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La question migratoire au Maroc

vendredi 18 mars 2005, par nassim

La proclamation de l’Union africaine (UA), favorisée par la Libye, a eu "un effet incitateur" sur les jeunes originaires de l’Afrique subsaharienne pour émigrer vers le Maroc ou l’Algérie, avec souvent l’idée de poursuivre le voyage vers l’Europe, indique une étude publiée mercredi à Rabat.

Intitulée "La question migratoire au Maroc", cette étude décrit l’accélération ces derniers temps de l’émigration subsaharienne vers l’Europe à travers l’Algérie et le Maroc et fait également état du déploiement de réseaux de trafiquants dans les pays de départ, de transit et de destination.

Ce trafic est même devenu "plus rentable et moins risqué" que celui de la drogue, estime le document qui cite, par les autres raisons ayant engendré une telle situation, les mutations et les restructurations des relations internationales. Pour les auteurs de l’étude, ces restructurations des relations au niveau mondial ont réduit l’importance stratégique qui était accordée à l’Afrique et entraîné un désengagement relatif des grandes puissances à l’égard de ce continent. Les pays de l’Union européenne (UE), dans leur élargissement vers l’Est, s’imposent d’autres solidarités, et le bilan de leur politique à l’égard du continent noir demeure médiocre, indique encore le document, publié dans le "Rapport du Social 2004" édité par le Bulletin économique et social du Maroc.

Après avoir estimé que les pays africains ne semblent pas encore appréhender l’enjeu géostratégique de la situation, l’étude rappelle que la recommandation des Nations unies de consacrer 0,7% du produit intérieur brut (PIB) des pays riches à l’aide publique au développement "est resté un voeu pieux". Actuellement, les versements de cette aide représentent en moyenne 0,25%, alors qu’en valeur absolue, la différence entre le montant engagé et la somme effectivement versée se chiffre à 10 milliards de dollars par an.

Cette "carence" de l’aide, ajoute l’étude, est aggravée par un endettement pesant puisque la dette extérieure de l’Afrique subsaharienne a été multipliée par plus de 3,3 fois en 20 ans, passant de 60,6 milliards de dollars en 1980 à 206,1 milliards en 2000. Selon l’étude, la mondialisation médiatique a pris de l’ampleur et contribué à entretenir le désir de partir ailleurs. Autant de facteurs qui ont stimulé une forte propension à émigrer et entraîné une accélération des mouvements migratoires.

La politique des pays de l’UE à l’égard de l’Afrique compte parmi les facteurs qui ont stimulé chez les jeunes Africains une forte propension à émigrer, affirme le document. Il reproche, d’autre part, au Maroc d’avoir adopté une stratégie "répressive" de la migration clandestine, en se conformant aux directives des pays européens. En adoptant cette législation, le Maroc rompt avec la tradition d’accueil qui fut la sienne depuis des siècles, estime le texte. Au total 3.017 clandestins ont été arrêtés en 2002 à Oujda (est du Maroc), contre 2.151 en 2001, tandis qu’à Nador (nord-est) près de 2000 ont été appréhendés en 2002.

Par PANAPRESS