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Joseph Ratzinger

mardi 19 avril 2005, par Hassiba

Joseph Ratzinger conserve un rôle de premier plan pendant le conclave comme doyen du Sacré Collège.

En tant que doyen du Sacré Collège,

Joseph Ratzinger.

le cardinal Joseph Ratzinger est l’un des hommes clés de la période d’intérim qui s’est ouverte avec la mort de Jean-Paul II, et qui se terminera avec l’élection d’un nouveau Pape, dans les semaines à venir. Une responsabilité à laquelle sa fonction de préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qu’il occupait depuis novembre 1981 mais qui a pris fin avec le décès de Jean-Paul II, l’a évidemment préparé.

Né le 16 avril 1927 à Marktl-am-Inn, village de Bavière où son père était gendarme, ordonné prêtre en 1951, il soutient deux ans plus tard une thèse de doctorat sur l’ecclésiologie de saint Augustin, qui demeurera pour lui une référence constante. Pendant près de vingt ans (1959-1977), il poursuit une carrière brillante comme professeur de théologie successivement à Bonn, Münster, Tubingen et Ratisbonne, tout en luttant, à partir de 1968, face à la tempête contestataire qui fait rage dans les universités : « Qui voulait rester progressiste devait vendre son âme », témoignera-t-il plus tard dans un livre d’entretiens (1). Il devient aussi, à partir de 1962, l’expert théologique du cardinal Joseph Frings, archevêque de Cologne, au concile Vatican II. Il met alors en avant des positions libérales, s’engageant notamment pour une réforme des méthodes du Saint-Office, future Congrégation pour la doctrine de la foi.

Reconnu comme un théologien de premier ordre, il est nommé archevêque de Munich par Paul VI en mars 1977, et créé cardinal quelques mois plus tard. Mais il ne restera que quatre ans dans la capitale bavaroise. Après avoir été rapporteur général du synode des évêques sur la famille, tenu à Rome en 1980, Jean-Paul II l’appelle en novembre 1981 à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi, puis lui renouvelle son mandat tous les cinq ans.

Défendre théologiquement la foi catholique
Alors que la plupart de ses prédécesseurs à ce poste hyper-sensible étaient des vétérans de la curie, soucieux avant tout de faire régner l’ordre des idées, lui vise d’abord à défendre théologiquement la foi catholique. Car, pour le cardinal, la crise du christianisme est à situer dans une crise plus profonde de la vérité. Il entre alors en résistance contre certaines interprétations du concile Vatican II, ce qu’il appelle « les exagérations d’une ouverture sans discernement au monde » (1).

Tout au long du pontificat de Jean-Paul II, le cardinal Ratzinger est apparu aux yeux du grand public comme un gardien sévère et scrupuleux des dogmes. Il est vrai qu’on lui doit la plupart des textes romains qui ont provoqué des polémiques, qu’il s’agisse de morale sexuelle, de théologie de la libération ou d’œcuménisme. La « Note sur l’expression “églises-soeurs” », faisant suite à sa déclaration Dominus Iesus, a blessé les protestants et les orthodoxes. De même, la notification sur un livre du théologien jésuite Jacques Dupuis, au sujet de la théologie du pluralisme religieux, a abouti à une interdiction d’enseigner (lire La Croix du 28 février 2001). Plus récemment, sa lettre « sur la collaboration de l’homme et de la femme dans l’Église et dans le monde » a irrité des milieux féministes (lire La Croix du 2 août 2004).

Il serait pourtant injuste de réduire l’homme à une caricature de « Panzerkardinal » : rien de plus faux que ce surnom, appliqué à un homme extrêmement affable et délicat, aussi brillant par son intelligence que simple dans ses apparences.

Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il était aussi président de la Commission théologique internationale et de la Commission biblique pontificale. Des responsabilités qui l’ont amené à de multiples autres charges : président-délégué du synode des évêques sur la réconciliation et la pénitence (1983), responsable de la préparation du Catéchisme de l’Église catholique (1986-1992)... Rien d’étonnant, alors, à ce qu’il ait été élu par ses pairs cardinaux-évêques à la fonction de vice-doyen du Sacré Collège, en novembre 1998, puis de doyen en 2002.

Par Claire LESEGRETAIN, lacroix.com