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Jean Paul II, un pape de combat dans un monde en mutation

vendredi 1er avril 2005, par Hassiba

Premier pape slave de l’Histoire, Jean Paul II, 84 ans dirige l’Eglise depuis plus d’un quart de siècle, l’un des plus longs pontificats, dont les dernières années ont été obscurcies par les ravages de la maladie.

Elu le 16 octobre 1978, il a succédé à Jean Paul Ier, pape éphémère décédé après 33 jours de pontificat, devenant le premier pape polonais. Depuis quatre siècles et demi, il n’y avait eu que des Italiens sur le trône de Pierre.

Né à Wadowice, près de Cracovie (Pologne), le 18 mai 1920, Karol Wojtyla est issu d’une famille modeste. Son père Karol, apprenti-tailleur chez son propre père, fut enrôlé en 1900 par l’armée d’occupation autrichienne et y devint officier en 1915. Le futur pape a perdu sa mère à l’âge de neuf ans et trois ans plus tard, c’est son frère aimé, médecin, qui mourait, lors d’une épidémie de scarlatine en 1932.

Le jeune Karol travailla dans une mine de soude, tout en poursuivant ses études secondaires et universitaires. Pendant la guerre, il animait un groupe de théâtre clandestin tout en achevant ses études de séminariste. Il fut ordonné prêtre en 1946.

Après avoir été professeur de théologie, il devint évêque à Cracovie en 1964, participa au concile Vatican II et fut élevé au cardinalat en 1967.

Jean Paul II a consacré une grande partie de son pontificat aux voyages apostoliques dans le monde entier, parcourant plus d’un million de kilomètres, soit 29 fois le tour de la Terre. Il a passé un dixième de son temps hors de Rome, et des centaines de millions de personnes se sont déplacées pour le voir personnellement. Son regret sera de n’avoir jamais pu aller en Russie et en Chine.

Victime d’un attentat sur la place Saint-Pierre à Rome le 13 mai 1981, le pape a été blessé de trois balles par un extrémiste de droite turc, Mehmed Ali Agca. Depuis cette date, il a été hospitalisé à plusieurs reprises, subissant six interventions chirurgicales.

Mais surtout, Jean Paul II souffre depuis le début des années 1990 de la maladie de Parkinson, dont les symptômes sont devenus de plus en plus apparents ces dernières années, malgré son courage et sa détermination, maintes fois réitérée, à poursuivre sa mission jusqu’au bout.

Le pape est devenu incapable de se déplacer et souffre de difficultés d’élocution de plus en plus handicapantes, jusqu’à ne plus pouvoir parler en public.

La terrible détérioration de son état de santé, visible de tous, surtout après la trachéotomie subie le 24 février, a donné un aspect crépusculaire à la fin de son règne et altéré l’image d’un pape qui avait surpris le monde, au début de son pontificat, par son énergie et sa forme physique.

La paix et l’entente internationales ont figuré parmi les thèmes principaux de ses nombreux discours et documents, et il s’est notamment opposé avec vigueur à l’intervention militaire américaine en Irak au début de 2003, mobilisant une énergie qui lui faisait déjà défaut.

On attribue en partie à son action et à son influence les bouleversements qui se sont produits à la fin des années 1980 en URSS et dans les pays de l’Est, à commencer par la Pologne.

Jean Paul II a écrit quatorze encycliques, dont trois sur les questions socio-économiques, et est l’auteur de plusieurs livres à succès, dont une "Lettre aux familles" et un livre de réflexions sur le monde moderne, "Entrez dans l’espérance". En 2004, il a encore publié un livre de souvenirs et de réflexions.

Sur le plan économique et social, Jean Paul II est souvent intervenu sur les droits des travailleurs et l’évolution des différents systèmes économiques, critiquant fréquemment le capitalisme sauvage.

Enfin sur le plan moral, la protection de la vie humaine dès la conception et les principes traditionnels de l’Eglise catholique dans le domaine de la morale sexuelle ont été sans cesse réaffirmés avec vigueur, soulevant maintes critiques dans les milieux intellectuels occidentaux.

Sous son pontificat, une trentaine de pays ont établi des rapports officiels avec le Saint-Siège, dont l’URSS - et ensuite la Russie -, les Etats-Unis, le Mexique, tous les anciens pays communistes de l’Europe de l’Est, Israël, la Jordanie et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).

Jean Paul II a été le premier pape à présider une rencontre des dirigeants de toutes les grandes religions, à Assise (Italie) en 1986 et en 2002.

L’Eglise catholique a été accusée de "prosélytisme agressif" par les chefs des Eglises orthodoxes.

Jean Paul II a travaillé sans relâche à la réconciliation avec les Juifs. Premier pape à aller prier dans une synagogue - à Rome, en 1986 -, son pèlerinage en Terre Sainte en mars 2000 a marqué un tournant dans les relations entre les deux religions.

Après avoir demandé pardon à Dieu pour les fautes et les erreurs passées de l’Eglise, notamment à l’encontre des Juifs, le pape a renouvelé cette demande en Israël même, au mur des Lamentations à Jérusalem, le lieu le plus sacré du judaïsme.

CITE DU VATICAN (AFP),lefigaro.fr