de liberté. George W. Bush semble ainsi avoir une vision “simpliste” du monde, dans lequel le Bien et le Mal s’affrontent. D’ailleurs, l’écrivain et ancien conseil de la sécurité à la maison-blanche, Zbigniew Brzezinski, écrit dans son ouvrage l’avertissement (éditions Odile Jacob) : “Avec une telle politique internationale, l’Amérique pourrait se retrouver isolée dans le monde hostile...”

Selon le géopolitologue, les États-Unis a mis en œuvre une politique d’extérieur, à la fois, isolatrice pour préserver le territoire national afin d’éviter un éventuel attentat d’envergure, comme celui du 11 septembre ; et interventionniste pour que la guerre soit portée chez l’ennemie définie en fonction de critères approximatifs et parfois arbitraires et unilatéralistes. Ainsi, il est inutile de s’encombrer d’alliés. Même si cette politique - isolation, interventionnisme et unilatéralisme - n’apparaît pas sous ses traits de l’époque de la guerre froide, il n’en demeure pas moins qu’elle s’est accompagnée d’un retour à l’inquiétude à l’égard de l’étranger.
Le monde extérieur est désormais perçu comme une source de danger extrême. Enfin, c’est la conviction de Bush et de son gouvernement concernant la politique étrangère et sa méfiance face aux problèmes mondiaux. Le journaliste René Mailhot, de Sans-frontières, spécialisé en politique internationale, n’hésite pas à parler d’une relation carrément “mauvaise” entre George W. Bush et le monde. Plusieurs sondages démontrent, également, que les citoyens des autres pays perçoivent les États-Unis de façon plus défavorable que par le passé. Quant à l’opinion publique arabe, elle est carrément hostile à George W. Bush, une situation qui n’est pas sans risque pour les États-Unis.

Lutte antiterroriste
La politique étrangère américaine s’articule en grande partie autour de la sécurité. Les États-Unis ont mené des actions militaires dans plusieurs pays, avec la collaboration des armées locales, mais ils ont surtout orchestré deux guerres.

Après l’Afghanistan, le président Bush a laissé entendre que la guerre contre le terrorisme pourrait s’étendre à d’autres pays, présentant l’Irak, la Corée du Nord et l’Iran comme des États abritant des régimes terroristes. Cependant, la maison-blanche a mis sur pied une nouvelle stratégie de sécurité nationale basée sur le concept de guerre préventive, c’est-à-dire sur le droit d’attaquer un ennemi potentiel avant qu’il n’attaque. En revanche, cette politique a été jugée dangereuse par la communauté internationale.

La guerre en Afghanistan...
La première phase de la lutte antiterroriste, à laquelle la communauté internationale a quasi-unanimement donné son appui, a été la riposte en Afghanistan, qui abritait le réseau Al-Qaïda accusé d’avoir orchestré les attentats du 11 septembre. Résultat : le régime taliban est tombé. Les bases du gouvernement afghan, qui dans les faits n’exerce son autorité qu’à Kaboul, restent cependant fragiles.
En tout, 8 500 soldats américains demeurent en poste en Afghanistan. Quant à Oussama Ben Laden, le dirigeant d’Al-Qaïda, il court toujours.

...et en Irak
Accusé par Washington de détenir des armes de destruction massive et de violer les droits de l’Homme, l’Irak a été la première cible de la “guerre préventive”. Appuyés par les Britanniques, les Américains sont intervenus sans l’aval de l’ONU et se sont heurtés, notamment à l’opposition de la France et de la Russie. En outre, les enjeux déclarés par Washington pour intervenir en Irak ont laissé plusieurs observateurs sceptiques, qui insistaient plutôt sur la présence marquée de pétrole en Irak. Aujourd’hui, la Maison-Blanche est accusée d’avoir exagéré la menace des armes de destruction massive irakiennes et désinformé le public. Il est à noter que plusieurs membres de l’administration Bush soutenaient une guerre en Irak bien avant le 11 septembre 2001.

Le dictateur déchu Saddam Hussein a été capturé, mais on n’a trouvé aucune trace des armes de destruction massive. Si les États-Unis ont gagné la guerre et capturé Saddam, ils ont beaucoup de difficulté à maintenir la paix en Irak, qui est secoué par de multiples attaques terroristes, à moins d’un mois du scrutin. Et plus de 1000 soldats américains ont trouvé la mort dans ce pays.

Conflit israélo-palestinien
Pour la première fois, Washington soutient la création d’un État palestinien indépendant. Toutefois, l’administration américaine continue à soutenir Israël de manière inconditionnelle. George W. Bush s’aligne toujours sur les arguments de l’État hébreu. Bien que les États-Unis veuillent bien appliquer la “feuille de route” du quartette international, il n’en demeure pas moins qu’ils laissent Israël agir à sa guise. Le plan de séparation de la bande de Gaza imposé par Ariel Sharon en est la parfaite illustration.

Le Grand Moyen-Orient
Le père voulait instaurer un “nouvel ordre” au Proche-Orient, le fils a lancé le plan d’un “Grand Moyen-Orient”, qui viendrait bouleverser la carte géopolitique s’étendant du Maroc au Pakistan. L’initiative américaine promet la démocratisation, l’ouverture économique, l’amélioration de la situation des femmes, le développement, la sécurité et la réforme de l’éducation (libre de toute influence d’un islam fondamentaliste).

Le gouvernement Bush admet ainsi que la lutte antiterroriste passe également par la lutte contre la pauvreté et le sous-développement. Réaction des dirigeants arabes : il n’appartient pas à des pays extérieurs d’imposer leurs vues aux pays de la région et l’islam n’exclut pas la modernité.

Par Nabila Afroun, Liberté