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John Bolton malmené

vendredi 13 mai 2005, par nassim

Malgré le soutien franc dont il bénéficie de la part de l’administration Bush, le faucon républicain John Bolton fait face à une forte opposition au sénat où quelques républicains se sont joints aux démocrates pour rappeler ses dérapages verbaux passés et son mépris de l’ONU.

John Bolton, probable ambassadeur des USA auprès de l’ONU.

La commission sénatoriale des Affaires étrangères a accepté de remettre le sort de Bolton entre les mains de l’ensemble des sénateurs, étape préalable à la confirmation du candidat dans ses nouvelles fonctions. En revanche, contrairement à la procédure habituelle, cette commission pourtant contrôlée par les républicains a refusé d’appuyer le controversé faucon. La décision a été perçue à Washington comme une gifle administrée à George W. Bush. D’autant plus qu’un des sénateurs républicains membre de ladite commission, George Voinovich, a hier vertement critiqué Bolton. Il a cependant refusé de bloquer la candidature à l’étape de la commission, prétextant ne pas vouloir « imposer » son jugement à l’ensemble de ses collègues.

« J’aime John Bolton, a affirmé Voinovich. Mais je ne crois vraiment pas qu’il est le meilleur homme que nous puissions envoyer à l’ONU. » Ce sénateur de l’Ohio a promis de s’opposer à la candidature de Bolton lors du vote de l’ensemble des sénateurs. Certains autres des 10 républicains sur la commission ont émis des réserves sur Bolton. La majorité a néanmoins cautionné ce choix, y compris son président, Richard Lugar. Ce sénateur de l’Indiana a reconnu que le comportement de Bolton n’a pas toujours été « exemplaire », mais a dit ne pas avoir trouvé « de preuve qu’il ait violé des lois ou commis des entorses sérieuses à l’éthique ».

Rappelons que le controversé faucon de l’administration Bush a été dénoncé de toutes parts au cours des dernières semaines, entre autres par plusieurs de ses collègues du département d’État, où il est actuellement chargé du désarmement. Il est accusé d’avoir harcelé des subalternes, exagéré certaines menaces et tenté de se débarrasser de ceux qui ne partageaient pas son avis. « Je crois que John Bolton aurait été congédié s’il avait travaillé pour une entreprise importante », en a conclu hier Voinovich.

Il aurait par exemple tenté d’obtenir le renvoi d’analystes qui refusaient de valider un de ses discours sur l’existence d’un programme d’armes biologiques à Cuba. Même l’ancien secrétaire d’État, Colin Powell, a critiqué Bolton en privé lors de conversations avec des sénateurs républicains. Le soutien plutôt tiède de certains de ces sénateurs a d’ailleurs poussé le démocrate du Delaware, Joe Biden, à lancer à la toute fin d’audiences de plus de cinq heures que Bolton ne semblait pas « avoir la confiance de la majorité des membres de cette commission ». Biden, un des sénateurs démocrates les plus respectés dans la capitale américaine, a suggéré au président d’en prendre bonne note. Il a lui-même été l’un des plus féroces opposants, au sein de son parti, à la nomination de Bolton.

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Scott McClellan, s’est néanmoins dit confiant de voir Bolton obtenir sous peu le feu vert d’une majorité de sénateurs. « Nous respectons la décision du sénateur Voinovich, mais il y a de nombreuses personnes qui sont d’accord avec le président à savoir que John Bolton est la bonne personne au bon moment pour ce poste important », a dit McClellan lors de son point de presse quotidien.

Les républicains partent avec une longueur d’avance puisqu’ils disposent de 55 sièges au Sénat contre uniquement 45 pour les démocrates. Ceux-ci n’ont toutefois pas écarté la possibilité d’utiliser le filibuster, une pratique parlementaire d’obstruction de dernier recours, pour empêcher Bolton de faire son entrée à l’ONU.

Par Alexandre Sirois, cyberpresse.ca