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La volonté réelle de paix et de sécurité ou la spirale des brasiers

mardi 1er mars 2005, par Hassiba

L’intensification des pressions sur la Syrie, le Liban, l’Iran en vue d’une normalisation impérative avec Israël, avant toute reprise ses négociations de paix israélo-palestiniennes et, sans gages de création, à terme, d’un Etat palestinien sur les frontières de 1967, ne mettent pas à mal, simplement, et une nouvelle fois, les règles juridiques internationales applicables à tous les Etats supposés égaux en droits et devoirs, notamment le principe de l’accès à la souveraineté juridique internationale, acquis souvent au prix de luttes terribles contre la colonisation.

Elles pourraient remettre en cause la crédibilité d’un Conseil de sécurité de l’ONU qui n’a jamais appliqué une seule de ses résolutions sur la Palestine. Elles aggravent déjà les tensions au Liban et dans une région dont les peuples, diabolisés, jugés réfractaires à la démocratie, aux valeurs de liberté, par une campagne internationale effrénée depuis 1991, n’aspirent pourtant qu’à leur droit à vivre en paix. Dans leur part d’humanisme pour se construire un avenir en toute liberté. L’exigence d’un retrait syrien du Liban avant fin mars 2005, et bien avant le retrait israélien de Ghaza, l’hypothèse d’une seconde résolution du Conseil de sécurité ouvriront-elles la voie à l’envoi de détachements euro-américains au Liban-Sud et dans le Golan ? Nouvelle étape dans la fragmentation d’un Monde arabe redécoupé en entités ethno-confessionnelles, à défaut d’expulser les Arabes d’Arabie, comme furent chassés, il y a quelques siècles, Juifs et Arabes d’Andalousie ?

Dans son discours stratégique sur les relations transatlantiques, prononcé le 22 février à Bruxelles, le président George Bush a rappelé les grands axes de son « Freedom Agenda », en particulier la réforme du Grand Moyen-Orient. Première mission de cette alliance à laquelle est conviée l’Europe, un remake de la « Grande maison commune » de Vancouver à Bratislava, au nom des valeurs partagées, la réforme du Grand Moyen-Orient. « Notre plus grande occasion, notre but immédiat, c’est la paix au Proche-Orient », a-t-il déclaré en évoquant l’Irak « libre, démocratique », qui « sera un phare de la liberté et une source de vraie stabilité dans la région ». L’Iran, le Liban et la Syrie ont été évidemment à l’ordre du jour.

Dans le cas du dossier du nucléaire iranien, il a été question de l’étude d’un « plan efficace » de dissuasion, soit une panoplie de mesures ou sanctions, comme porter l’affaire devant le Conseil de sécurité, empêcher l’accès de l’Iran à l’OMC, interdire les investissements pétroliers, etc. Si, bien sûr, les déclarations officielles ne mentionnent pas l’exigence faite à Téhéran de reconnaître Israël, d’autres tribunes politiques publiées au même moment éclairent l’un des enjeux de cette question du nucléaire qui vise à garantir la suprématie stratégique d’Israël. « Depuis qu’Israël dispose de l’arme atomique, ce pays n’a jamais fait l’objet d’attaques d’Etats voisins », estime un député socialiste, membre de la Commission française de défense en précisant : « Il nous faut donc poser ce préalable majeur. L’Iran doit impérativement reconnaître l’existence d’Israël et son droit à vivre en paix [...] C’est une condition absolue pour atteindre le statut d’interlocuteur respecté. Certes, l’islam chiite n’a pas l’ambition planétaire du fondamentalisme sunnite. L’Iran doit comprendre qu’il ne pourra jamais jouer un rôle international majeur tant qu’il n’aura pas normalisé son rapport avec Israël. » Dans ce point de vue publié par le Monde, cette même personnalité met en garde contre le danger de « frappes américaines inefficaces pour détruire les sites sensibles » et qui n’aboutiraient qu’à « rassembler le peuple iranien derrière la fraction la plus dure du régime, qui ne manquerait pas, par mesures de rétention et grâce à ses relais dans la région, de rendre définitivement insoluble la situation irakienne et de raviver les tensions en Palestine et au Liban, susceptibles de bloquer un nouveau processus de paix déjà fragile ».

