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La Kabylie fête Yennayer, le jour de l’an berbère

mercredi 12 janvier 2005, par Hassiba

La Kabylie, région d’Algérie qui réclame la reconnaissance de son identité culturelle et linguistique, s’apprête à fêter mercredi Yennayer, le jour de l’an berbère 2955 correspondant au 12 janvier, dont elle souhaite faire un jour férié.

Cette fête est traditionnellement marquée par un repas à base de volaille consommé, comme le veut la coutume, la veille en famille. Le repas doit être très copieux afin de laisser présager une année d’abondance. Autour d’un grand couscous, plat traditionnel et rituel, figurent en bonne place les cuillers ou les assiettes des absents : les fils en exil ou les filles mariées. Les spécialistes ne sont pas tous d’accord sur le début de Yennayer puisque certains le font coïncider avec le 13 janvier. Mais depuis le printemps berbère d’avril 1980, le Mouvement culturel berbère (MCB), qui milite pour la reconnaissance de la culture kabyle, fête Yennayer le 12 janvier et demande à ce qu’il soit un jour férié en Algérie.

Chaque année, la Kabylie, située à l’est d’Alger, célèbre le "printemps berbère" d’avril 1980, mois au cours duquel des émeutes avaient éclaté lors de manifestations réclamant la reconnaissance de l’identité berbère. Depuis le "printemps noir" 2001 qui avait fait une centaine de morts et des milliers de blessés, les âarchs (tribus kabyles), fer de lance de la contestation en Kabylie, ont repris cette exigence. Le théologien et historien algérien cheikh Abderrahmane Djilali fait correspondre le premier Yennayer au 13 janvier. Il en veut pour preuve le nom donné dans la Mitidja à un mélange de friandises appelé "trize" qui viendrait du chiffre treize.

Le "trize", mélange de bonbons, dates, figues, noix, cacahuètes est vendu à cette occasion dans les marchés. Le calendrier berbère a débuté le jour où un amazigh (berbère) du nom de Chechnak est monté sur le trône d’Egypte en 950 avant Jésus-Christ, selon les spécialistes de la culture berbère.

La commémoration de Yennayer se retrouve dans l’ensemble de l’Algérie et de l’Afrique du Nord, avec des rituels et des usages différents. Le calendrier berbère est agraire et est rythmé par les saisons et les travaux agricoles. Yennayer marque ainsi la fin des labours et le milieu du cycle humide. Son premier jour, "Thawurth n’seggas (la porte ou l’ouverture de l’année) est le point critique de l’année car annonçant le retour du solstice d’hiver avec l’allongement progressif des jours.

Selon les régions, il est appelé "hadjouza" celui qui sépare, ou "Ladjouza" (la vieille) d’une légende racontant qu’une vieille femme croyant l’hiver passé lors d’une journée ensoleillée s’était moqué de lui. Furieux Yennayer a emprunté un jour au mois de fourar (février) et provoqué une tempête qui emporta la vieille dame.

En révolte larvée contre le pouvoir depuis 2001, sous la houlette des âarchs, la Kabylie exige la reconnaissance de la langue berbère, langue nationale depuis 2003, comme langue officielle au même titre que l’arabe. Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, réélu le 8 avril 2004 avec 84,99% des suffrages, avait appelé à la poursuite du dialogue pour résoudre la crise en Kabylie. Le 4 janvier dernier, le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia a invité les âarchs à "venir reprendre le dialogue" qui avait capoté en février 2004. Les âarchs ont accepté le 8 janvier de reprendre les négociations pour résoudre la crise.

Source : courrierinternational.fr