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L’Asie balayée par des raz de marée

lundi 27 décembre 2004, par Hassiba

Des tsunamis engendrés par un puissant séisme au large de l’Indonésie ont plongé hier la région du Sud-Est asiatique dans le chaos.

La furie de l’eau, avec des vagues de plus de dix mètres de hauteur, a englouti des villages entiers, des bateaux, faisant d’après un bilan provisoire plus de 11 000 morts, des dizaines de milliers de blessés et plusieurs milliers de disparus en Indonésie, en Thaïlande, en Malaisie, au Sri Lanka, en Inde, au Bangladesh et aux Maldives.

Alors que les premiers secours s’organisaient, plusieurs pays ont appelé à l’aide internationale, notamment le Sri Lanka, l’un des pays les plus durement affectés, dont la Présidente, Chandrika Kumaratunga, a dû écourter son séjour à Londres. Les victimes ont été surprises par la montée des eaux une demi-heure après le terrible tremblement de terre d’une magnitude de 8,9 sur l’échelle ouverte de Richter, selon l’Institut géologique américain (IGA), survenu vers 00h58 GMT. Son épicentre a été localisé au large de l’île indonésienne de Sumatra. L’Ecole et observatoire des sciences de la terre de Strasbourg (EOSTS) et le Bureau de géophysique de Jakarta (BGJ) ont respectivement évalué la magnitude à 8,1 et 6,8.

Il s’agit, estiment les experts, de l’un des séismes les plus violents de ces 100 dernières années, du moins depuis celui qui a frappé le Chili en 1960 dont la magnitude avait été arrêtée à 9,5 sur l’échelle de Richter. La violence du tremblement de terre qui a frappé hier l’Indonésie est d’une rare intensité et est dû à une énorme accumulation d’énergie sous l’écorce terrestre, a expliqué le directeur de l’Institut national de géophysique italien (INGV), Enzo Boschi, cité par l’AFP. « Ces tremblements de terre sont produits par des déformations de l’écorce terrestre provoquées par une énorme accumulation d’énergie. Quand l’énergie accumulée et le degré de déformation atteignent des niveaux critiques, une fracture se produit ; et plus elle est grande, plus intense est le tremblement de terre », a-t-il expliqué.

D’autres experts n’excluent pas l’éventualité de voir d’autres séismes engendrés par celui qui vient de frapper l’Indonésie. C’est l’avis du sismologue Michel Granet qui a indiqué que « les plaques se déplacent, ce qui provoque une déformation qui, lorsqu’elle devient trop importante, entraîne une cassure. C’est ce qui vient de se passer au large de l’île indonésienne de Sumatra, dans une zone qui se trouve à la frontière de la plaque australienne au sud et de la plaque eurasienne au nord. Pour un séisme de cette importance, la faille responsable peut faire 200 à 250 km de long ».

Survenant en pleine saison touristique, le tremblement de terre de l’île de Sumatra pourrait compter parmi ses victimes de nombreux Occidentaux présents en milliers sur les côtes de l’Asie du sud-est. D’autant qu’en cette heure de la journée, ils commençaient à peupler les plages. 10 000 Britanniques, 5000 Italiens, entre autres, passent les fêtes de fin d’année dans les régions touchées notamment. Les premières images retransmises en boucle par les chaînes de télévision témoignent de l’ampleur de la catastrophe. Les sinistrés décrivent une situation apocalyptique : des enfants arrachés des bras de leur mère par les torrents, elles-mêmes emportées à leur tour, des villages de pêcheurs submergés, des gens tentant dans leur course folle d’atteindre les hauteurs pour se protéger, des ports ravagés, des hôtels et des boutiques endommagés, des voitures charriées par les eaux, des arbres et des maisons déracinés...

La solidarité internationale a commencé hier à se tisser pour porter secours à ces pays. La Commission européenne a débloqué une première aide d’urgence de 3 millions d’euros destinée à « couvrir les besoins initiaux vitaux », a-t-elle indiqué dans un communiqué. Elle a également promis une « assistance substantielle » lorsque « l’étendue des besoins sera mieux connue ». D’autres pays ont eux aussi proposé leur aide, notamment la Russie, les Etats-Unis et la Turquie.

Par Hamiche Amar, elwatan.com