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La Banque du Japon maintient sa politique monétaire

vendredi 20 mai 2005, par Hassiba

La Banque du Japon (BoJ) a trouvé le moyen vendredi d’ajuster sa politique monétaire ultra-conciliante sans contrarier les marchés ni le gouvernement nippon, en maintenant inchangée son offre massive de liquidités mais en s’autorisant à la réduire en cas de besoin.

Toshihiko Fukui, gouverneur de la Banque centrale du Japon .

La BoJ a maintenu inchangé son objectif de solde des comptes courants des banques auprès d’elle, soit une fourchette de 30.000 à 35.000 milliards de yens (218,9 à 255,4 milliards d’euros). Toutefois, elle a précisé que ce solde pourrait "dans certains cas rester en dessous" des 30.000 milliards, lorsque "la demande de liquidités est exceptionellement faible". "Le système financier, surtout depuis la fin de la garantie du gouvernement sur les comptes d’épargne en avril, semble s’être stabilisé car la demande de fonds diminue. C’est pourquoi nous avons pris cette décision", a expliqué lors d’une conférence de presse le gouverneur de la BoJ, Toshihiko Fukui. Pour le troisième mois consécutif, des dissensions sont apparues au sein du comité de politique monétaire de la BoJ. La décision de ne pas changer de politique a été prise par 7 voix contre 2, et non plus à l’unanimité.

Selon M. Fukui, les deux dissidents ont milité vendredi pour un resserrement de la politique dite "d’assouplissement quantitatif" qui consiste, depuis 2001, à offrir aux banques toutes les liquidités qu’elles réclament, voire plus.

Ces membres estiment que le système financier japonais a retrouvé la stabilité et n’a plus besoin d’un tel déluge de liquidités (le montant requis des réserves obligatoires des banques auprès de la BoJ n’est que de 6.000 milliards de yens au total). De fait, la BoJ a depuis quelque temps du mal à trouver preneur lors de ses adjudications.

Cependant, alors que la reprise économique au Japon suscite encore des doutes et que la déflation s’avère plus durable que prévu, le gouvernement craignait que tout resserrement de l’offre de liquidités, même léger et purement technique, soit interprété par les marchés comme le signe d’un retour prématuré vers l’orthodoxie monétaire et d’une hausse prochaine des taux d’intérêt. Ces taux sont actuellement de zéro.

"Je ne pense pas que la BoJ devrait cesser le combat qu’elle mène contre la déflation grâce à l’assouplissement quantitatif. La légère déflation continue et je crois que le gouvernement et la BoJ doivent joindre leurs forces pour la vaincre", affirmait encore vendredi le ministre des Finances, Sadakazu Tanigaki.

Le gouverneur de la Banque du Japon l’a rassuré : "la BoJ tiendra sa promesse de maintenir le cadre de l’assouplissement quantitatif jusqu’à ce que les prix à la consommation atteignent ou dépassent le zéro", a déclaré M. Fukui.

La majorité des analystes estimaient que la décision de vendredi était la plus appropriée, et ne l’ont pas interprétée comme un changement de politique.

"C’était la seule option dont disposait la banque centrale. Elle ne pouvait pas abaisser sa fourchette de solde sans risques pour l’économie japonaise", a commenté Masaaki Mizuno, stratège chez Dresdner Kleinwort Wasserstein.

"Cette décision est raisonnable au vu du cycle économique et de l’indice des prix à la consommation", a également jugé Hiro Shirakawa, économiste chez UBS Japan, qui juge peu probable que le solde des comptes courants de la BoJ passe en dessous des 30.000 milliards de yens plus de quelques jours consécutifs.

Selon lui, il est également peu probable que la Banque du Japon procède à un durcissement significatif de sa politique monétaire avant début 2007, une fois que la reprise économique se sera confirmée et que les prix à la consommation, qui ne cessent de baisser depuis sept ans, seront repartis à la hausse.

La prochaine réunion du comité de politique monétaire est prévue les 14 et 15 juin.

Source : AFP