Accueil > INTERNATIONAL > La démocratisation du Maroc

La démocratisation du Maroc

lundi 31 octobre 2005, par Kahina

La nécessité de construire une démocratie au Maroc et le devoir de vérité ont été les conclusions d’un colloque international organisé à Paris sur l’affaire de l’assassinat du marocain Mehdi Ben Barka.

Mehdi Ben Barka

Le juriste Henri Leclerc de la Ligue française des droits de l’homme (LDH) a estimé que le devoir de vérité “est important pour la construction de la démocratie au Maroc”. Pour lui, “il n’y a pas de doute, Hassan II a été a l’origine de l’assassinat de Mehdi Ben Barka, mais il faut le dire officiellement”. Le représentant du collectif des associations marocaines des droits humains, M. Mohamed Sabbar, rappelant “les pratiques répressives au Maroc qui ont conduit à environ 50 000 personnes victimes de tortures, assassinées ou forcées à l’exil”, a, de son côté, estimé que “la transition entamée depuis la mort du roi Hassan II reste fragile”.

Sur ce dernier point, l’Omdh, qui a appelé “à une mobilisation du camp progressiste marocain”, a fait valoir que les militants des droits humains ont “un devoir de recherche de la vérité, mais aussi un devoir de vigilance”, notamment vis-à-vis “du risque de banalisation des crimes politiques” au Maroc où les équilibres politiques sont, selon un intervenant, “construits sur un système de répression” conjugué “à un système de récupération de l’opposition.

Le débat a alors ciblé le statut de l’IER, “un appareil makhzénien qui n’a aucune indépendance d’action”, selon nombre d’intervenants, dont les militants du FVJ ou de “La Voix démocratique”. L’IER devrait prochainement publier son rapport sur l’assassinat de Mehdi Ben Barka. Le colloque international a émis des réserves sur la fiabilité de ce rapport. Un membre de l’IER, Abdelaziz Bennani, a soutenu que cette instance est “extra-judiciaire, et n’a donc pas le droit d’enquêter sur les responsabilités personnelles des crimes politiques”. “Elle ne peut pas se substituer à la justice marocaine”, a-t-il dit.

Tous les juristes français et marocains participant à ce débat, dont l’avocat de la famille Ben Barka, Me Maurice Buttin ont souligné que “le problème de fond est précisément le fait que la justice marocaine n’est pas souveraine et ne saurait donc faire aboutir la vérité”.

Le colloque international de Paris a présenté l’affaire Ben Barka comme un cas emblématique de l’assassinat politique dans le monde, amenant le président de la Fédération internationale des droits de l’homme (Fidh), Sidiki Kaba, qui a noté que “l’affaire Ben Barka continuera à secouer notre conscience tant que la vérité ne verra pas le jour”, à souligner que “le combat de Mehdi Ben Barka a d’abord été celui du combat contre l’ordre colonial”.

Synthèse de Kahina
D’après Liberté