Autre document révélateur, « le manifeste », cette fois de la Brooking Institution, élaboré par un groupe d’experts européens et américains demandant aux Européens d’imposer des sanctions unilatérales, quitte à passer outre « un veto chinois et russe ». Tout aussi significative, leur demande d’un accord euro-américain sur la Cour pénale internationale permettant l’octroi d’une immunité aux troupes américaines. Ces débats révèlent la teneur, fût-elle partielle, des convergences d’intérêts, et surtout les orientations de cercles de réflexion qui confortent étrangement les théoriciens de la « guerre des civilisations », au nom d’une mission civilisatrice dévolue à la puissance occidentale, chargée de conduire le monde par la contrainte et la force vers le progrès. S’agissant du Liban, les Etats-Unis et l’Union européenne ont appelé, mardi 22 février, au retrait « immédiat » de la Syrie.

Divergences libanaises et consensus national

L’arrivée à Beyrouth, vendredi 25 février, d’une mission d’enquête de l’ONU dépêchée par Kofi Annan, et la visite, le lendemain, du sous-secrétaire d’Etat adjoint américain, David Satterfield, à la veille du débat de politique générale au Parlement libanais prévu le 28 février, deux semaines après l’assassinat de Rafik Hariri, ont donc ponctué l’actualité d’un Liban sommé de chasser les soldats arabes, en l’occurrence syriens. Un paradoxe qui ne l’est qu’en apparence, quand il y a moins d’un an, les Etats-Unis demandaient aux pays arabes l’envoi de troupes pour réprimer la résistance irakienne. Plus que les manifestations opposant partisans et adversaires de la résolution du Conseil de sécurité qui protestent contre « l’ingérence franco-américaine dans les affaires du Liban », et la visite de M. Satterfield qualifié par eux de « Paul Bremer du Liban », le débat parlementaire sur la mort de Hariri, réclamé par 37 députés, s’avère d’une importance cruciale, par ses conséquences éventuelles dans un tel contexte régional et international.

Le Premier ministre Omar Karamé s’est déjà dit disposé à démissionner si le Parlement l’exige. « Je suis prêt à démissionner à condition que nous soyons d’accord sur un nouveau gouvernement afin d’éviter de tomber dans un vide institutionnel », a-t-il en effet affirmé au journal An Nahar. Mais M. Karamé, qui dispose pourtant d’une majorité, demande un vote de confiance du Parlement. « Si le résultat est une motion de défiance, nous sommes prêts et nous nous plierons à la volonté des députés. » Le gouvernement peut tomber, en cas de démission de Karamé, si un tiers des 30 ministres démissionnent ou s’il n’obtient pas la confiance du Parlement. La majorité de la classe politique libanaise reste non seulement attachée à l’unité du Liban, elle est aussi éloignée de ces discours anti-syriens délibérément sur-représentés dans les comptes-rendus médiatiques. Le « manifeste de Beyrouth », publié par l’opposition en 2004, explique : « Nous sommes solidaires de la Syrie, mais cette solidarité ne peut se faire tant que le Liban n’est pas reconnu. Nous voulons parvenir à un compromis historique avec la Syrie. Nous voulons dire à nos frères palestiniens que nous avons définitivement tourné la page de la guerre dont nous avons tous été victimes. Seul un Liban indépendant et souverain peut les aider à obtenir la reconnaissance de leurs droits nationaux, facteur essentiel de stabilité pour le Liban. » Rappelant qu’ils se sont opposés à la guerre en Irak, « nous refusons, précisent-ils, toute tutelle extérieure qui s’exercerait au nom des valeurs de la démocratie et des principes des droits de l’Homme ».Dès l’assassinat de Rafik Hariri, un certain nombre de partis plus ou moins représentatifs ont tenté de s’allier dans une coordination menée par Walid Jumblaat, chef du Parti socialiste progressiste. On y retrouve, notamment, le Bloc national libanais (BNL) de Carlos Eddé, le Courant national libre du général Michel Aoun, exilé en France, le Parti national libéral (PNL) de l’ancien président Camille Chamoun, qui a provoqué la guerre civile en refusant de céder le pouvoir, le Parti de la gauche démocratique d’Elias Attallah, et le Kornet Chehouane. Autrement dit, une certaine frange de la droite libanaise alliée durant la guerre de 1975-1990 à Israël. Toutefois, l’opposition qui se targue de 42 députés sur les 127 de l’Assemblée est sans étiquette.

