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La Tunisie épinglée par HRW

mercredi 20 avril 2005, par nassim

Alors qu’un rapport de Human Rights Watch (HRW) demande à la Tunisie de « mettre fin immédiatement à l’isolement prolongé de certains détenus politiques », un des responsables de l’organisation humanitaire a déclaré mercredi avoir obtenu des assurances du gouvernement tunisien à ce sujet.

Lors d’une conférence de presse tenue à Tunis au siège de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), le directeur de la recherche à la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW, Eric Goldstein, a annoncé avoir reçu l’assurance des autorités tunisiennes qu »’à partir d’aujourd’hui, il n’y aura plus aucun cas d’isolement dans les établissements pénitentiaires en Tunisie ».

Selon des organisations non gouvernementales, une quarantaine de détenus islamistes seraient soumis à un tel régime carcéral, dont certains depuis plus de dix ans.
Les autorités tunisiennes soutiennent, quant à elles, qu’une dizaine de prisonniers seulement se trouvent en isolement « à leur demande » parce que ne supportant pas les désagréments de la vie cellulaire en groupe.
Dans un rapport d’une quarantaine de pages publié à Tunis, l’organisation américaine de défense des droits de l’homme demande au gouvernement tunisien de « mettre fin immédiatement à l’isolement prolongé de certains détenus politiques spécialement visés ».
HRW fait allusion aux membres du mouvement islamiste interdit Ennahdha, condamnés au début des années 90 à de lourdes peines de prisons pour « appartenance à une organisation illégale » et « tentative de changer la nature du régime ».

Sur le millier de personnes condamnées alors, quelque 500 demeurent encore en détention. Les autorités leur dénient le statut de « prisonniers politiques », les considérant comme des détenus de droit commun, eu égard aux délits pour lesquels ils ont été jugés.
« La pratique tunisienne d’isolement prolongé ne viole pas seulement les normes internationales relative au traitement des prisonniers mais elle viole également la loi tunisienne, laquelle autorise l’isolement pour une période maximum de dix jours », note HRW.

Lors de sa conférence de presse à Tunis, M. Goldstein a également fait état de l’engagement, pris par « un haut responsable » du gouvernement tunisien ayant requis l’anonymat, de la conclusion « dans quelques jours » de l’accord permettant au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de visiter les prisons tunisiennes.
Le responsable de HRW a précisé que son organisation avait, elle aussi, reçu la promesse de pouvoir visiter les établissements pénitentiaires. « Il reste à se mettre d’accord sur les modalités », a-t-il ajouté.
Le responsable de l’organisation américaine a vu dans l’annonce de ces mesures « un signe favorable » en vue de mettre un terme à « un des dossiers les plus douloureux en Tunisie ». Ces « mesures encourageantes » tendent à améliorer « les conditions déplorables » qui prévalaient jusqu’ici dans les prisons tunisiennes, a dit M. Goldstein.
Qualifiant de « francs et intéressants » les entretiens que la mission de HRW a eus avec les responsables tunisiens, Eric Goldstein a souhaité que ces engagements soient tenus, soulignant la détermination de son organisation « d’en assurer le suivi » et de continuer à oeuvrer pour « la libération de tous les prisonniers politiques ». « On est encouragé et on va continuer à travailler dans ce sens », a-t-il dit.

Habituellement très critique à l’endroit du pouvoir, la militante des droits de l’Homme, Sihem Ben Sédrine, a, elle aussi, salué ces mesures, en espérant que les ONG tunisiennes, dont la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), puissent elles aussi pouvoir accéder aux prisons.

Source : AP