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Hommage à Saïd Mekbel

mardi 7 décembre 2004, par nassim

Voilà dix ans que Saïd Mekbel, chroniqueur du Matin, plus connu sous le pseudonyme de Mesmar Djeha, a été assassiné.

L’hommage qui lui a été rendu samedi soir à Montreuil en présence de sa veuve, Marie-Laure Mekbel, à l’initiative d’une poignée d’amis, était convivial, et discret à l’image de ce qu’était cette plume talentueuse et engagée.

Il y avait ceux qui avaient connu Saïd Mekbel, croisé son chemin - des journalistes, des cinéastes, producteurs et animateurs d’émissions de radio, dessinateurs de presse, artistes, militants associatifs, militants politiques de gauche... mais aussi beaucoup de personnes, notamment des jeunes, qui ne l’avaient jamais rencontré, mais qui étaient venus par solidarité, par soutien à la presse algérienne. Pour lui, écrire c’était d’abord écouter et voir. A travers ses chroniques, il savait comme personne d’autre faire résonner l’histoire de ces dernières années en Algérie. Ses idées, il les trouvait dans la rue ou chez les hommes. Il travaillait partout... Il avait conscience d’être proche des autres, de leur appartenir, c’était là sa seule satisfaction professionnelle.

Il rapportait les événements sans faire de distinction entre les grands et les petits, il avait fait de cette vérité sa devise : rien de ce qui eut jamais lieu n’est perdu pour l’histoire », ont voulu rappeler ceux qui ont pris l’initiative de cet hommage, soutenus par les associations AlgériEnsemble et le Collectif de solidarité Algérie-Montreuil(Cosam). L’hommage, entrecoupé de lectures de chroniques de Saïd Mekbel, a commencé par un débat public très animé sur « la presse algérienne durant la décennie noire, entre les balles des islamistes et la répression du pouvoir », avec Hakim Soltani, ancien journaliste au Matin et d’autres journalistes ; Les journalistes en Iran : les ligne rouges et la répression noire, par Chahla Chafiq, sociologue ; « L’arme du rire dans la presse algérienne » par Farid Mammeri, écrivain et critique d’art, ancien journaliste.

L’auditoire a pu apprécier un excellent one man show de Gyps : « Algé Rien ». En plus de ses qualités de dessinateur de presse, Gyps a fait une démonstration de son talent d’auteur interprète de théâtre. Au chapitre de la musique, Hocine Boukella, connu également sous la signature de Elho (dessinateur de presse) ou de Chikh Sidi Bémol (gourbi-rock), Karim Albert Kook (blues), Amirouche (chanteur chaoui), Rabah du groupe MBS - Micro Brise le Silence, a rappelé qu’il était dans sa classe au lycée à Hussein Dey quand il a entendu des coups de feu, ceux qui venaient d’abattre Saïd Mekbel, non loin du siège du journal Le Matin, dont il assurait, à cette époque la direction par intérim.

Nadjia Bouzeghrane, El Watan