Accueil > INTERNATIONAL > La cohésion du pouvoir chinois menacée

La cohésion du pouvoir chinois menacée

jeudi 28 avril 2005, par nassim

Après avoir toléré les manifestations anti-japonaises, les autorités chinoises ont décidé d’y mettre un terme. Officiellement, cette décision a été prise au nom de la stabilité des relations avec le Japon. Mais, en réalité, le régime a agi ainsi par crainte de voir le mouvement déborder sur d’autres sujets. Depuis deux jours, les arrestations se succèdent, notamment à Shanghai où 42 personnes sont sous les verrous pour avoir participé à des violences anti-japonaises. Des internautes ont été également arrêtés pour avoir adressé des courriels précisant l’itinéraire et l’horaire d’une manifestation contre le Japon. Visiblement, le régime chinois a compris qu’il a plus à perdre qu’à gagner en laissant des manifestants « troubler l’ordre social ».

Le président Hu Jintao et le Premier ministre Wen Jiabao ont compris que la campagne anti-japonaise mettait la Chine dans une position d’isolement sur la scène internationale. Et qu’elle conduisait forcément à une tension croissante entre le pays et ses trois plus importants partenaires économiques : les Etats-Unis, le Japon et Taiwan. Ils auraient même compris qu’une faction du parti communiste, hostile à leur politique serait à l’origine de la surenchère nationaliste des semaines passées. Il est vrai que le Premier ministre Wen Jiabao ne fait pas partie du clan des durs du régime et pratique une politique d’ouverture à petit pas. Elle commence à porter ses fruits dans les campagnes, où les problèmes sociaux sont les plus urgents. Wen Jiabao a été le premier a reconnaître l’existence du sida en Chine et s’est déplacé pour visiter un hôpital et serrer la main d’un malade, du jamais vu dans ce pays.

Aujourd’hui, un éditorial du quotidien officiel Libération de Shanghai confirme que la théorie du complot est bel et bien prise en compte au sommet de l’Etat chinois. Selon cet éditorial, la vague de protestations anti-japonaises était « une conspiration » pour « saper l’autorité du Parti communiste ». Libération, dont les éditoriaux reflètent le point du vue des dirigeants du Parti communiste de Shanghai, n’a pas voulu identifier les auteurs de la « conspiration » mais a offert deux explications aux lecteurs. Ou bien ce sont des groupes d’opposition au gouvernement qui ont mis le feu aux poudres. Ou bien des dignitaires du parti ont manipulé les manifestants pour marquer des points dans une lutte au sein du pouvoir. Quoi qu’il en soit, cet éditorial confirme que la campagne contre le Japon est perçue aujourd’hui au sommet de l’Etat chinois comme une menace à sa cohésion.

Par Any Bourrier, rfi.fr