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Joseph Ratzinger élu pape Benoît XVI

mardi 19 avril 2005, par Hassiba

Le cardinal allemand Joseph Ratzinger, chef de file des conservateurs, a été élu pape mardi, 17 jours après la mort de Jean Paul II, et a pris le nom de Benoît XVI, devenant ainsi le huitième pape allemand de l’Histoire.

Apparu souriant sur le balcon de

Joseph Ratzinger élu pape Benoît XVI.

la basilique Saint-Pierre à 18H47 (16H47 GMT), le théologien gardien de la doctrine, âgé de 78 ans, a été applaudi et longuement acclamé par une foule de quelque 100.000 fidèles en liesse, qu’il a remerciée en la saluant avec les mains jointes levées au dessus de la tête, avant de donner la bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde). Son élection a été d’abord annoncée par une fumée blanche sortie de la cheminée de la Sixtine, puis confirmée dix minutes plus tard par les cloches du Vatican sonnant à la volée. Avant même que les cloches ne retentissent, la foule des fidèles chantait "Habemus papam", la formule latine utilisée pour annoncer l’élection d’un nouveau souverain pontife.

La nouvelle s’est répandue immédiatement dans la ville et les Romains ont convergé par milliers vers le Vatican, sourire aux lèvres, certains en famille, d’autres venus seuls ou avec des voisins. Toute la Via della Conciliazione menant sur l’esplanade de la basilique Saint-Pierre était envahie et la circulation complètement bloquée, des fourgons de police arrivant en renfort pour tenter de canaliser la foule.

La forte personnalité de Joseph Ratzinger, doyen des cardinaux, avait dominé la période préparatoire ayant précédé le conclave, marquée par 12 congrégations générales. Champion du camp conservateur, préfet sortant de la congrégation pour la doctrine de la foi, l’un des rares à avoir l’expérience des deux précédents conclaves en 1978, le cardinal Ratzinger était d’emblée présenté comme le mieux placé pour succéder à Jean Paul II, dont il était proche.

Son intransigeance doctrinale rassure l’aile conservatrice pour laquelle Jean Paul II était allé trop loin dans la repentance de l’Eglise pour son histoire passée et dans le dialogue avec les autres religions. Mais elle rebute ceux qui souhaitent une Eglise sachant concilier affirmation des dogmes et dialogue avec la société.

Pour succéder au Polonais Karol Wojtyla, le nouveau chef de 1,1 milliard de catholiques a dû recueillir au moins deux-tiers des voix des 115 cardinaux électeurs venus de 52 pays et enfermés depuis lundi soir dans la chapelle Sixtine au Vatican. L’identité et le nom pris par le nouveau pape sont restés inconnus pendant une quarantaine de minutes avant d’être annoncés au balcon de la basilique Saint-Pierre par le premier des cardinaux diacres, le Chilien Jorge Arturo Medina Estévez. Benoît XVI est ensuite apparu pour la première fois aux milliers de fidèles, qui l’ont ovationné.

De Paris à Cracovie en passant par Madrid, Zagreb et La Havane, les cloches des principales églises se sont mises à sonner dans de grandes villes d’Europe, notamment à Munich (sud de l’Allemagne) où une messe devait être célébrée mardi soir à la Frauenkirche de la capitale bavaroise pour le nouveau pape Benoît XVI, originaire de Bavière.

Le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, l’a félicité, lui souhaitant "force et courage". "Sa Sainteté apporte une très grande expérience à cette fonction élevée", a déclaré le porte-parole de M. Annan dans un communiqué. "Les Nations unies et le Saint Siège ont en commun un engagement fort pour la paix, la justice sociale, la dignité humaine, la liberté religieuse et le respect mutuel parmi les religions du monde (...) Il tarde au secrétaire général de voir les contributions que fera le pape Benoît XVI pour renforcer ces valeurs", ajoute le communiqué.

Parmi les premiers à réagir, le chef historique du syndicat polonais Solidarité Lech Walesa, proche de Jean Paul II, s’est félicité du choix des cardinaux. "C’est un bon choix. La continuation de Jean Paul II. Il poursuivra la mission de notre cher pape", a déclaré à l’AFP l’ancien président polonais et prix Nobel de la paix. Le chancelier allemand Gerhard Schroeder a lui salué l’élection de son compatriote en le qualifiant de "digne successeur de Jean Paul II".

A Marktl, petit village natal de Joseph Ratzinger en Bavière, son élection a été accueillie avec jubilation. Un camion de pompiers circulait dans les rues de ce bourg de quelque 2.700 âmes pour inviter la population à se rassembler sur la place du marché où une grande fête était prévue en début de soirée. La messe d’inauguration du pontificat du nouveau pape aura lieu dimanche à 08H00 GMT, a annoncé mardi soir le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls. "Le pape dînera et dormira cette nuit avec tous les cardinaux, dans la résidence Sainte-Marthe", a-t-il dit.

Le nouveau souverain pontife va avoir désormais la lourde tâche de succéder à Jean Paul II, le premier pape de la mondialisation dont l’extraordinaire charisme a masqué la fragilité de l’Eglise catholique dans un monde en mutation. Il pourrait décider d’engager rapidement la procédure de béatification de son prédécesseur, répondant à une demande qui s’est manifestée dès le jour des obsèques parmi certains courants de l’Eglise.

Mais Benoît XVI va également être confronté à des enjeux redoutables liés à la chute des vocations, à la concurrence des autres religions et à l’évolution des moeurs.

Malgré les apparences, l’Eglise catholique est aujourd’hui plus faible qu’au début du pontificat de Jean Paul II il y a 26 ans : 17% de la population mondiale se réclame du catholicisme (17,75% en 1978) et le nombre de baptisés croît désormais moins vite que les naissances.

En revanche l’islam, les courants évangéliques inspirés du protestantisme et l’indifférence religieuse sont en pleine progression.

Source : AFP