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Joseph Ratzinger pourrait succéder à Jean Paul II

mercredi 13 avril 2005, par nassim

A six jours du début du conclave appelé à choisir le successeur de Jean Paul II, le cardinal allemand Joseph Ratzinger, l’un des plus proches collaborateurs du défunt souverain pontife, apparaît comme le favori initial.

L’ancien archevêque de Munich, doyen du Collège des cardinaux,

Joseph Ratzinger

a durant 23 ans dirigé l’influente Congrégation pour la doctrine de la Foi. Il s’y est révélé être un prélat conservateur, rejetant, en vrac, la théologie de la libération, la libéralisation sexuelle en Occident et la prétention des protestants à former une Eglise sui generis. Entre 40 et 50 des 115 cardinaux-électeurs lui sont acquis, estime la presse italienne au vu des congrégations générales des derniers jours, sorte de préconclave. Mais la fumée blanche ne sortira des cheminées du Vatican qu’en cas de majorité qualifiée des deux-tiers, soit 77 voix. De source proche du Saint-Siège, on souligne toutefois que, malgré cette "longueur d’avance" du prélat allemand, nombre de cardinaux demeurent indécis, ou partagés. L’aile libérale du conclave songerait à lui opposer une candidature commune, au moins symbolique, celle de l’ancien archevêque de Milan, Mgr Carlo Maria Martini, 78 ans.

L’adage veut que, lorsque l’"on entre pape au conclave, on en sort cardinal", aussi les observateurs du Saint-Siège font-ils valoir que l’avantage numérique dont dispose Mgr Ratzinger n’est qu’une indication préliminaire. Elle devrait se traduire au premier tour de scrutin, où, traditionnellement, les "clans" jaugent leurs forces respectives.

"Ratzinger paraît en position de force, mais savoir comment le scrutin se déroulera et qui en émergera est loin d’être évident", confie un ecclésiastique initié souhaitant conserver l’anonymat. La campagne des catholiques conservateurs pour obtenir une canonisation rapide de Jean Paul II - "Santo subito !", réclamaient des banderoles place Saint-Pierre lors des funérailles - semble faire le jeu de Mgr Ratzinger, en raison de sa proximité avec le défunt.

Les partisans de Mgr Ratzinger intensifient leurs efforts pour qu’il soit élu au pas de charge, note le quotidien romain La Repubblica. Le prélat semble faire campagne lui-même en laissant paraître ce mercredi un ouvrage intitulé "Des valeurs, en temps de bouleversement".

78 ANS SAMEDI

Il y dénonce l’effondrement des valeurs familiales traditionnelles, l’offensive pour autoriser les mariages homosexuels et l’incapacité présumée de l’Europe à assumer ses valeurs chrétiennes, une critique qui vise notamment le projet de constitution de l’UE.

La parution des "bonnes pages" de ce livre mercredi dans les colonnes du Sueddeutsche Zeitung, quotidien de son ancien archidiocèse munichois, intervient alors que, comme ses pairs, le cardinal Ratzinger sera, à partir de lundi, tenu au mutisme le plus complet vis-à-vis du monde extérieur.

Dans quelle mesure sa "profession de foi" conservatrice influera-t-elle sur ce conclave ? Il est prématuré de le dire. Mais un fait est certain, son grand âge - il aura 78 ans samedi - ne joue pas a priori en faveur du doyen du Collège des cardinaux.

Selon La Repubblica, mais aussi le Corriere della Sera, deux de ses influents compatriotes, les cardinaux Karl Lehmann de Mayence et Walter Kasper de la Curie, qui se sont opposés à Mgr Ratzinger dans le passé, se dresseront une nouvelle fois sur sa route.

Pour le moment, les prélats "modérés" semblent se regrouper symboliquement derrière le cardinal Martini, de longue date leur favori à la succession de Jean Paul II, avant qu’il ne renonce pour raisons de sante à l’archevêché de Milan en 2002.

Agé lui aussi de 78 ans, Mgr Martini a fait savoir qu’il n’était pas candidat, ce qui n’empêcherait pas que ses pairs libéraux votent pour lui au premier tour de scrutin afin d’afficher leur poids en attendant de trouver le "poulain" idéal.

Lors d’une des congrégation générales de la semaine dernière, Martini a lancé un appel à la réforme de l’Eglise catholique, soutenu en cela par le cardinal libéral et polyglotte hondurien Oscar Andres Rodriguez Maradiaga, 62 ans, autre "papabile", rapporte Il Corriere.

Les cardinaux sont convenus la semaine dernière de ne pas parler à la presse, mais les journalistes italiens qui suivent en permanence les affaires vaticanes bénéficient de "fuites", d’autant que la plupart des prélats impliqués parlent italien.

Quant à eux, les porte-parole du Vatican pratiquent actuellement la plus pure langue de bois.

Source : reuters.fr