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L’abstention des sunnites pèse sur l’avenir irakien

mardi 1er février 2005, par nassim

La forte participation des électeurs au scrutin de dimanche n’élude pas les périls qui menacent l’unité nationale vantée par le Premier ministre irakien.

Les terroristes ont été vaincus hier. Les terroristes savent qu’ils ne peuvent pas gagner », a martelé hier le Premier ministre intérimaire Iyad Allaoui, appelant à l’unité nationale au lendemain d’un scrutin historique dont le succès est salué à travers le monde. En dépit de violences qui ont fait au moins 37 tués à travers le pays, plus de 60 % des Irakiens selon la commission électorale se sont rendus aux urnes pour élire les 275 députés de l’Assemblée ainsi que 18 conseils provinciaux et le parlement autonome kurde. « Aujourd’hui, nous sommes entrés dans une nouvelle phase. Tous les Irakiens, qu’ils aient voté ou pas, doivent travailler ensemble pour bâtir le futur de la nation », a insisté Allaoui conscient des périls que pose l’abstention des sunnites arabes (20 % de la population) dans ce scrutin où Kurdes (20 %) et chiites (60 %) ont voté en masse. Selon Hareth Mohammed Hassan, adjoint au chef de la Commission électorale le taux de participation a dépassé, parfois de loin, 50 % dans la plupart des 18 provinces d’Irak, et il se situerait globalement « entre 60 à 75 %». Les résultats seront connus d’ici à une dizaine de jours.

La communauté internationale s’est félicitée du succès de ces élections, mais s’interroge sur la suite du processus, dans un pays où les attentats sont quotidiens, malgré la présence des forces de la coalition. Divisés en 2003 face à la guerre en Irak, les Européens ont salué à l’unisson « ce premier pas important pour l’avènement de la démocratie ». Jacques Chirac s’est entretenu au téléphone avec son homologue américain, se félicitant « de ce pas important ». Mais les Européens ont aussi rappelé par la voix du chef de la diplomatie du Luxembourg, Jean Asselborn, dont le pays assure la présidence de l’UE que « l’Union fera tout son possible pour convaincre les autorités irakiennes d’associer les sunnites aux discussions sur la nouvelle Constitution ». Préoccupation que partagent nombre de capitales.

Partisans comme opposants à l’intervention militaire en Irak ont estimé que ce vote a été une première étape réussie. A Moscou, le président Poutine a déclaré hier que les élections, qui se sont tenues « dans des conditions très difficiles », étaient « un pas dans la bonne direction, un événement positif ». Parmi les réserves les plus notables, celles venues de Chine. Tout en se réjouissant que ces élections aient pu se tenir à la date prévue, Pekin n’a pas caché son pessimisme. Pour le quotidien officiel en langue anglaise China Daily « il n’y a aucun signe montrant que Washington soit capable de garantir l’avenir postélectoral de l’Irak ».

Par Marc SEMO, www.liberation.fr avec AFP, Reuters