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L’Inde et le Pakistan jugent le processus de paix "irréversible"

lundi 18 avril 2005, par Hassiba

L’Inde et le Pakistan ont jugé le processus de paix "irréversible" à l’occasion d’une visite en Inde du président pakistanais achevée par l’annonce de nouvelles mesures pour renforcer les liens entre les deux parties du Cachemire.

C’était la première visite en Inde du général Pervez Musharraf

Pervez Musharraf et Manmohan Singh.

depuis le sommet catastrophique d’Agra en juillet 2001, qui avait été suivi d’une escalade militaire, et elle a scellé le processus de paix entamé depuis, en janvier 2004. Les dirigeants des deux Etats "ont eu des discussions importantes sur tous les sujets et ont convenu que le processus de paix est désormais irréversible", a dit le Premier ministre indien Manmohan Singh en présence du président pakistanais à la lecture d’un communiqué conjoint. Les deux hommes, qui ont eu des entretiens formels dimanche, ont "convenu de poursuivre les discussions de manière sincère (...) en vue d’un règlement définitif" du contentieux au Cachemire qu’Inde et Pakistan se disputent depuis la partition de 1947.

D’ici là, ils ont annoncé d’autres mesures "pour renforcer les liens et la coopération" entre les parties pakistanaise et indienne du Cachemire, objet de deux des trois guerres indo-pakistanaises : en clair un début d’assouplissement de la très militarisée Ligne de contrôle (LoC), frontière de facto dans le territoire himalayen. Ces mesures sont loin d’être révolutionnaires mais, comme celles annoncées lors des précédentes rencontres au sommet ou pas, elles permettent de faire avancer pas à pas le processus alors que personne ne s’attend à voir régler rapidement les problèmes, en particulier celui du Cachemire.

Et sur le terrain, elles vont faciliter la vie des populations de part et d’autre de la LoC. Il a été décidé d’augmenter la fréquence des liaisons par bus reliant Srinagar, capitale d’été du Cachemire indien, à Muzaffarabad, principale ville du Cachemire pakistanais, d’autoriser les camions à emprunter cette route qui traverse la LoC pour "promouvoir" les échanges commerciaux et d’ouvrir de nouvelles liaisons routières entre les deux parties du territoire himalayen.

Le lancement de la liaison Srinagar-Muzaffarabad, le 7 avril, avait été considéré comme l’avancée la plus importante depuis le début du "dialogue global" de paix. Le général Musharraf a toujours voulu faire du Cachemire le point central des négociations, contrairement aux Indiens. Il repart sans percée et a prévenu que "si le conflit n’est pas réglé il peut ressurgir" mais il a aussi affirmé que "l’option militaire n’est plus une option".

"On ne peut pas résoudre les problèmes en une rencontre. Mais nous avons dégagé un certain nombre de points en commun", a estimé pour sa part M. Singh. Outre les liens au Cachemire, les deux dirigeants ont décidé de lancer deux liaisons ferroviaire et routière entre l’Inde et le Pakistan, d’entamer des discussions techniques pour "trouver des solutions mutuellement acceptables le plus rapidement possible" sur le glacier du Siachen, autre territoire disputé aux confins de la frontière chinoise, d’augmenter leur coopération économique et commerciale.

"C’est peu de chose mais il y a une consolidation du processus de paix", résume une source diplomatique occidentale. "Il est clair que la solution sur le Cachemire ne sera pas militaire mais Musharraf accepte de jouer le jeu du processus humanitaire, des mesures de confiance, sans exiger de choses plus centrales sur le Cachemire" comme il l’a fait dans le passé, poursuit cette source.

De fait, jamais les deux parties n’auront exprimé autant de satisfaction après une rencontre au sommet qualifiée dimanche de "très chaleureuse" par les Indiens, "très, très amicale" par M. Musharraf. Initialement, le général-président avait été invité par M. Singh à venir assister dimanche à un match de cricket à New Delhi, une passion partagée et déjà plusieurs fois utilisée en diplomatie par les deux frères ennemis d’Asie du Sud.

Arrivé samedi, il est reparti lundi pour les Philippines.

Source : AFP