Parmi eux, Samir Frangié reconnaît, dans une interview au Monde, que « l’opposition n’a pas lancé le mouvement, elle l’a ensuite un peu canalisé ». Dans ce mouvement « politique et populaire », explique-t-il, « il y a deux grands absents : le Hezbollah et Amal, les deux grands partis chiites. Le message que l’opposition adresse à la communauté chiite est double : primo, la reconstitution du Liban ne saurait se faire si l’une des principales communautés religieuses, la leur, est exclue. Secundo, sans la libération du Liban de l’occupation israélienne, nous ne serions pas en mesure, aujourd’hui, de poser le problème du recouvrement de notre souveraineté nationale et de notre indépendance. Sans le savoir, les chiites sont donc partie prenante de notre mouvement. »Et d’ajouter : « Dès le début de notre mouvement, nous nous sommes nettement démarqués de la position américaine qui considère que le Hezbollah est un mouvement terroriste. Nous avons clairement dit que nous voulons protéger la résistance -à Israël, dont le Hezbollah est le fer de lance- et que nous nous opposons à toute tentative de la prendre pour cible. Nous disons simplement que le Liban ne peut plus être gouverné par la Syrie, et nous invitons le Hezbollah à collaborer avec nous pour définir les bases sur lesquelles ce pays doit être rebâti. »

Pour l’ancien Premier ministre Selim Hoss, l’assassinat de Rafik Hariri, « dirigé contre le Liban et la Syrie, s’inscrit dans le cadre d’un plan visant à redéfinir la carte du Proche-Orient ». Citant une étude mise en place en 1996 par le vice-président américain, Dick Cheney, intitulée « Clean Break », M. Hoss a déclaré que « ce plan vise à fragmenter le Proche-Orient, à commencer par l’Irak, en passant par la Syrie, le Liban et enfin l’Iran. D’où la nécessité pour les Libanais de se préserver des velléités de division en consolidant leur unité ». M. Hoss a proposé, selon l’Orient le Jour, « un plan précis en plusieurs points, notamment l’application des accords de Taëf et le redéploiement des forces syriennes vers la Bekaa, jusqu’à ce qu’une entente soit trouvée entre les deux pays sur le nombre de soldats qui doivent être maintenus, la nature des rapports qu’ils doivent entretenir avec les institutions libanaises sur leur lieu de déploiement et la durée de leur présence qui peut être prorogée tant que la guerre avec Israël persistera ». La demande de démission du gouvernement, formulée par l’opposition, selon lui, « n’est pas chose facile », la mission de l’Exécutif n’étant pas « d’effectuer les élections, mais de les superviser. L’administration qui gère le scrutin ne dépend pas du gouvernement, mais d’autres courants qui dépendent, à leur tour, d’autres personnes ».

De son côté, Mohammed Raad, chef du groupe des 12 députés du Hezbollah, dénonce la résolution et met en cause Israël dans l’attentat contre Rafik Hariri. « Tous les Libanais sont aujourd’hui inquiets et leur inquiétude est vive parce qu’il y a des divergences entre eux. Ceux qui ont participé à l’élaboration de la résolution 1559 ont participé à la montée de cette inquiétude. Cette résolution suscite beaucoup de violence au Liban. Ceux qui l’ont fait adopter ne cherchent pas à régler le problème comme il devrait l’être mais à faire prévaloir leurs intérêts au Liban. Et la France joue un rôle très important. Nous lui conseillons de réévaluer sa position sur la situation. Il y a un an et demi, la position française se différenciait de la position américaine. Et le président Chirac avait alors déclaré que la présence syrienne était nécessaire jusqu’à ce qu’on arrive à la paix au Moyen-Orient. Le gouvernement que présidait alors Hariri avait dit qu’elle était légale, temporaire et nécessaire. Le timing de cette présence ne peut être déterminé que par les présidents syrien et libanais. Or, les personnes qui veulent décider de ce timing sont les mêmes que celles qui avaient refusé les accords de Taëf », a-t-il déclaré au journal Libération.En outre, il estime que c’est la « détermination de Hariri à se distinguer de l’opposition qui lui a coûté la vie. Avant sa mort, il avait déclaré que les accords de Taëf servaient de base pour traiter tous les problèmes. Certains comme Walid Joumblaat avaient même demandé deux jours avant sa mort qu’il proclame quel était son camp. Nous ne pouvons donc écarter la thèse qu’Israël ait perpétré l’attentat car la stabilité du Liban ne sert pas ses intérêts. Les intérêts israéliens étaient menacés par Hariri, qui avait développé tous ses efforts pour que le Hezbollah ne soit pas considéré comme un parti terroriste en Europe. Quelques jours avant sa mort, il se montrait encore très content de cela ».

