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IRAK : Georges Bush tient à sa guerre

jeudi 15 avril 2004, par Hassiba

“Le 30 juin, la souveraineté sera placée entre les mains des Irakiens”, a déclarée d’emblée George Bush lors de sa conférence de presse dans la nuit de mardi à mercredi. “Nous avons fixé cette date. Il est important que nous la respections”, a-t-il ajouté, écartant ainsi toute éventualité de report de l’opération, estimée probable par les analystes de la scène irakienne en raison de la recrudescence de la violence dans ce pays depuis quelques jours.

Quant aux modalités de transfert, le patron de la Maison-Blanche attend beaucoup du travail qu’effectuera sur place l’Algérien Lakhdar Brahimi. “Nous travaillons étroitement avec l’envoyé spécial des Nations unies, Lakhdar Brahimi, et avec les Irakiens pour déterminer la forme exacte du gouvernement qui recevra la souveraineté le 30 juin”, a affirmé Bush à ce sujet.

Il attend, cependant, toujours une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’Irak dans l’espoir de voir d’autres pays se joindre à l’éffort de reconstruction de ce pays. Quant à la détérioration de la situation sécuritaire depuis quelques jours en Irak, le chef de l’État US a réfuté l’idée d’un soulèvement populaire. Selon lui, il ne s’agit que d’une “tentative d’éléments extrémistes et impitoyables de s’emparer du pouvoir”.

Il n’a pas manqué bien sûr de mettre en cause “les partisans de Saddam Hussein et les terroristes étrangers qui se sont infiltrés en Irak pour inciter et organiser des attaques”. Dans ce même ordre d’idées, des informations émanant du commandement US faisaient état de la présence à Falloudjah du Jordanien Mossaab Ezzarkaoui, un des responsables de la nébuleuse Al-Qaïda. Bush a catégoriquement rejeté la comparaison que se plaisent à faire ces derniers jours des responsables démocrates entre l’Irak et le Vietnam. “Je pense que ce parallèle est faux”, a-t-il dit, avant d’ajouter : “Je crois aussi que ce parallèle envoie un message erroné à nos troupes et à l’ennemi.”

Concernant le jeune imam chiite Moqtada Sadr, Bush insiste pour qu’il réponde “des chefs d’accusations portées contre lui” et sur “le démantèlement de sa milice illégale”. Le locataire du bureau ovale s’est déclaré disposé à envoyer des renforts en Irak s’il s’avère que des troupes supplémentaires sont nécessaires. Bush, ainsi, persiste dans son attitude jusqu’au-boutiste, ne laissant aucune place au doute quant à un éventuel échec de la mission en Irak. “Les conséquences d’un échec en Irak seraient inimaginables. Tous les ennemis de l’Amérique dans le monde se féliciteraient, proclamant notre faiblesse et notre décadence, et utiliseraient cette victoire pour recruter une nouvelle génération de tueurs”, a indiqué Bush à ce sujet. Enfin, il s’est déclaré surpris par l’importance des recettes pétrolières irakiennes, qui ont largement dépassé les estimations les plus optimistes. “Un an après la libération de l’Irak, les revenus tirés du pétrole sont sacrément impressionnants”, a dit Bush. C’est là une phrase qui confirme tout l’intérêt qu’il porte à cette matière première stratégique.

Situation en Irak

Washington sollicite l’aide Iranienne

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Kamal Kharazi, a affirmé, hier, que les États-Unis avaient demandé l’aide de Téhéran pour régler la crise en Irak et que l’Iran œuvrait dans ce sens, dans une déclaration aux journalistes après le Conseil des ministres. “Nous avons beaucoup de correspondances (avec les Américains). À propos de l’Irak, nous avons également eu beaucoup d’échanges de courrier. Tout naturellement, il y a des demandes de ce type pour que nous aidions à améliorer la situation en Irak et régler la crise, et nous menons des efforts dans ce sens”, a déclaré M. Kharazi. Il a ajouté que l’ambassade suisse à Téhéran, qui représente les intérêts américains en Iran, jouait le rôle d’“intermédiaire” entre les deux pays. Mais M. Kharazi a précisé qu’il n’y avait aucune négociation entre les deux pays actuellement. “Nous avons eu des négociations par le passé mais elles ont été interrompues”, a-t-il dit. “Nous avons le sentiment que les négociations ne servent à rien. Les Américains font des promesses qu’ils ne tiennent pas ensuite”, a-t-il précisé. “Ils (les Américains) ont emprunté une mauvaise direction (...) Réunir les pays voisins de l’Irak est un bon moyen pour conseiller les Américains et éviter qu’ils poursuivent leurs erreurs car ils ne connaissent pas la situation en Irak et ne connaissent pas la psychologie des Irakiens”, a encore déclaré le chef de la diplomatie iranienne. Le ministre faisait référence aux réunions entre les pays voisins de l’Irak (Iran, Koweït, Arabie Saoudite, Jordanie, Syrie, Turquie et Égypte) qui se sont tenues à plusieurs reprises ces derniers mois, la dernière ayant eu lieu à Koweït à la mi-février.
Kamal Kharazi a lancé une mise en garde contre toute action militaire américaine contre Najaf et Kerbala car elle “mobilisera le monde islamique” contre les Américains et ce serait une “catastrophe”.

“Les Américains ont utilisé la force militaire contre Saddam Hussein, et ils pensent aujourd’hui qu’ils peuvent aussi l’utiliser contre les Irakiens. C’est une erreur. Les problèmes de l’Irak peuvent être réglés avec sagesse et raison et non par la force”, a-t-il ajouté. Le directeur de la région du Golfe du ministère iranien des Affaires étrangères, Hossein Sadeghi, a été dépêché hier à Bagdad pour “examiner les événements en Irak et trouver les moyens de sortir de la crise”, a rapporté l’agence officielle Irna, citant un communiqué du ministère iranien des Affaires étrangères. “La mission doit rencontrer les dignitaires religieux irakiens, des responsables du conseil transitoire irakien et des dirigeants politiques” de ce pays, a indiqué Irna. Lundi, le général John Abizaid, chef du commandement central (Centcom), avait fait état “d’activités de la part de l’Iran qui n’aident pas” les forces de la Coalition.

Kofi Annan écarte tout retour rapide de l’ONU

Le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan a déclaré que “l’insécurité va constituer pour nous une contrainte majeure et il ne m’est pas possible de dire maintenant que je vais envoyer (en Irak) une équipe importante” en raison “de la détérioration de la situation et la violence sur le terrain”. M. Annan a cependant semblé écarter le report du transfert de la souveraineté sur l’Irak de la coalition américano-britannique aux Irakiens, prévu le 30 juin. “La date a été adoptée par les Irakiens eux-mêmes qui sont anxieux de voir l’occupation finir aussi rapidement que possible”, a-t-il déclaré.

Par Abdelkamel K., R.I, Agences ; liberte-algerie.com