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Grave revers pour Silvio Berlusconi

mardi 5 avril 2005, par nassim

La majorité de Silvio Berlusconi a subi une défaite cinglante aux élections régionales, avec la perte annoncée de six des huit régions qu’elle dirigeait.

« Pour la majorité, c’est une défaite. Il n’y a aucun doute », a commenté Marco Follini, le secrétaire général de l’Union des démocrates chrétiens et du centre (UDC), le petit parti centriste de la coalition de M. Berlusconi. L’échec est tel qu’il a ramené ce scrutin sur le devant de la scène, alors que le monde entier pleure le pape Jean-Paul II. Le revers le plus lourd de conséquences pour Silvio Berlusconi est la perte du Latium, la région de Rome, reconnue par son président sortant avant même la publication des résultats définitifs.

C’est une défaite sévère pour Silvio Berlusconi. Sa majorité devrait perdre douze des quatorze régions à l’issue des élections régionales de dimanche et lundi, selon des résultats encore partiels. Elle ne conserverait que la Lombardie et la Vénétie.

Près de 42 millions d’électeurs ont été convoqués aux urnes. La participation a atteint 72%, un taux assez soutenu. On ne connaît pas encore les résultats dans les deux provinces et les 367 communes, dont neuf chefs-lieux, où un scrutin a également eu lieu.

Il s’agit du troisième recul électoral significatif du centre-droit au pouvoir depuis 2001. Aux municipales de 2003 et aux européennes de l’an dernier, son score avait déjà été inférieur à ses attentes.

L’opposition a aussitôt pavoisé. « Nous avons largement vaincu. Quand nous sommes unis et sereins, nous l’emportons », a commenté à chaud le leader de l’Unione, Romano Prodi. « C’est un énorme succès. Le centre-gauche est devenu majoritaire dans le pays », a renchéri le président des Démocrates de gauche (DS, ex-PCI) Massimo D’Alema, contraint en l’an 2000 de démissionner de la présidence du Conseil après avoir perdu les précédentes régionales.

Pour le député DS et ancien juge d’instruction Antonio Di Pietro, « le gouvernement a déçu les Italiens et doit rentrer chez lui : mieux vaut des élections anticipées tout de suite qu’un an d’agonie supplémentaire », a-t-il commenté, faisant allusion aux législatives prévues en 2006. Pour le centriste Bruno Tabacci, qui fait pourtant partie de la majorité, ce vote a été un « référendum contre Silvio Berlusconi », un commentaire qui a suscité de vives réactions des leaders de la majorité.

Deux facteurs ont joué contre le gouvernement, bien qu’il s’agisse d’élections où les considérations locales prennent souvent le pas sur les grandes options nationales. Le premier est imputable à la santé guère florissante de l’économie italienne. Le second découle de la manière dont la coalition au pouvoir a fait voter au Parlement une réforme fédérale modifiant une cinquantaine d’articles de la Constitution sans le consentement de l’opposition.

Ces deux facteurs ont alimenté la campagne du centre-gauche dans le Mezzogiorno. L’opposition a accusé l’exécutif de réduire les budgets de santé et d’imposer une réforme constitutionnelle renforçant les préro gatives des régions du Nord plus riches, au détriment de la solidarité nationale.

C’est ainsi que dans les Pouilles, région renommée par ses oliviers face à l’Albanie, le candidat communiste de l’Unione, Nichi Vendola, 46 ans, devrait l’emporter face au gouverneur sortant de Forza Italia, Raffaelle Fitto. Les sondages lui donnaient pourtant six points de retard sur son rival en début de campagne.

Le grand perdant est Francesco Storace, gouverneur sortant du Latium et membre d’Alliance nationale (droite). Le sort de la région la plus peuplée d’Italie s’est joué dans un mouchoir de poche. Francesco Storace, qui présentait pourtant un bilan très honorable, a dû s’incliner devant le journaliste de télévision Piero Marrazzo, du centre-gauche. « La tendance ce soir est à la victoire du centre-gauche au cours de ce qui a été pour nous une hécatombe dans toute l’Italie », a-t-il concédé hier soir.

Par Richard Heuzé, lefigaro.fr