L’évolution pourrait donc dépendre en partie de la position adoptée par le camp Hariri, autrement dit sunnite, affaibli par la perte de son chef, alors que Jumblaat lance un appel aux chiites. La tendance la plus radicale contre la Syrie s’est exprimée en la voix du général Aoun, représentant de la droite chrétienne et ex-Premier ministre. « Je suis pour l’application de la résolution 1559 et le retrait immédiat de toutes les forces syriennes du Liban. Il faut que les étapes soient très courtes et qu’elles quittent le Liban avant les élections législatives », a-t-il exigé, et surtout du groupe Kornet Chehouane, que certains Libanais jugent carrément « raciste ».

Le dossier israélo-syrien

Le 30 octobre 1991, s’ouvraient à Madrid, dans le cadre de la conférence israélo-arabe, les premières discussions syro-palestiniennes portant sur 4 points, la restitution du Golan, les arrangements de sécurité, la normalisation et l’agenda d’application. En 1994, Itzak Rabin déclare être prêt sous conditions au retrait total du Plateau. « Le caractère de cet engagement, donné sous le sceau du secret et conditionnel -le retrait dépend de la résolution de tous les autres problèmes en suspens-, sera divulgué en 1996, après l’élection de M. Benyamin Nétanyahu. Il a, depuis, été contesté par différents responsables israéliens et a donné lieu à une abondante littérature mais son authenticité ne fait pas de doute. Dès lors, la position de Damas ne variera plus : les négociations entre les deux pays, suspendues depuis mars 1996, doivent reprendre là où elles s’étaient arrêtées, et Israël doit s’engager à se retirer sur les lignes du 4 juin 1967 », écrit Alain Gresh en ajoutant : « Le président Assad a annoncé à Mme Madeleine Albright, la secrétaire d’Etat américaine en visite à Damas le 7 décembre 1999, que son pays allait reprendre les négociations là où elles s’étaient arrêtées -formulation retenue par le président William Clinton, le 8 décembre 1999, quand il annonça la relance des pourparlers entre les deux ennemis. »

S’agissant de sécurité, Itzhak Rabin, selon A. Gresh, « aurait formulé deux exigences majeures : une restructuration et un redéploiement des forces armées syriennes -diminution des effectifs, contrôle des armements, etc.- et le maintien sous contrôle israélien de la station d’écoute installée sur le mont Hermon, qui permet de saisir jusqu’aux conversations téléphoniques à Damas. Ces revendications étaient inacceptables pour la Syrie -elles revenaient, par exemple, à désarmer tout le territoire entre sa frontière et la capitale-qui y voyait une atteinte à sa souveraineté ».

Du Liban, « en 1994, Israël et la Syrie avaient décidé qu’un traité de paix serait signé entre l’Etat juif et le Liban dans les neuf mois qui suivraient leur entente. Les points de friction sont peu nombreux, même s’il faut décider de l’avenir des membres de l’Armée du Liban-Sud, la milice supplétive de l’armée israélienne, et même si Beyrouth souhaite régler le sort des 400 000 réfugiés palestiniens et Tel-Aviv modifier légèrement le tracé de la frontière ».La suite est connue, sous le gouvernement d’Ehud Barak, le Liban-Sud est évacué en 2000, mais pas le Golan, question devant être soumise à référendum, alors que le volet libanais était supposé évoluer parallèlement à un traité avec Damas. Ni les négociations avec la Syrie ni celles avec Arafat n’ont abouti, les accords d’Oslo étant définitivement enterrés par Ariel Sharon et les mêmes acteurs qui avaient fait miroiter un Etat palestinien en 1999. En guise d’application de résolutions internationales, les Palestiniens doivent se contenter d’un retrait de Ghaza en 2005 au lieu et place de cet Etat, et les promoteurs de la normalisation de tous les pays arabes avec Israël l’exigent en préalable à toute reprise des négociations de fond israélo-palestiniennes, tout en soumettant la Syrie et le Liban aux injonctions de nouveaux desiderata.

La Palestine, conférence pour les réformes ou pour un Etat ?

