Il y a 60 ans, Hitler se suicidait

La suite des événements

a fait l’objet de tant de supputations que, pendant des années, la mort d’Hitler a paru incertaine. Aujourd’hui, 60 ans plus tard, les historiens s’entendent généralement sur deux choses : Hitler et sa femme sont morts le 30 avril 1945 et leurs corps ont été brûlés dans les jardins près de la chancellerie du Reich, là où se trouvait l’entrée du bunker. Il existe au moins quatre témoignages contradictoires sur la façon dont Hitler a mis fin à ses jours et sur ce qu’on a fait de ses restes, écrit l’historien Joachim Fest dans son livre Les Derniers Jours d’Hitler (Éditions Perrin). Son ouvrage a notamment servi de base au film Der Untergang (La Chute, dans sa version française).

Depuis la mi-avril 1945, l’Armée rouge ne cesse de refouler les troupes allemandes vers la capitale. Dans la salle de conférence du bunker, Hitler continue à éplucher les cartes militaires, à peaufiner ses stratégies, à distribuer ses ordres sous l’oeil de plus en plus sceptique de ses généraux.

Le Führer a perdu de sa superbe. Il néglige son uniforme, est cerné, marche voûté en rasant les murs, cache de moins en moins les tremblements qui l’affectent, se gave de sucreries. Les trahisons, réelles ou présumées, de ses officiers provoquent des colères terribles. Mais à l’occasion de son 56e anniversaire, le 20 avril, il annonce sa décision : il restera à Berlin jusqu’à la fin.

Un mariage et deux suicides

Le 29 avril, au petit matin, un fonctionnaire dépêché au bunker célèbre le mariage d’Hitler avec Eva Braun. « L’idée saugrenue de ce mariage précédant leur double suicide (...) signale peut-être sa résignation définitive : il savait qu’il avait perdu la partie », écrit Fest. Jamais Hitler n’avait voulu se marier auparavant : la chose était incompatible avec l’idée qu’il se faisait d’un Führer.

Dans la matinée, la nouvelle de la mort de Mussolini en Italie choque le dictateur : son cadavre a été promené par la foule enragée et pendu par les pieds. Hitler donne des instructions précises pour faire disparaître son corps après sa mort.

Le dictateur et sa femme s’enferment alors dans leurs appartements l’après-midi du 30 avril. Un coup de feu retentit. Des officiers ouvrent la porte de l’antichambre. Hitler gît sur le canapé, le mur est maculé de sang. Il a croqué une ampoule d’acide prussique avant de se tirer une balle dans la tempe droite. Ou dans la bouche, selon les versions. Selon une autre version, ce serait même une troisième personne qui lui aurait tiré une balle dans la tête. Eva Braun, quant à elle, gît à ses côtés. Elle n’a pris que du poison.

Les officiers enveloppent les corps dans des couvertures et les emportent à l’extérieur du bunker, où des bidons d’essence ont été rassemblés. Les tirs de l’ennemi leur compliquent la tâche. Ils réussissent à déposer les corps non loin de l’entrée, les aspergent d’essence et y mettent le feu. En soirée, le sergent SS Hermann Karnau va examiner les corps mais ne voit que « des flocons emportés par le vent ».

Hitler, mort ou vif ?

Les soldats soviétiques arrivent au bunker le 2 mai. C’est à ce moment que les versions les plus farfelues se chevauchent sur la découverte- ou non- des restes d’Hitler.

Le 4 mai, les Soviétiques exposent le corps d’un homme présenté comme Hitler. Ils doivent par la suite revenir sur la découverte, affirmant maintenant qu’il s’agissait d’un « sosie », avant de parler d’une « falsification ». Puis, Staline lui-même affirme qu’Hitler est toujours vivant, caché au Japon, ou en Argentine, ou en Espagne. Selon d’autres rumeurs, Hitler a été vu à Dublin, en Irlande, habillé en femme. Les histoires du genre ont couru, rappelle Joachim Fest, jusqu’au début des années 90... « Par une loi paradoxale de l’Histoire, la disparition quasi totale de Hitler lui a valu une étrange survie, écrit Fest. Les légendes entourant Hitler continuent à se perpétuer dans de nombreux esprits, parfois renforcées d’une génération à l’autre. »

Que sont devenus les restes du Führer ? S’ils ont finalement été récupérés par les Soviétiques, ces derniers les auraient détruits. Seul un fragment de la mâchoire d’Hitler et un crâne qui n’a jamais été formellement identifié seraient toujours à Moscou.

Et il n’y a pas de tombe pour Hitler à Berlin ou ailleurs, rappelle Paul Létourneau, professeur à l’Université de Montréal. « Les Russes ont fait en sorte que les restes disparaissent à tout jamais, pour ne pas qu’il y ait pèlerinage ni dévotion. »

Par Judith Lachapelle, cyberpresse.ca