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La Russie célèbre la Victoire de 1945

lundi 9 mai 2005, par nassim

En présence de dirigeants de plusieurs dizaines de pays, la Russie célèbre la fin de la Deuxième Guerre mondiale en Europe par des cérémonies patriotiques et des défilés militaires sur la place Rouge, en rappelant le rôle essentiel joué par l’Union soviétique dans le conflit.

Célébration de la Victoire de 1945 à Moscou, Russie.

Le président américain, George W. Bush, le chancelier allemand Gerhard Schröder, le président chinois Hu Jintao, son homologue français Jacques Chirac, le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi ont assisté à cette manifestation, ainsi que le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, et le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso. La capitale russe s’est ensuite muée en vaste salon diplomatique pour des discussions informelles entre chefs d’Etat et de gouvernement sur le terrorisme, la Corée du Nord ou le Proche-Orient. Vladimir Poutine avait donné le coup d’envoi des cérémonies en déclarant que la communauté internationale se devait de rendre grâce au sacrifice des 26,6 millions de soviétiques disparus pendant le conflit. Saluant le rôle des forces américaines, britanniques et françaises, le maître du Kremlin a toutefois souligné que les combats les plus meurtriers s’étaient déroulés sur le sol de l’Union soviétique.

Mais il a aussi affirmé que la Russie était prête à oeuvrer au renforcement des relations "avec ses plus proches voisins et tous les Etats de la planète que réunissent non seulement les leçons du passé mais aussi l’objectif d’un avenir commun".

"OPPRESSION STALINIENNE"

Si l’aviation russe a pu disperser chimiquement les nuages qui menaçaient la place Rouge d’averses orageuses, l’horizon politique est resté sombre, obscurci notamment par le boycott des dirigeants de l’Estonie et de la Lituanie, deux pays voisins aujourd’hui membres de l’Union européenne. Les pays baltes réclament des excuses à Moscou pour ce qu’ils qualifient d’occupation de leur territoire par les Soviétiques jusqu’à leur indépendance retrouvée au début des années 1990.

"Ce moment historique n’a pas la même signification pour tous", a d’ailleurs déclaré le président polonais, Aleksander Kwasniewski. "Pour certains peuples, comme ceux des pays baltes, cela est lié à la perte de leur indépendance, et pour d’autres, comme les Polonais, à une perte importante de souveraineté et à l’oppression stalinienne." Bush devait se rendre lundi soir en Géorgie, dont le président, Mikhaïl Saakachvili, a boudé lui aussi les cérémonies. Samedi à Riga, en Lettonie, le président américain avait déclaré que la domination soviétique sur l’Europe de l’Est après 1945 avait été "l’un des plus grands maux de l’histoire".

George Bush et Vladimir Poutine ont cependant assisté côte à côte aux défilés militaires de la place Rouge, posant longuement ensemble devant les photographes et devisant dans la tribune officielle, comme pour démentir l’existence de tensions entre Washigton et Moscou.

Le conseiller national américain à la sécurité, Stephen Hadley, a tenu à préciser pour sa part que le discours de Riga n’avait été que l’un des points évoqués dimanche soir par les deux dirigeants lors d’un dîner de travail dans la datcha du président russe, à l’ouest de Moscou.

"RELATION DIRECTE" ET DISCUSSIONS FRANCHES

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice ont cherché eux aussi à minimiser les tensions, estimant qu’aucun sujet n’était tabou. "Je dirais que la relation est tout à fait directe. Ils disent ce qu’ils pensent, et ensuite ils agissent en fonction", a dit Rice.

Poutine et Bush ont évoqué leurs divergences sur la conception de la démocratie et les relations entre la Russie et les pays voisins. Leurs discussions, rapportaient des proches conseillers, ont été amicales et franches.

Bush a ainsi parlé à Poutine de sa décision d’abolir l’élection des gouverneurs de régions, que l’Occident considère comme un recul pour la démocratie. Défendant sa politique, Poutine a déclaré à la chaîne américaine CBS que ses réformes politiques ne traduisaient pas un déficit démocratique.

Craignant que des séparatistes tchétchènes ne profitent du rassemblement des chefs d’Etat et de gouvernement pour tenter un coup d’éclat, les autorités russes avaient mobilisé plusieurs milliers de soldats et de policiers pour boucler et contrôler le centre de la capitale.

Source : reuters.fr