« Il y a un changement très net dans la position des Etats-Unis. Ils ont intérêt, en ce moment, à ce qu’il y ait une solution au Proche-Orient. George Bush veut même réintroduire les Européens dans le jeu, ce qui n’est pas du tout bien vu en Israël. C’est une sorte de cadeau qu’il est prêt à leur faire pour qu’ils s’impliquent davantage dans l’affaire irakienne », estime Elias Sanbar.Pour l’intellectuel palestinien, les Etats-Unis « ont le sentiment d’avoir gagné en Irak, d’avoir réussi les élections afghanes, irakiennes et palestiniennes. Ils viennent aussi de réussir leur réconciliation avec l’Union européenne et ils sont sur le point de réussir un coup contre la Syrie au Liban.

Il faut ajouter à cela la bataille présidentielle que George W. Bush a gagnée et les changements qui ont suivi dans son entourage : Rumsfeld est pratiquement hors jeu et c’est Condoleezza Rice qui tient tout. Elle n’est ni mieux ni pire, mais elle travaille autrement. Par exemple, c’est sur son injonction personnelle que le gouvernement israélien a dû renoncer à appliquer à Jérusalem-Est la loi sur les biens des absents, qui lui aurait permis de confisquer les propriétés de milliers de Palestiniens. Elle a compris que c’était là une véritable bombe prête à exploser ».Les 1er et 2 mars, une conférence sur les réformes palestiniennes se tiendra à Londres. Le quartette -les Etats-Unis, les Nations unies, l’Union européenne, la Russie- les pays membres du G8 et d’autres ont annoncé leur participation. Objectif ? « Aider le peuple palestinien et l’Autorité nationale palestinienne à mener à bien les réformes politiques et économiques de leur société ». Si l’aide financière aux Palestiniens ne peut être que justice, la multiplication des conditionnalités imposées aux Palestiniens en contrepartie d’une promesse de libération de l’occupation constitue une dangereuse dérive du droit international.

« Après 57 ans d’occupation, comment peut-on parler de recul temporaire ? Avec Oslo, l’OLP avait déjà renoncé à la Palestine historique pour n’en revendiquer que 22%, et actuellement si on accepte ’’la feuille de route’’ et l’Etat palestinien temporaire de George Bush, on n’en aura plus que 9%.Depuis Oslo, c’est un processus de recul généralisé et permanent, un processus de recul systématique, déclaré et méthodique », dénonce l’Initiative nationale palestinienne qui rappelle que « la feuille de route » ne comporte, dans sa première phase, que des négociations sécuritaires. « Nous nous sommes pratiquement engagés dans la vision israélo-américaine pour la résolution du conflit. On parle d’un plan de désengagement israélien de Ghaza et de certaines zones de Cisjordanie. Sur la base de cette initiative unilatérale, il va y avoir une pression internationale sur l’Autorité palestinienne pour qu’elle accepte ces retraits comme solution définitive. Le 9% de la Palestine correspondront alors à Ghaza et les enclaves de Cisjordanie contenues dans le mur ».Dans « la feuille de route », explique ce mouvement, « les négociations ne peuvent avoir lieu seulement lorsque les Palestiniens auront appliqué la partie qui leur incombe, c’est-à-dire assurer les aspects sécuritaires, démanteler les organisations armées, cesser la ‘‘violence’’, etc., tout cela, alors qu’Israël, qui est censé geler la colonisation, poursuit l’expansion des colonies en Cisjordanie derrière le mur ». Et d’en conclure que « la focalisation étroite d’Israël sur la sécurité, aux dépens des questions clés, s’est toujours avérée être la voie de l’échec et du désastre. Elle pousse l’Autorité palestinienne dans un recoin en la forçant à devenir une sous-traitante de l’occupation, une police d’Etat contre son peuple ».

Pour Mustapha Barghouti, candidat aux présidentielles de janvier dernier, la justice minimale pour les Palestiniens consiste en « un Etat palestinien souverain avec Jérusalem-Est pour capitale, la ligne verte comme frontière, le démantèlement des colonies et du mur de séparation et une solution réaliste pour le problème des réfugiés. Le soutien palestinien au processus de paix dépendra de l’idée que cette vision a apparemment des chances de se réaliser dans un délai raisonnable. Si achever le mur de séparation est ce que Sharon veut dire par ‘‘fin de l’occupation’’, et si le découpage de la Cisjordanie en zones isolées est ce qui serait désigné pompeusement ‘‘Etat Palestinien’’, alors ce serait inévitablement le début d’une nouvelle ère de conflits dévastateurs qui pourraient facilement déborder en une guerre régionale ».

Par Chabha Bouslimani, la tribune-online.com