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La liberté de la presse au Maroc en question

jeudi 11 janvier 2007, par Bilal

La question de la liberté de la presse au Maroc revient au devant de l’actualité après la fermeture du magazine Nichane qui a publié un article jugé offensant vis-à-vis de l’Islam.

La magazine Nichane interdit de parution au Maroc.

Le 20 décembre, les autorités marocaines ont accusé le rédacteur en chef du magazine Nichane Driss Ksikes et la journaliste Sanaa Al-Aji "d’atteinte à la religion islamique" et "de publication et d’édition d’articles contraires à la morale" aux termes de la Loi sur les Publications de Presse de 2002. La publication a été interdite. Lors de la première séance du procès des deux journalistes, qui a eu lieu le 8 janvier à Casablanca, le procureur du roi a requis une peine de trois à cinq ans de prison, ainsi que l’interdiction d’exercer et une amende.

La Fédération Marocaine des Editeurs de Journaux (FMEJ) a publié une déclaration critiquant "les mesures administratives prises à l’encontre de cet hebdomadaire". La fédération a également appelé au respect de son code d’éthique. "La FMEJ ... prend acte des excuses présentées par la publication et réitère son attachement aux valeurs déontologiques prônées par la charte d’éthique." Dans un communiqué lu à la télévision publique, les journalistes ont déclaré qu’ils n’avaient "pas cherché à offenser nos lecteurs musulmans ... Nous nous excusons, en particulier parce que nous entretenons une relation de grand respect envers nos lecteurs".

Le propriétaire de Nichane, Ahmed Reda Benchemsi, a indiqué au Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) basé à New York que les journalistes du magazine avaient reçu des menaces de mort par téléphone et e-mail depuis que le gouvernement avait fait connaître les chefs accusations. L’article en question, publié le 15 décembre au Maroc, dressait un tableau des blagues sur la religion et la politique, intitulé "Blagues : Comment les Marocains Rient de la Religion, du Sexe et de la Politique". M. Benchemsi a indiqué que certaines de ces blagues parlaient de Dieu, des anges et des prophètes comme des personnes, mais ne se moquaient pas d’eux.

"Je n’ai fait que rapporter aux lecteurs un phénomène que connaît le Maroc au niveau du rire et de l’anecdote. Nous n’avons pas porté de jugement sur la religion, la politique ou la monarchie" a déclaré Al Aji. "Nous sommes consternés par ce réquisitoire insensé. Nous ne voulons pas envisager que le tribunal reprenne à son compte les positions archaïques et ultra répressives du procureur. La justice marocaine avait déjà pris une décision moyen-âgeuse en interdisant au journaliste Ali Lamrabet d’écrire pendant dix ans. Nous n’osons pas imaginer que ce scénario puisse se répéter avec Nichane", a déclaré l’organisation Reporters Sans frontières, basée à Paris.

Synthèse de Billal
D’après Magharebia