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L’ultime voyage des derniers Français d’Algérie pour Nice ?

samedi 14 mai 2005, par nassim

La mairie de Nice vient de proposer une nécropole de 7.500 places, construite sur la Côte d’Azur dans les années 80, mais restée vide car son système d’aération est défaillant, pour accueillir les restes des Français inhumés en Algérie qui doivent être rapatriés dans les années à venir.

La ville de Nice, dans le sud-est de la France, aimerait voir l’Etat reprendre l’encombrante nécropole désertée afin d’y rassembler les dépouilles qui doivent être rapatriées dans le cadre du plan d’action relatif aux 210.000 sépultures civiles françaises en Algérie. Les familles de Français inhumés dans une soixantaine de petits cimetières en Algérie ont jusqu’au 15 mai pour demander le transfert en France des restes de leurs proches ou accepter leur regroupement dans des tombes collectives. L’adjoint au maire de Nice, chargé des cimetières, a indiqué que son père, qui l’a précédé à la mairie, avait déjà proposé en 1993 de rassembler dans la crypte de Caucade des corps de Français inhumés en Algérie. « Les travaux de mise aux normes ne devraient pas coûter si cher que cela à l’Etat et Nice est un bon emplacement car beaucoup de familles pieds-noirs résident dans la ville et la région », souligne l’adjoint au maire. La proposition est très favorablement accueillie par la directrice du Centre d’étude pieds-noir à Nice.

Cette nécropole, qui a coûté la bagatelle de plus de 4,5 millions d’euros, a été réalisée en 1989 avec un équipement dernier cri et 7.500 cases pouvant accueillir des ossements, des corps ou des cendres. Mais le système d’aération s’est révélé défaillant dès la livraison du bâtiment et ne suffit pas à évacuer les gaz issus de la décomposition des corps. « La ville de Nice ne manque pas de cimetières et ne souhaite pas investir les sommes qu’il faudrait pour équiper la crypte d’un système d’évacuation des gaz », souligne l’adjoint au maire. « La nécropole accueille donc ce qu’elle peut accueillir », c’est-à-dire des cendres et quelques centaines de corps déjà décomposés retirés de terre lors de travaux dans d’autres cimetières, indique le même élu. « Au total, à peine un huitième d’un étage est occupé » actuellement, reconnaît-il, en espérant que la nécropole serve un jour de dernier lieu de repos à des Français inhumés en Algérie.

A la fin du mois de mars dernier, le ministère français des Affaires étrangères avait diffusé le programme pour 2005 des travaux d’entretien, de rénovation et de regroupement des sépultures civiles françaises en Algérie, en précisant qu’il bénéficiera d’un budget de plus de 320.000 euros.

Les opérations d’entretien (travaux de débroussaillage) concernent les cimetières de Mont d’Or (Alger), Bru (Alger), Blida, Annaba (chrétien et israélite), Seraïdi et Ben M’hidi, selon le Quai d’Orsay. Les travaux de rénovation concernent les cimetières de Bir Mourad Raïs, Boufarik, Tiaret, Cherchell, Médéa, Rouiba, Annaba, Guelma, Dréan, Batna, Skidda, Sétif, Jijel, ainsi que le cimetière israélite d’Oran (parties communes). Le regroupement concerne moins de 420 tombes situées dans des petits cimetières ruraux trop dégradés pour être conservés et où une plaque commémorative sera apposée.

Ce plan, annoncé en 2003 et conduit avec les autorités algériennes, a pour objectif de réhabiliter le plus grand nombre possible des 523 cimetières civils, soit environ 210.000 sépultures de Français en Algérie. Des villes françaises participent activement au financement de ce programme aux côtés de l’Etat : Bordeaux, Marseille, Toulouse, Saintes-Maries-la-Mer, Toreilles, Saint-Nazaire, Saleilles, Thuir, Maisons-Alfort, Taverny, Valence et Béziers ont ainsi voté des subventions au fonds ouvert au ministère des Affaires étrangères. 523 cimetières civils et 210.000 sépultures, qui n’ont pu être accessibles les dix dernières années, sont concernés par un plan d’action et de coopération relatif aux sépultures civiles françaises en Algérie annoncé en mars 2003. 62 cimetières, regroupant environ 4.000 tombes, sont concernés par des opérations de regroupement ou de transfert. C’est à l’occasion de ces regroupements qu’il a été proposé aux familles qui le souhaitent de transférer en France les restes mortels de leurs défunts. Au cours des derniers mois, en étroite coopération avec les autorités algériennes qui ont également exprimé leur volonté de préserver ces lieux de mémoire, des opérations importantes de sauvegarde ont pu être engagées dans diverses régions d’Algérie.

Signalons que le secrétaire d’Etat français aux Affaires étrangères, Renaud Muselier, qui effectuait une visite de travail en Algérie en fin de semaine écoulée, s’est recueilli sur des sépultures françaises dans plusieurs cimetières. Ce dernier avait affirmé à la presse qu’il avait pris la mesure du plan de rénovation et de réhabilitation des cimetières français, en pleine coopération avec les autorités algériennes et les associations de rapatriés.

Par Djamel B., quotidien-oran.com