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L’UMP prône l’apologie du colonialisme

mercredi 30 novembre 2005, par Ahlem

L’UMP a opposé hier une fin de non-recevoir à la demande d’abrogation de l’article 4 de la loi du 23 février 2005 qui vante le « rôle positif de la présence française » en Algérie et dans les autres colonies.

Hamlaoui Mekachera, le père de la loi du 23 février 2005 sur les rapatriés.

Décidée à valider la loi dans sa mouture initiale, l’UMP s’est employée à battre le rappel de l’essentiel de ses représentants dans l’hémicycle du Palais-Bourbon. Cent quatre-vingt-trois de ses députés ont rejeté la demande d’abrogation présentée le 10 novembre dernier par les groupes socialiste et communiste. 94 députés ont voté, en vain, pour l’abrogation.

Le vote d’hier contrarie ceux qui avaient cru naïvement que la droite allait faire marche arrière sous les effets d’un article contre-productif. Rien du climat polémique et controversé des huit derniers mois n’a eu raison de sa détermination à bonifier les « mérites » des pages coloniales et à en faire une matière digne des manuels d’histoire. Les députés UMP ont fait la sourde oreille à huit mois de critiques vitriolées en France et de réactions enflammées en Algérie.

277 députés sur les 577 composant la douzième législature ont pris part à la séance publique consacrée à ce sujet. Pendant près de cinq heures, une vingtaine d’élus de tous bords ont pris la parole sur fond de polémique très vive autour du passé français en Algérie.

Premier à intervenir en sa qualité de signataire de la proposition de loi socialiste, Bernard Derosier, président du Conseil général du Nord (Lille), a mis en garde ses pairs contre les dangers de la portée de l’article 4. Un article interprété à gauche et dans le milieu enseignant comme une invitation à enseigner la page coloniale de la France sous des accents positifs. « En tant que législateurs, notre tâche est de fabriquer la loi et non de participer à l’écriture de l’histoire car nous n’avons pas les compétences du sociologue, du philosophe ou de l’historien pour y prétendre », a affirmé Bernard Derosier dans un propos qui se voulait une introduction aux débats de la plénière. Et le député de qualifier, sur sa lancée, l’article 4 d’« inacceptable » pour trois raisons.

Juridiquement d’abord, le député a dénié au législateur la prérogative « d’enjoindre » les historiens chargés de la rédaction des manuels scolaires et universitaires de « reconnaître le caractère bénéfique de la politique de colonisation française ». De par leurs décisions, les députés contribuent, d’une certaine façon, à l’écriture de l’histoire. Mais ils ne possèdent pas les outils scientifiques nécessaires pour y jouer un rôle essentiel. « Nous n’avons pas le recul nécessaire pour en mesurer les conséquences.

Cela relève de la responsabilité des chercheurs, des historiens, qu’ils soient Français ou étrangers. L’indépendance des enseignants-chercheurs est d’ailleurs reconnue par les lois de la République », au rang desquels le Conseil constitutionnel, argue le député.

Politiquement, l’article 4, tel que rédigé dans la loi du 23 février, est de nature à compromettre les avancées du travail de mémoire en France. Entamé au début des années 1990, ce travail, selon Derosier, a culminé avec la loi de juin 1999 portant reconnaissance de la guerre d’Algérie et l’ouverture des archives aux chercheurs. Il a permis l’émergence d’un climat de sérénité aujourd’hui contrarié par le paragraphe controversé.

Inacceptable, l’article 4 l’est aussi pour des motifs diplomatiques. Les députés socialistes ont redit, hier, que le texte risquait d’affecter durablement la relation franco-algérienne et de repousser sine die la conclusion du traité d’amitié entre les deux pays.

Synthèse de Ahlem
D’après le Quotidien d’Oran