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L’Algérie pleure Hachemi Cherif

mercredi 3 août 2005, par Rédaction

L’Algérie vient de perdre l’un de ses plus grands patriotes avec le décès de Hachemi Cherif (défunt président du MDS) qui a succombé à une grave maladie.

Hachemi Cherif, défunt président du MDS portait l’Algérie dans son coeur de pur patriote.

Depuis une année, M. Hachemi Cherif n’a fait que de rares apparitions publiques en Algérie, dont les plus récentes l’ont conduit à Oran et à Constantine, où il a animé des rencontres avec la base de son parti, suite au débat qui a secoué le mouvement qu’il a fondé en 1999, et qui a été suscité par la politique dite de réconciliation nationale, annoncée par l’actuel président de la République.

Dans son communiqué rendant public son décès, le MDS a annoncé l’organisation, aujourd’hui à partir de 10h, d’une cérémonie de recueillement en sa mémoire, au niveau du siège national du MDS sis au 67 boulevard Krim-Belkacem au Telemly. Son enterrement aura lieu au cimetière de Miramar le même jour. L’itinéraire de l’ex-membre de la direction du PAGS est surtout lié au débat sur l’orientation économique et sociale dans les années 1970 et à la lutte contre l’intégrisme islamiste qui a endeuillé le pays durant les années 1990, et ce, jusqu’à ce jour.

Ayant fait un passage au sein de l’ALN aux côtés d’Abderrahmane Chargou assassiné par la horde terroriste, Hachemi Cherif a assumé les fonctions de sous-préfet de Palestro devenue Lakhdaria juste après l’indépendance avant d’intégrer la Télévision algérienne en 1967 en qualité de réalisateur, où il n’a signé une œuvre traitant de la paysannerie algérienne intitulée Tarfa, en plus de son long métrage Les chiens en hommage au combat du peuple sud africain. Il s’est fait surtout remarqué par une activité syndicale très dense au sein de la Fédération des travailleurs de l’éducation et de la culture, la FTEC. Elu secrétaire général de cette fédération, il a animé durant longtemps les luttes syndicales de ce secteur au temps du parti unique.

Membre actif de l’Organisation de résistance populaire (ORP), qui s’est élevée contre le coup d’Etat du 19 juin 1965, Hachemi Cherif se retrouve membre de la direction du Parti de l’avant-garde socialiste. Venu de ce qui était appelée la gauche du FLN, où il a milité avant 1965, il va animer les débats qui ont jalonné ce parti marxiste durant les années de clandestinité à laquelle il n’a pas été contraint, contrairement à Sadek Hadjerès et Noureddine Zenine. Ceci l’a énormément aidé pour servir son parti.
Elu coordinateur du PAGS lors du congrès de décembre 1990, le défunt s’est fait distingué encore lors des débats qui ont conduit à l’implosion de ce parti, suscité par l’effondrement de l’ex-bloc de l’Est et l’attitude du parti face au phénomène de l’intégrisme islamiste qui menaçait le pays. Ce débat s’est vite transformer en compétition entre deux courants du parti de avant- gardiste, le premier animé par les ex-militants issus du Parti communiste et le deuxième structuré par des militants qui ont rallié le PAGS et qui n’ont pas transité par l’ex-PCA. Ce débat tournait autour de ce qui a été appelé la résolution politico-idéologique, où il n’était plus question de la lutte des classes mais de la quête de la modernité, à travers la contradiction principale que la société traversait, à savoir la modernité et l’archaïsme.

En créant le mouvement Ettahadi (Tafat), Hachemi est resté fidèle à sa ligne intransigeante vis-à-vis de l’intégrisme islamiste qu’il qualifiait de mortel. Sorti plus décidé de la malheureuse expérience des élections locales de 1990, où le FIS dissous a fait un carton et le PAGS réduit au rôle de figurant, le défunt s’est opposé au processus électoral qu’il a qualifié de fatal pour la démocratie naissante, voire la meilleure voie pour l’édification d’un Etat théocratique par le biais des urnes.

Sa position intransigeante sur les questions liées à la participation aux rendez-vous électorales fait sa différence avec d’autres formations politiques du champ démocratique, à l’image du RCD et du défunt ANR. Hachemi Cherif n’a pas beaucoup caressé le rêve de voir l’émergence d’un pôle démocratique, ce qui explique la ligne de proximité qu’il a développé à côté du CCDR du défunt colonel Salah Boubnider, qui se plaçait nettement dans le camp dit des modernistes.

Le long des années de braises, Hachemi Cherif s’est nettement rangé du côté des forces patriotes, dans leur combat contre les organisations islamistes armées ; c’est ainsi qu’il va échappé miraculeusement à un attentat terroriste en 1994. Le défunt va tenter d’élargir son mouvement à d’autres composantes de la société et aux franges les plus résistantes au péril islamiste, ce qui le conduira à la création du Mouvement démocratique et social (MDS) en 1998. Ce nouveau mouvement n’apportera pas du nouveau dans le discours de Hachemi Cherif focalisé sur ce qui est appelé la double rupture, à savoir le système qu’il qualifie de rentier et l’islamisme politique.

Cette thèse, si elle fait l’unanimité au sein de son mouvement, il n’empêche au demeurant que le refus de participer aux élections va cultiver des animosités au sein dudit parti. Hachemi est parti en laissant un chantier appelé le MDS. Ce dernier doit répondre à une question cruciale et capitale pour son existence en tant que parti, une question relative aux pressions « participationnistes » qui le traversent. Même malade, il y participa lors du dernier pré-congrès.

Par la nouvelle république